POLITIQUE - Après Jean-Luc Mélenchon, c'est au tour d'Emmanuel Macron de voir ses dépenses de campagne passées au tamis. Après avoir épluché les factures des comptes de l'ancien candidat En Marche, Mediapart a constaté que le président de la République avait bénéficié d'importantes et généreuses ristournes de la part de la société d'événementiel GL Events, dirigée par Olivier Ginon, "proche de Gérard Collomb et aujourd'hui très en cour à l'Élysée" selon le site d'investigation.
La Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP), chargée de valider les dépenses des candidats à la présidentielle, a elle-même relevé des promotions exceptionnelles, "d'un pourcentage anormalement élevé", pour des locations de salles et de matériel de meeting.
"100% de remise"
Dans le collimateur de l'autorité, deux meetings très emblématiques de la campagne d'Emmanuel Macron: celui de la Mutualité, en juillet 2016, juste avant que le ministre de l'Economie ne se lance dans la course; et celui du 10 décembre 2016 à la porte de Versailles, point de départ de l'ascension sondagière du candidat En Marche.
Pour le premier, Mediapart relève que la location de la salle principale aurait dû coûter 14.129 euros mais a bénéficié d'une "Remise –100 %". Le jour du meeting, l'équipe d'Emmanuel Macron aurait bénéficié d'une nouvelle réduction de 15.000 euros, fort opportune alors que le jeune mouvement macroniste commençait tout juste à engranger des dons. Porte de Versailles quelques mois plus tard, l'équipe a encore pu profiter de 9000 euros de ristourne sur la location de matériel.
"Totalement illégal"
"Les remises [...] correspondent à une négociation commerciale habituelle avec un organisateur d'événements", a répondu à la CNCCFP la société d'Olivier Ginon. Un argument qui a semble-t-il convaincu la Commission mais pas certains responsables politiques.
"On rappelle que tout 'geste commercial' d'une entreprise a un candidat est totalement illégal et entraîne l'inéligibilité du candidat. C'est juste la loi", a tonné sur Twitter le trésorier du Parti socialiste Jean-François Debat.
Encore mécontent du traitement médiatique réservé aux comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon, son ancien porte parole Alexis Corbière a lui dénoncé l'octroi de ces "cadeaux". "Selon le guide candidat du ministère intérieur sont interdits dons ou aides matérielles consentis directement ou indirectement par personnes morales de droit privé", a rappelé de son côté Martine Billard, cofondatrice du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce "un financement indirect illégal".
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