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«C'est inhumain», lance une patiente dénonçant des soins reçus à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont

Martine Lacoursière en a gros sur le coeur contre les soins reçus en soirée et durant la nuit.

Opérée aux deux genoux il y a plus d'un mois, une femme de 38 ans affirme être traitée comme de la «merde» à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal. Elle dit avoir été laissée dans ses selles, ne pas avoir reçu sa médication pour diminuer la douleur et avoir dû patienter pendant plus de deux heures pour obtenir un verre d'eau.

Martine Lacoursière affirme ne plus être capable de vivre un tel cauchemar. Un scénario de négligence qui se serait produit une première fois pour être répété une seconde fois durant deux séjours d'hospitalisation différents, et ce, en l'espace d'un peu plus d'un mois.

«J'ai souffert le calvaire dès ma première nuit, le 13 mars, a-t-elle raconté, la rage au coeur. C'est qu'ils ont manqué ma première épidurale. Je n'ai reçu que quatre heures plus tard mes calmants pour la douleur même si je pleurais et les suppliais de me les donner. J'en ai presque perdu conscience.»

Plus tard dans la nuit, elle aurait eu une deuxième épidurale, la première n'ayant pas eu l'effet désiré. «À mon réveil, j'ai demandé de l'eau et une débarbouillette mouillée puisque j'avais les lèvres complétement sèches. L'infirmière est partie sans jamais revenir», assure celle qui précise qu'elle était alitée et incapable de bouger en raison de ses opérations aux deux genoux.

La résidente de Trois-Rivières s'estime chanceuse d'avoir de bons amis. «J'ai téléphoné à une amie en pleine nuit pour qu'elle contacte le bureau des infirmières de mon étage, car moi j'utilisais la sonnette d'alarme, mais personne ne venait à mon aide.»

Après avoir été interpellée par l'amie de Mme Lacoursière, l'infirmière en chef de nuit serait arrivée en répondant: «Vous avez contacté votre amie. C'est quoi ça? Je vais devoir dire à votre spécialiste que vous avez un mal imaginaire», a raconté Mme Lacoursière. L'infirmière serait alors repartie en fermant le rideau, sans rien lui donner.

«Je suis restée deux heures dans mes selles, couchée au lit, incapable de bouger. C'est inhumain.»Martine Lacoursière

«Pire encore, lorsque le médecin est arrivé tôt le matin et que je me suis plainte, elle a osé mentir en disant que je n'avais jamais demandé de l'eau, ajoute Mme Lacoursière. C'est grave. Quand ça étire dans mes genoux, je vous jure que ça fait mal pour vrai. J'aimerais bien la voir dans ma position, elle aussi aurait un mal imaginaire qui l'a fait souffrir pour vrai le martyre.»

Du côté de l'hôpital, on assure que de telles plaintes sont prises au sérieux.

«Bien que nous ne puissions commenter à ce stade le cas particulier de la patiente, sachez que nous prenons toute plainte telle que celle-ci très au sérieux, a répondu Florence Meney, porte-parole du CIUSSS de l'Est-de-l'île-de-Montréal. Nous allons donc immédiatement nous assurer que la dame reçoive bel et bien les soins nécessaires. Par ailleurs, nous l'invitons à déposer une plainte officielle auprès de la Commissaire aux plaintes, de laquelle découlera une enquête approfondie.»

De très bons services... le jour

Martine Lacoursière, qui a elle-même été préposée aux bénéficiaires pendant 16 ans à Trois-Rivières, tient à préciser qu'elle reçoit d'excellents soins en plus d'être bien traitée par les infirmières et préposées... de jour. «C'est le soir et la nuit que c'est épouvantable, affirme-t-elle. Chaque fois que j'ai besoin d'elles, elles arrivent avec une face de boeuf comme si elles étaient choquées d'avoir été dérangées, mais c'est leur boulot.»

«Je suis restée deux heures dans mes selles, couchée au lit, incapable de bouger. C'est inhumain», lance celle qui souligne que ses draps n'auraient été changés qu'une seule fois durant ses 14 premiers jours dans cet hôpital montréalais.

Le 27 mars, Martine Lacoursière obtient son congé de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont même si elle est toujours incapable de marcher seule. Elle est transférée près de sa famille dans une maison de réadaptation à Trois-Rivières. «Après trois jours à la résidence Laliberté, je pouvais faire de petits exercices avec la marchette.»

Mère monoparentale, elle était heureuse de retrouver son fils de 6 ans. «J'ai été traitée comme une princesse à Trois-Rivières», fait-elle savoir.

Un 2e séjour, un 2e cauchemar

Le moment de réjouissance sera de courte durée. Des problèmes reliés aux opérations des genoux surviennent, si bien qu'elle doit se rendre à l'urgence. «J'ai supplié l'orthopédiste de Trois-Rivières de me garder. Je lui ai raconté l'enfer que je venais de vivre à Montréal. Mais il m'a dit qu'il n'avait pas d'autre choix que de me retourner à l'hôpital où les opérations avaient été pratiquées puisque les genoux étaient beaucoup trop infectés. Par ailleurs, on m'a suggéré de porter plainte.»

De nouveau admise à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont depuis samedi le 13 avril, elle assure que rien n'a changé. «Je suis ici depuis samedi et je viens d'apprendre (lundi soir le 16 avril) que mes opérations étaient remises. Je suis à jeun depuis mon arrivée. Ils n'ont jamais nettoyé ma plaie et pourtant je suis ici parce qu'ils doivent m'opérer de nouveau pour drainer le mauvais dans mes genoux. Je pleure de rage.»

«Je veux bien comprendre que le personnel médical soit débordé mais il y a des limites à la maltraitance. Moi j'ai toute ma tête. J'ai des problèmes avec mes genoux en raison d'arthrose sévère et hériditaire, mais je n'ose pas imaginer l'enfer vécu par les personnes âgées sans famille, sans défense. C'est pour aider mon prochain que je dénonce», renchérit-elle.

Mme Lacoursière a publié sur Facebook l'état de ses genoux.

Coeur sensible s'abstenir.

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