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Les électrochocs doivent être abolis au Québec, réclament plusieurs groupes

Un rassemblement contre les électrochocs aura lieu samedi à Montréal et ailleurs dans le monde.
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Le 12 rassemblement d'opposition aux électrochocs se tiendra à Montréal samedi le 12 mai. Plusieurs intervenants, comme l'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec, prendront la parole afin de s'opposer à ce traitement médical controversé au cours de cet événement qui aura également lieu à Toronto, Séoul, Stockholm et Cork.

Les électrochocs, un traitement méconnu

Les électrochocs, aussi connus sous le nom d'électroconvulsivothérapie, consistent à envoyer au cerveau un courant électrique visant à le stimuler. En 2002, un rapport intitulé «L'utilisation des électrochocs au Québec» commandé par le ministère de la Santé et des Services sociaux jugeait que ce procédé médical constituait «une forme de traitement approprié dans le cas de certaines formes graves de dépression.»

Depuis le milieu des années 1950, l'administration d'électrochocs se fait sous anesthésie. Le porte parole du comité Pare-Chocs, un groupe qui vise à «constituer un mouvement de lutte pour l'abolition des électrochocs au Québec», Ghislain Goulet, rappelle que par le passé, avant que cette méthode soit révisée, il arrivait notamment que les patients recevant le traitement subissent des fractures.

Les personnes susceptibles de se voir proposer cette méthode sont les personnes souffrant de dépression majeure sévère, de certaines formes de bipolarité, de catatonie ou de schizophrénie ou qui sont résistantes à d'autres formes de traitement comme les antidépresseurs et la psychothérapie. Un formulaire de consentement doit être rempli avant le lancement de la procédure.

Dans une lettre d'opinion publiée en 2015, le chef médical du programme de déficience intellectuelle avec comorbidité psychiatrique à l'Institut Douglas, David Bloom, précisait que l'électroconvulsivothérapie était «une solution de dernier recours pour les patients dont le mal de vivre est réfractaire à tous les types de médicaments qui traitent la dépression sévère et autres troubles de nature psychiatrique.»

L'électroconvulsivothérapie au Québec

Selon le comité Pare-Chocs, la proportion d'électrochoc par tranche de 1000 habitants dans le Centre du Québec était de 5,8 en 2017, ce qui est bien au-delà de la moyenne provinciale, qui se situe à 1,4.

Le collectif Action Autonomie, qui lutte pour la défense des droits en santé mentale à Montréal et qui est à l'origine de la fondation du comité Pare-Chocs, note que «6 établissements administraient 52% des électrochocs au Québec en 2017». Le centre universitaire en santé mentale de Montréal a administré 1582 des 11 045 électrochocs prodigués en 2017 au Québec.

Selon la responsable des relations de presse du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec Noémie Vanheuverzwijn, ce sont moins de 1000 personne qui ont recours à l'électroconvulsivothérapie chaque année au Québec, ce qui en ferait la province où cette procédure est la moins appliquée.

D'après des statistiques compilées par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), 66% des personnes ayant reçu des électrochocs en 2017 étaient des femmes. De ce nombre, 32% étaient âgées de 65 ans et plus et 0,7% étaient âgées de 19 ans et moins.

Concernant la proportion plus élevée de femmes à recevoir des électrochocs, le docteur David Bloom souligne que les femmes sont plus à risque de souffrir de dépression majeure et donc d'avoir recours à ce traitement.

Contre les électrochocs

«On soutient que les électrochocs devraient être abolis parce que ce n'est pas efficace et que c'est dangereux. Ça cause un sérieux problème à la mémoire et ça peut endommager le cerveau. Il y a très peu de recherches qui sont faites pour réellement connaître les impacts à moyen et long terme des électrochocs», souligne le porte-parole du comité Pare-Chocs, Ghislain Goulet.

M. Goulet, précise que son groupe s'oppose aux électrochocs depuis de nombreuses années, sans qu'il ne soit réellement écouté par le ministère de la Santé et des Services sociaux: «Ça fait plus de 10 ans qu'on est en contact avec le ministère de la santé et des services sociaux. Généralement, on n'a pas de réponse. Les premières années, il nous répondait pas. Le ministre Barrette n'a jamais accusé réception de nos lettres.»

Le porte-parole du comité Pare-Chocs souligne que selon des témoignages de personnes ayant reçu des électrochocs, celles-ci auraient eu davantage de difficulté à socialiser après le traitement.

Quelles répercussions?

Dans le formulaire de consentement que doivent remplir les patients avant de se soumettre à l'électroconvulsivothérapie, il est indiqué que la procédure peut provoquer de la confusion, des maux de tête, des courbatures ou raideurs musculaires, des nausées et des troubles de mémoire «généralement reliés au nombre et au type de traitements reçus».

Le document stipule que «ces troubles disparaissent habituellement dans les jours ou les mois suivant le traitement par électroconvulsivothérapie» et «qu'il est possible que certains souvenirs soient définitivement effacés.»

Il est également indiqué que de rares complications, comme la dislocation ou fracture d'un os, la complication dentaire ou un rythme cardiaque irrégulier peuvent survenir.

Le docteur David Bloom précise que si on peut mourir à la suite d'une telle procédure, cela est dû à l'anesthésie générale qui est appliquée et non à la méthode en tant que telle. «Le taux de décès est semblable à celui des gens qui subissent une chirurgie», indique-t-il. Il estime le taux de mortalité à la suite d'électrochocs à environ 2 sur 100 000.

Le docteur estime entre 70 et 90% les chances que l'électroconvulsivothérapie ait un impact positif sur un patient souffrant de dépression majeure. Cette méthode serait ainsi potentiellement plus efficace que les antidépresseurs, dont M. Bloom estime le taux de réussite à environ 70%.

Le rassemblement contre les électrochocs aura lieu à la place Émilie-Gamelin à 11h le 12 mai.

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