ENVIRONNEMENT - Quand on devient parent, on se pose des questions sur mille et une choses. Et si l'on est écolo, une se rajoute: faut-il remplacer les couches jetables par des lavables, pour le bien de l'environnement? Un débat qui existe depuis plusieurs années et difficile à trancher.
Plutôt que de s'y risquer, trois start-ups spécialisées dans le recyclage, dont deux françaises, ont plutôt eu l'idée d'une couche jetable entièrement biodégradable, compostable. Et surtout, compostée.
Les sociétés Alchimistes, Mundao et Dycle (société allemande) viennent d'être récompensées pour ce projet par un chèque de 300.000 euros. Celui-ci a été décerné ce samedi 26 mai par la fondation française Famae, dans le cadre d'un concours d'invention visant à améliorer le recyclage et la réduction des déchets.
Biodégradables, mais pas dégradées
Les trois équipes sont parties du constat suivant: la majorité des couches jetées représentent un nombre important de déchets, qui pourraient être réutilisés pour faire de l'engrais. Sauf que dans la plupart des modèles vendus en grande surface, il y a des éléments non recyclables, comme du plastique.
La société Dycle a ainsi créé une couche 100% biodégradable. Ce n'est pas la seule, quelques marques existent pour les parents soucieux de l'environnement. Mais il y a un problème. Si les couches sont jetées à la poubelles, elles finissent, comme les déchets, incinérées. Inutile donc d'acheter des couches biodégradables dans ce cas de figure.
Dans l'idéal, il faudrait que les couches soient placées dans un composteur. Sauf que cela demande du temps et de l'organisation. Dycle a testé cela, mais à une échelle artisanale. De plus, il faudrait être certain que dans le compost créé, aucun produit chimique, ou résidus de médicaments donnés aux enfants, ne soient présents en quantité problématique.
Analyser le résultat
C'est sur cela que se concentre plus spécifiquement la société Alchimiste ces derniers temps. Elle commence par séparer les éléments biodégradables de couches classiques, puis les composte. Le résultat est ensuite analysé pour vérifier s'il n'y a pas de risque de polluer les sols.
Car même pour les couches biodégradables, il est difficile de se passer des polymères superabsorbants, les petits cristaux qui absorbent l'urine. Reste à savoir s'ils sont nocifs pour l'environnement. "Ce qui est loin d'être certain, car des composés similaires sont justement utilisés en agriculture", précise Alexandre Guilluy, cofondateur des Alchimistes.
Etape suivante pour une couche entièrement zéro déchet: mettre en place un circuit de collecte. Le plus simple serait de passer par les crèches, qui jettent la majorité des couches. Sur ce domaine, la start-up Mundao est bien avancée, notamment dans des expérimentations locales en Haute-Gironde.
A terme, les trois sociétés espèrent être fixées d'ici 6 à 9 mois sur la capacité de production de couches possible, la pertinence du compostage et d'un circuit de collecte. Le but sera ensuite, dans les trois ans, de fabriquer de manière industrielle une couche 100% compostable, mais surtout compostée.
D'ici là, il faudra également avoir réussi à influencer les parlementaires pour faire changer la loi française, qui interdit pour le moment de composter les matières fécales humaines, en dehors d'expérimentations.
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