Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Philippe Couillard vante les réformes de Gaétan Barrette, mais ne lui garantit pas le ministère de la Santé

«Je ne forme pas de conseil des ministres pendant une campagne électorale.»

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n'aura pas un autre mandat garanti si le gouvernement libéral est réélu cet automne.

En entrevue avec l'animateur Paul Arcand, lundi matin, le premier ministre Philippe Couillard est resté prudent lorsqu'on lui a demandé si son controversé ministre pourrait piloter le ministère de la Santé de nouveau.

«Je ne forme pas de conseil des ministres pendant une campagne électorale», s'est défendu M. Couillard, qui était dans les studios du 98,5 FM pour l'occasion. La journaliste Martine Biron de Radio-Canada rapporte que certains caquistes rêvent déjà à leur limousine.

Quelques instants auparavant, M. Arcand lui avait fait écouter une publicité libérale de la campagne de 2003. On pouvait entendre Jean Charest décrier: «Jamais j'aurais imaginé qu'on aurait un système de santé où les malades sont moins importants que les piastres!»

On a quelqu'un de très fort [à la Santé] actuellement.

«Dans 20 ans, M. Arcand, nos successeurs respectifs vont être ici en train de débattre des enjeux du système de santé», a répliqué M. Couillard, accusé d'avoir mis à mal les services publics en raison de l'austérité – ou la rigueur budgétaire.

Balayant du revers de la main les récentes critiques de la vérificatrice générale, le premier ministre a vanté le bilan du ministre Barrette en santé. Plus d'un million de personnes de plus ont accès à un médecin de famille et la presque totalité des patients en chirurgie a été opérée dans les délais, dit-il. «Je n'aurais jamais cru ça possible.»

«On a quelqu'un de très fort [à la Santé] actuellement. Outre les éléments périphériques – la façon dont [M. Barrette] fait les choses, son ton, etc. – il faudrait que les gens apprécient les progrès dans le système de santé. Est-ce que tout est parfait? Loin de là. Mais on est sur la bonne voie.»

Le mois dernier, M. Barrette s'était dit prêt à délaisser son poste, voire à siéger comme simple député, si le premier ministre le lui demandait dans un autre mandat.

Voici d'autres faits saillants de l'entrevue de M. Couillard sur les ondes du 98,5 FM :

La francisation des immigrants passe par le travail

M. Couillard soutient que la francisation des immigrants, aussi critiquée par la vérificatrice générale, n'est pas un «échec radical». Il admet néanmoins que le fait d'obliger un nouvel arrivant à apprendre le français en classe seulement n'est pas l'idéal.

«Si on prend un adulte qui arrive d'un autre pays, qui se retrouve dans un endroit très, très différent de son pays d'origine, qui a très peu de contacts sociaux puis qu'on le met dans une salle de classe, ça va être difficile. Je ne dis pas que c'est impossible, mais ça va être difficile.»

À son avis, il faut «accentuer» le virage vers la francisation en milieu de travail et ainsi combler les besoins des employeurs en région. Il a donné l'exemple de Momentum Technologies Inc. à Québec, où 75% de la main d'œuvre est constituée d'immigrants qui parlent très bien français.

Le constat est tout autre pour les enfants, qui apprennent rapidement à parler français à l'école, mentionne M. Couillard.

Il y a eu un «ralentissement» en éducation

L'austérité – ou la rigueur budgétaire – du gouvernement en début de mandat a eu des conséquences bien réelles sur les services offerts aux enfants dans les écoles.

Dans les faits, le budget en éducation n'a pas diminué, mais l'augmentation n'a pas été aussi importante que prévu. Le premier ministre a admis du bout des lèvres avoir «réduit l'accélération pendant deux ans», mais que les compressions n'étaient pas de son ressort.

«Il y a eu un ralentissement, a reconnu M. Couillard. Mais les choix ont été faits par les commissions scolaires. Il est possible qu'il y ait eu des services qui ont été diminués pendant moins de deux ans. Maintenant, il n'y a personne qui a été mis à la porte, je regrette.»

«Si on n'avait pas rétabli la santé des finances publiques, on aurait été tout le temps dans une instabilité catastrophique de financement pour l'éducation. On est capables de leur dire, pour les prochaines années, à moins qu'il y ait une récession mondiale, qu'on garantit l'augmentation annuelle minimalement de 3,5%.»

Il y a «d'autres priorités» que la gratuité scolaire

Alors que le Parti québécois propose la gratuité scolaire pour les étudiants des cégeps et des universités dont les parents gagnent moins du salaire médian au Québec, le chef libéral dit qu'il «faut être prudent avec ça».

Il avance que le Québec a déjà le programme de prêts et bourses le plus généreux au Canada. Les personnes à faible revenu – comme celles visées par la promesse du PQ - paient déjà moins cher pour leur scolarité.

Maintenant, tous les pays qui ont la gratuité universitaire ont en même temps une limitation d'accès. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Si vous faites la gratuité universitaire sans limites d'accès, ça s'écroule.Philippe Couillard

«Au Québec, on a un très bon accès aux études universitaires, y compris dans nos régions. C'est une grande chose et on a de loin les frais de scolarité les plus bas au Canada. Je pense qu'il y a d'autres priorités que ça.»

Des amendes pour les plants de «pot» chez soi

Le projet de loi d'Ottawa sur la légalisation du cannabis permet jusqu'à quatre plants chez soi, mais le projet de loi de Québec ne le permet pas. Comment cette situation va-t-elle s'articuler concrètement?

Vu que le fédéral gère le Code criminel, les contrevenants n'iraient pas en prison, a expliqué M. Couillard. Par contre, ils pourraient avoir des sanctions reliées aux juridictions québécoises – comme des sanctions pénales ou encore des amendes.

Il dit que la tournée de sa ministre Lucie Charlebois, qui pilote le dossier du cannabis, a prouvé que les Québécois avaient de multiples préoccupations sur la légalisation imminente de la drogue. «C'est comme s'il y avait un énorme enthousiasme pour le cannabis au Québec. Mais ce n'est pas du tout, du tout ce que j'entends», dit-il.

«Je ne transformerai pas ça en party, cette affaire-là. On va y aller correctement, prudemment, et selon les données scientifiques.»

Il a «entièrement confiance» en Dominique Anglade

M. Couillard a rejeté les informations du chroniqueur Bernard Drainville voulant que sa vice-première ministre, Dominique Anglade, lui joue dans le dos pour lui succéder comme chef du Parti libéral du Québec.

«Vous savez, je parle à Dominique à tous les jours et j'ai entièrement confiance en elle», a soutenu M. Couillard, ajoutant qu'il y avait des allégations semblables à son sujet lorsqu'il était le ministre de la Santé de Jean Charest.

Photo d'archives de Dominique Anglade.
Newzulu
Photo d'archives de Dominique Anglade.

Son président de campagne, l'homme d'affaires Alexandre Taillefer, ne cache pas non plus son intérêt pour le poste de chef. «Regardez-vous derrière votre dos pour voir s'il y a quelqu'un qui vous court après?» a demandé M. Arcand, pendant l'émission.

«Ça se peut-tu qu'il y ait un animateur derrière votre dos qui regarde votre fauteuil aussi, M. Arcand?» a répliqué M. Couillard.

«Qu'il y ait des gens autour de moi qui aient des ambitions, c'est parfait. La seule affaire, dans un groupe politique, l'ambition personnelle doit être canalisée dans le succès collectif», a-t-il dit en conclusion.

📣 NOUVEAUTÉ

Vous ne voulez rien manquer de la campagne électorale à venir?

«Québec 2018: les élections provinciales»!

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.