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Marie-Mai se réapproprie son image

«J’ai monté maintenant je descends, j’ai déjà perdu trop de temps, à me regarder partir, à ne plus m’appartenir», chante-t-elle dans sa nouvelle pièce.

Marie-Mai n'animera pas le spectacle de la Fête nationale à Québec, le 23 juin prochain, comme elle l'a fait dans les deux dernières années. Les prochains mois, l'artiste de 33 ans les consacrera à peaufiner son sixième album, qui paraîtra le 28 septembre prochain, quatre ans après la sortie de M, son dernier-né musical.

L'opus à venir ne porte pas encore de titre officiel, mais une première pièce, Empire, a déjà été acheminée aux radios et est disponible pour téléchargement. Le 15 février 2019, jour de l'anniversaire de deux ans de sa petite Gisèle, Marie-Mai offrira un 13 concert en carrière au Centre Bell et, quelques jours plus tard, le 2 mars, elle ira faire trembler les murs du Centre Vidéotron, à Québec. Il y aura peut-être une tournée ensuite, mais rien n'a encore été officialisé à cet égard.

Le tout, sous le parrainage plus qu'enthousiaste de sa maison de disque, Spectra (Jean Leloup, Michel Rivard, Patrice Michaud, Philippe Brach, Vincent Vallières, Richard Séguin, etc), et de son producteur de spectacles, evenko, ses nouveaux alliés après la fin de son contrat avec Productions J. De son «ancienne vie», Marie-Mai a notamment emmené avec elle sa gérante, Shannie Ladouceur, et son attaché de presse, Junior Bombardier.

«ENFIIIN!», s'est exclamée une Marie-Mai aussi heureuse que sereine, de noir et de jaune vêtue, devant un parterre rempli de micros et caméras, au Centre Bell, mardi avant-midi.

Ce retour, l'abonnée aux palmarès et aux Félix le mijotait depuis environ deux ans, mais un petit bonheur nommé Gisèle a bien sûr repoussé de quelques mois sa réapparition sous les projecteurs. Dans la foulée de sa réorientation professionnelle, Marie-Mai a également dû rebâtir son entourage et effectuer des choix importants. Son congé de maternité terminé, ses nouvelles collaborations professionnelles maintenant bien en selle, la guerrière est aujourd'hui fin prête à aller de l'avant.

Quand on fait tout le temps des grosses affaires, des gros shows, des grosses tunes, à un moment donné, tu deviens un peu la perception que les gens ont envie de voir.

«Il y a eu des moments où j'étais toute seule dans mon bateau, où je me demandais si j'avais fait la bonne affaire, a avoué l'auteure-compositrice-interprète en entrevue avec le HuffPost Québec. Il y a toutes les remises en question qui sont nécessaires, pour se sentir vulnérable, mais en même temps, plus grande. J'ai gagné beaucoup en lucidité depuis les deux dernières années, mais je me sens à la bonne place. Ça s'est fait tranquillement, organiquement. Il n'y a rien qui était forcé.»

«Je pense que je voulais me réapproprier mon image, qui je suis, a ajouté Marie-Mai. Quand on fait tout le temps des grosses affaires, des gros shows, des grosses tunes, à un moment donné, tu deviens un peu la perception que les gens ont envie de voir. Tu deviens un peu plus grand que nature. À un moment donné, c'est comme : «Wo, je suis une humaine, je vis des affaires»... et ça me fait de la peine quand je lis des choses qui ne sont pas vraies sur moi, quand on essaie de me prêter de fausses intentions. Cet album, je le vois comme une façon de dire : «Voici qui je suis, il n'y a plus de place à l'interprétation». Et ma fille m'a beaucoup apporté là-dedans, parce que je veux lui montrer un modèle de femme forte qui s'assume, je veux qu'elle soit fière de moi.»

Règlement de comptes?

Les paroles d'Empire, ce premier extrait que les journalistes ont entendu en boucle mardi, pendant que la bien-aimée Marie-Mai enchaînait patiemment les entrevues avec la vingtaine de médias venus la rencontrer pour parler de son nouveau projet, et que bébé Gisèle cabriolait joyeusement à proximité, sous l'œil bienveillant de la garde rapprochée de sa célèbre maman, sont évocatrices.

«J'ai monté maintenant je descends, j'ai déjà perdu trop de temps, à me regarder partir, à ne plus m'appartenir (...) J'avais la honte à mes bras, et la mauvaise image de moi (...) Est-ce que j'ai passé mon moment? Ou est-ce qu'il commence maintenant? J'ai un Empire à reconstruire, des vides à remplir, un nom à guérir (...) Est-ce que je renais maintenant?»

Un texte qui laisse supposer mille déductions. Qui raconte, comme on le comprend à prime abord, «un moment charnière de vie, un difficile passage obligé qui mène à une réelle renaissance, un regard lancé droit devant après de nombreux doutes», tel qu'indiqué dans le communiqué détaillant la «nouvelle ère» de Marie-Mai.

Empire fait-elle référence à «l'empire» Productions J – Musicor – Québecor, qui a jadis propulsé la carrière de la chanteuse? À son ancienne relation amoureuse avec Fred St-Gelais? Au tumulte médiatique qui a suivi sa rupture, au début 2016?

La principale intéressée n'était évidemment pas là pour s'épancher sur le passé, mardi, mais elle a néanmoins éclaté d'un rire sonore lorsqu'on lui a demandé si elle règle des comptes avec ce nouveau morceau.

«Euh... Pas dans cette chanson-là!, a-t-elle badiné, taquine. Mais, oui, j'en règle, des comptes. Je te le dis : cet album-là, c'est une page blanche. C'est un canevas. Moi, je pitcheles couleurs dessus, qui me sont données. Et, oui, il y a des trucs que je n'ai jamais dits auparavant. Les gens vont voir de nouvelles facettes de moi, tout simplement parce que j'ai un vécu différent, j'ai appris, et je dois mettre ça à travers mon art. Je me dois de me servir de mon expérience dans ce que je fais. C'est sûr et certain que les gens vont en apprendre beaucoup sur moi.»

Mais moi, ce que j'avais à refaire, c'était mon estime. C'était mon univers, mon équipe. Avec qui j'avais envie de travailler? Comment j'ai envie de faire les choses?

Son «empire», c'est d'abord et avant tout une partie d'elle-même, a illustré la dame au tatouage étoilé.

«C'est mon cœur. Ma confiance en moi. Tout ce qui a été ébranlé. C'est vrai qu'il peut y avoir plusieurs significations. Mais moi, ce que j'avais à refaire, c'était mon estime. C'était mon univers, mon équipe. Avec qui j'avais envie de travailler? Comment j'ai envie de faire les choses? Je veux que ça soit différent, parce que je ne suis plus la même personne. Alors, je veux que ça soit cohérent avec la façon dont je me sens aujourd'hui.»

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le début d'Empire fait allusion à une montée, puis une descente.

«Pas dans ma carrière, mais dans ma perception de ce que je fais, s'est empressée de nuancer Marie-Mai. Dans le calme... Pendant des années, c'était : plus gros, plus gros, plus gros, on veut des gros shows... Là, je ne veux pas nécessairement «plus gros», je veux «meilleur». Je veux vrai, je veux transparent. Je veux être moi. J'étais moi, dans le temps, mais en quatre ans, un paquet d'affaires se sont passées, qui font que je ne suis plus la même personne.»

Cela dit, même si ses aspirations sont désormais différentes, Marie-Mai affirme n'entretenir aucun regret. Si elle a toujours été première maîtresse de ses décisions, elle louange les «ressources différentes» que mettront à sa disposition ses nouveaux partenaires, Spectra et evenko, des entreprises qu'elle estime «hyper artistiques, hyper créatives». Et elle ne craint pas de s'aliéner son premier public, surtout constitué d'enfants, avec son nouveau statut de mère et de femme encore plus accomplie, entrée de plein pied dans la trentaine.

«Je n'écris pas en fonction d'un public, j'écris en fonction de mon cœur à moi. Après, ça va toucher qui ça va toucher...»

Plus pop

Avec ce chapitre qui démarre, Marie-Mai souhaite s'imposer encore davantage comme auteure-compositrice.

«Quand on fait ce métier-là, quand on est un peu flamboyante, ce qu'on va mettre de l'avant, c'est la bête de scène. Mais on oublie que tout part des chansons. Avant de faire un spectacle sur scène, j'écris. C'est ça qui est le plus important pour moi. J'ai un message, j'ai quelque chose à dire, j'ai des trucs à exprimer.»

On lui doit d'ailleurs les vers et la musique d'Empire, un échantillon aux sonorités planantes réalisé par le torontois Thomas Tawgs Salter, qui s'inscrit tout à fait dans la lignée du matériel antérieur de la reine de la pop-rock d'ici.

Il n'y a pas une guitare sur mon album. C'est très pop. C'est très ambiant, aussi, par moments.

Or, il faudra réviser ce titre, car Marie-Mai se voudra dorénavant beaucoup plus pop que rock. L'atmosphère de son disque en préparation devrait d'ailleurs s'apparenter à la pop européenne que Marie-Mai affectionne particulièrement, à la Robyn, par exemple.

«Il n'y a pas une guitare sur mon album, a-t-elle noté. C'est très pop. C'est très ambiant, aussi, par moments. Empire, ça respire. Il y a des chansons plus intenses, mais il y a de la place pour la voix, pour l'intensité des paroles. Il y a une belle évolution, mais les gens vont reconnaître ma signature, parce que j'ai une façon d'écrire qui est unique à moi, et ça, ça ne change pas.»

Les billets pour les spectacles de Marie-Mai au Centre Bell et au Centre Vidéotron sont en prévente dès maintenant, et la mise en vente officielle sera ouverte ce samedi, 12 mai, à 10h, au evenko.ca.

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