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Une Canadienne détenue aux États-Unis pour avoir conduit avec un permis ontarien

Il est pourtant légal de conduire avec un permis étranger aux États-Unis.

Emily Nield dit avoir vécu «l'un des moments le plus horribles de [sa] vie» le mois dernier lorsqu'elle a été arrêtée et détenue parce qu'elle conduisait aux États-Unis avec un permis canadien.

L'Ontarienne de 27 ans circulait sur l'autoroute I-75, en Géorgie, lorsqu'elle a été arrêtée pour excès de vitesse.

Elle dit avoir pris soin de demander la permission à la policière avant de bouger, parce qu'elle avait en tête tous les cas récents de citoyens non armés tués par la police aux États-Unis.

«J'ai un ami qui est policier au Canada. En cas d'arrestation aux États-Unis, il m'avait avertie de ne pas sortir mon permis de conduire avant que l'agent n'atteigne la voiture, parce que les policiers vont toujours présumer que vous tentez de sortir une arme», a raconté la jeune femme au HuffPost Québec.

À la demande de la policière, Mme Nield lui a tendu son permis de conduire valide de l'Ontario.

La policière lui aurait alors affirmé à plusieurs reprises que «les permis canadiens ne sont pas acceptés».

Pour prouver qu'elle est canadienne, Mme Nield a montré à la policière des copies électroniques de son passeport, de sa carte Nexus et de son certificat de naissance sur son téléphone intelligent. Mais puisqu'elle n'avait pas sur elle les documents originaux, elle a été placée en état d'arrestation et menottée à travers la fenêtre de sa voiture.

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Au poste de police, Emily Nield a été accusée de conduite sans permis et d'excès de vitesse.

Mme Nield a déclaré au HuffPost Québec qu'elle n'avait pas été autorisée à contacter le Consulat général du Canada aux États-Unis, malgré des demandes répétées.

«Au Consulat, on m'a plus tard dit que de ne pas me permettre de les contacter était une violation de la Convention de Vienne [sur le droit des traités]», a-t-elle affirmé.

Dans un courriel au HuffPost Québec, le porte-parole d'Affaires mondiales Canada, Philip Hannan, s'est contenté de répéter que «les permis de conduire canadiens sont valables aux États-Unis».

«Nous nous attendons que les autorités locales d'observation de la loi soient mises au courant des lois pertinentes», a-t-il écrit, encourageant les citoyens à contacter le bureau du gouvernement canadien le plus proche en cas d'arrestation ou de détention.

En détention, Emily Nield a toutefois pu parler à une de ses amies, qui a communiqué avec le bureau du shérif du comté de Cook après avoir vu une vidéo partagée par Mme Nield sur Snapchat.

Au moment d'enregistrer la vidéo, que vous pouvez voir en tête d'article (en anglais), la Canadienne croyait qu'elle avait été arrêtée en raison d'un feu arrière en panne.

«Il y avait beaucoup de bruit sur le bord de l'autoroute et je n'entendais pas bien ce que la policière me disait. Une fois dans la voiture avec elle, j'ai compris que j'avais été arrêtée pour excès de vitesse.»

La Canadienne a finalement payé une caution de 880 $US pour recouvrer sa liberté. Elle affirme que les policiers lui ont dit qu'elle devrait rester en prison jusqu'à sa comparution, le 12 juin, si elle refusait de payer cette somme.

La policière ignorait la loi

En vertu de la loi, il est légal de circuler aux États-Unis avec un permis de conduire étranger valide, ce que confirme le site Internet du Département des services aux chauffeurs de l'État de la Géorgie.

Les accusations qui pesaient contre Emily Nield ont donc été rejetées par un juge du comté de Cook, trois jours après son arrestation.

La jeune femme a tenu à remercier le juge et les autorités de l'État de la Géorgie qui travaillent à effacer toutes traces de son arrestation de leurs systèmes.

Elle n'a toutefois pas reçu d'excuses de la part du bureau du shérif du comté de Cook.

Par voie de communiqué, le bureau du shérif a expliqué que plus d'un million de personnes utilisent l'autoroute I-75 chaque mois pour traverser le comté de Cook.

«À travers tous ces voyageurs, les policiers ont régulièrement affaire à des individus qui commettent des crimes comme des vols d'identité et qui auront sur eux des permis de conduire qui ne leur appartiennent pas ou qui ont été volés ou reproduits illégalement», a affirmé le capitaine Brent Exum.

«C'est pourquoi nous suivons les directives du Département des services aux chauffeurs de la Géorgie et réclamons un passeport ou un visa pour valider leur identité», a-t-il ajouté.

Une leçon à retenir, surtout pour les Québécois

Comme l'avocat de Mme Nield le lui a expliqué, les voyageurs canadiens ne sont pas dans l'obligation d'avoir leur passeport en leur possession lorsqu'ils conduisent aux États-Unis.

Les personnes qui ne sont pas citoyens américains et qui détiennent un permis de conduire étranger valide sont autorisées à conduire dans l'État de la Géorgie à des fins de tourisme ou d'affaires. Dans le cas où un permis de conduire a été délivré par les autorités d'un pays étranger, un policier peut consulter le passeport ou le visa de cette personne pour vérifier la validité du permis, s'ils sont disponibles.

- Site Internet du Georgia Department of Driver Services

Mais il n'est pas rare que des étrangers se heurtent à ce genre de problème aux États-Unis. Le personnel du consulat canadien aurait d'ailleurs affirmé à Emily Nield que les Québécois sont les plus à risque.

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«Comme leurs permis sont en français, les policiers ne sont pas en mesure de déterminer s'ils sont valides», lui aurait-on expliqué. Ébranlée par cette expérience, Emily Nield a dit fortement conseiller aux Canadiens de garder leurs documents originaux sur eux en tout temps.

Et l'excès de vitesse? On ne l'y reprendra plus.

«J'ai beaucoup de remords. Je roulais effectivement trop vite et j'ai payé cette contravention. Je ne la conteste pas», assure-t-elle.

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