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Une résidente de HoMa se bat pour garder son cochon domestique

Les pitbulls ne sont pas les seuls à avoir été bannis par l'ex-maire Denis Coderre.
Olivier Robichaud

Une résidente de l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve se bat pour pouvoir conserver son cochon domestique nommé «Babe». La Ville lui ordonne de s'en débarrasser d'ici deux semaines parce qu'il n'est plus considéré comme un animal domestique.

Sarah-Maude Ravenelle a adopté Babe, un cochon miniature d'environ 60 livres, il y a trois ans. Elle habitait alors à Rosemont.

«C'est comme un chien, sauf qu'il ne jappe pas. Les gens pensent à un gros cochon de ferme, mais c'est très propre et ça ne pue pas. On le promène deux fois par jour», dit-elle.

Soucieuse de respecter la réglementation, elle a demandé à son arrondissement si les cochons domestiques étaient permis. Elle a reçu une lettre du maire, François Croteau, qui affirmant que c'est permis s'il ne cause pas de nuisances.

Cochons et pitbulls bannis

À l'époque, le contrôle animalier relevait des arrondissements. Or, en 2016, l'ex-maire Denis Coderre a centralisé le contrôle animalier avec un nouveau règlement uniforme pour l'ensemble des arrondissements. Le but principal était de bannir les pitbulls, mais la Ville a également dressé une liste d'espèces qui pouvaient être acceptées comme animaux de compagnie. Les cochons ne s'y trouvent pas.

Mme Ravenelle disposait alors d'un droit acquis, puisqu'elle avait adopté son cochon avant l'entrée en vigueur de ce nouveau règlement de la ville-centre. Or, ce droit ne s'applique peut-être plus depuis qu'elle a déménagé à Hochelaga-Maisonneuve en mai 2017. En 2013, soit avant l'adoption de Babe, cet arrondissement a adopté un règlement qui comprend aussi une liste d'espèces acceptées. Et les cochons sont encore une fois absents.

«On a déménagé pour avoir un plus grand terrain pour que Babe puisse avoir une terrasse, pour qu'il ait une cour. On a clôturé notre terrasse exprès pour lui», explique Mme Ravenelle, qui a rencontré plusieurs autres propriétaires de cochons miniatures dans son nouveau quartier.

Mardi, la famille a reçu la visite de la patrouille canine de Montréal. La Ville demande qu'elle se départisse de Babe d'ici le 2 mai.

Mme Ravenelle compte se battre. Elle a affiché ses arguments dans une vidéo sur Facebook, qui a déjà été partagée plus de 1000 fois.

Mme Ravenelle n'est pas surprise du succès de cette vidéo.

«Il y a au moins 30 cochons miniatures à Montréal. C'est un phénomène qui prend de l'ampleur», dit-elle, ajoutant qu'elle détient ce chiffre de l'éleveur qui lui a vendu Babe.

Règlement battu en cour

Or, une certaine jurisprudence concernant les cochons miniatures commence à prendre forme, bien que ça ne soit qu'au niveau de la cour municipale. L'an dernier, la cour a invalidé un règlement de Trois-Rivières qui classifiait les cochons comme animaux de fermes plutôt que comme animaux domestiques.

La propriétaire a réussi à faire valoir que le cochon miniature a été croisé et élevé pour être un animal de compagnie et ne peut survivre sur une ferme. Il a d'ailleurs la taille et la corpulence d'un bulldog anglais, alors qu'un cochon de ferme peut peser plusieurs centaines de livres.

«La société évolue à la vitesse grand V et le législateur n'a pas vu qu'un jour quelqu'un jouerait dans les gènes du cochon pour le naniser, le miniaturiser, le domestiquer et en faire un animal de compagnie», lit-on dans le jugement, cité par le quotidien Le Nouvelliste.

D'autres villes, comme Rouyn-Noranda, ont modifié d'elles-mêmes leurs règlements après le début de procédures judiciaires.

La nouvelle administration de Valérie Plante planche actuellement sur un nouveau règlement sur le contrôle animalier. On sait d'ores et déjà que les pitbulls ne seront plus bannis, mais la mairesse n'a donné aucune indication jusqu'à présent sur la possibilité d'accepter un plus grand nombre d'espèces comme animal de compagnie.

Le HuffPost Québec a demandé une entrevue avec le responsable du dossier animal, Craig Sauvé. Sans succès.

Quant à Mme Ravenelle, elle espère ne pas avoir à s'adresser aux tribunaux.

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