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AkioSoft: l’intelligence artificielle pour désengorger les hôpitaux du Québec

Une startup québécoise peut vous mettre en contact avec un médecin à distance.
ipopba via Getty Images

Alors que les urgences débordées et l'épuisement des professionnels de la santé font les manchettes chaque semaine, une nouvelle startup québécoise propose une solution pour désengorger nos hôpitaux.

Le concept d'AkioSoft est simple: les utilisateurs doivent remplir un questionnaire, dont les questions varient au gré de leurs réponses. Puis, l'interface les met en contact avec un médecin à distance, qui pourra leur prescrire un médicament ou les référer à un spécialiste.

Le fondateur Francis Nicloux, qui est physicien de formation, admet que sa création, qui a pris cinq ans de recherche et a été lancée à l'automne 2017, vient «bouleverser» le milieu traditionnel de la santé qui a «du mal à évoluer par rapport aux technologies», au Québec ou ailleurs.

La notion de frontières, la notion de murs, la notion de temps vient d'exploser complètement. Francis Nicloux, fondateur d'AkioSoft

Mais un peu partout dans le monde, les mêmes problèmes persistent: l'accès aux soins de santé et les coûts qui ne cessent d'augmenter. La télémédecine grâce à l'intelligence artificielle pourrait donc venir combler un besoin bien réel.

Le patient qui a une douleur à l'œil par exemple, se fera peut-être demander par le robot s'il a perdu du poids récemment. Ou s'il a perdu des ongles. Les questions sont parfois étonnantes, mais permettent d'établir une liste de diagnostics parmi une base de données de 8000 maladies.

Pas un système parfait

Il y a certaines limites aux consultations électroniques. Dans ce cas, le patient aura une référence du médecin pour rencontrer un spécialiste dans sa région.

«C'est sûr qu'on ne pourra pas faire un diagnostic de cancer ou quelque chose de grave comme ça», concède M. Nicloux. Il ne sera pas possible, non plus, d'établir un diagnostic de diabète ou d'hypertension, par exemple, mais la plateforme peut permettre de faire un suivi à distance.

Le hic, c'est que les services d'AkioSoft ne sont pas remboursés par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), qui considère que l'entreprise n'offre des «consultations médicales à proprement parler».

Il en coûte 35$ pour un abonnement annuel, puis de 20 à 40$ par consultation avec un médecin. Pour l'instant, la startup fait affaire avec un total de quatre médecins, mais ce chiffre est appelé à augmenter dans le futur.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on avance que des consultations à distance existent déjà dans le réseau de la santé et des services sociaux, ce qui permet de traiter des patients dans les régions éloignées et isolées, et réduire les déplacements des professionnels, entre autres.

«Dans la grande majorité des cas, la participation des médecins à ces activités de télémédecine est facturable à la RAMQ», précise Noémie Vanheuverzwijn, porte-parole du MSSS.

Le fondateur Francis Nicloux lors d'une réunion avec ses employés, dans leurs bureaux de Saint-Bruno-de-Montarville.
Courtoisie/AkioSoft
Le fondateur Francis Nicloux lors d'une réunion avec ses employés, dans leurs bureaux de Saint-Bruno-de-Montarville.

Soigner... même pendant les JO

L'avantage, c'est que les médecins, lorsqu'ils sont connectés à la plateforme en ligne d'AkioSoft, peuvent poser un diagnostic dans de brefs délais, peu importe où ils se trouvent.

Fait cocasse, l'un d'entre eux a pu soigner des patients à distance alors qu'il se trouvait à Pyeongchang en Corée du Sud pendant les Jeux olympiques, comme l'écrivait le Journal de Montréal récemment. Un autre médecin, qui était en vacances à Hawaï, a fait une consultation en montant un volcan à Honolulu.

«La notion de frontières, la notion de murs, la notion de temps vient d'exploser complètement pour un médecin qui peut faire une consultation électronique n'importe quand, même s'il est à la plage!» lance M. Nicloux.

La vraie question, c'est: comment on s'adapte?

Le fondateur d'Akiosoft admet que son système remplace des emplois tant du côté des infirmiers, qui vérifient les symptômes, et les médecins, qui posent d'autres questions, mettent le doigt sur le bobo et prescrivent des médicaments.

Il estime que pour servir tous les Québécois en télémédecine, la province aurait besoin de seulement 2000 médecins. Il y en a actuellement environ 10 000.

Mais à terme, il croit qu'AkioSoft, qui est basée à Saint-Bruno-de-Montarville, sur la Rive-Sud de Montréal, pourrait prendre racine un peu partout au Québec.

Il prévoit déjà l'implantation d'une micro-clinique dans les environs de Drummondville dans laquelle les patients pourraient se rendre avec un code pour vérifier leurs signes vitaux ou faire un test urinaire, par exemple.

Quel futur pour la télémédecine?

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, dit vouloir faire de la télémédecine l'une de ses priorités pour l'avenir. «Ce sera une réalité courante dans le nouveau Québec», a-t-il lancé lors d'un discours au congrès du Parti libéral du Québec en novembre dernier.

M. Nicloux est d'avis que la télémédecine est une réalité déjà incontournable et va encore plus loin dans ses prédictions pour la médecine du futur.

On peut maintenant acheter un endoscope – un tube flexible avec une caméra – sur Amazon pour prendre des photos qu'on pourrait envoyer à un médecin. Les stéthoscopes peuvent permettre d'enregistrer ses battements de cœur par MP3. On envoie l'enregistrement au médecin et hop, le tour est joué!

«L'intelligence artificielle va complètement envahir le monde dans les dix prochaines années, fait valoir le fondateur d'AkioSoft. Donc, on ne pourra pas se permettre de dire si on en veut ou si on n'en veut pas. La vraie question, c'est: comment on s'adapte?»

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