Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La fois où Adib Alkhalidey a fait pleurer son père

Ayant toujours eu beaucoup de mal à maîtriser le français, son papa pouvait difficilement comprendre ses propos.
Julien Lacroix et Adib Alkhalidey
Karine Dufour/Radio-Canada
Julien Lacroix et Adib Alkhalidey

La maman d'Adib Alkhalidey l'a bien averti. «Si tu ne me remercies pas, je te tue!», a-t-elle martelé en prenant connaissance de la nomination de son fils au Gala Artis, qui salue son interprétation de multiples personnages dans la comédie Like-Moi, de Télé-Québec.

Rappelée par Guy A. Lepage à Tout le monde en parle, dimanche, la blague a été l'occasion pour Adib de s'ouvrir sur la vision qu'entretiennent ses parents de son métier d'humoriste. Son père irakien et sa mère marocaine, arrivés au Québec alors qu'Adib était bébé, espéraient que leur fils deviendrait médecin. «Sont-ils terriblement déçus?», s'est enquis Guy A. Lepage.

«Non, là, je pense que les deux sont vraiment heureux, a répondu le principal intéressé. Mon père est décédé cette année. J'ai eu des conversations avec lui à propos de ça, et je pense qu'il a eu le temps de voir que c'est un métier qui me rend très heureux...»

Adib Alkhalidey a raconté qu'ayant toujours eu beaucoup de mal à maîtriser le français, son papa pouvait difficilement comprendre ses propos à la télévision ou sur scène, par exemple, et constater l'évolution de sa carrière.

«J'avais de la difficulté à lui expliquer, s'est remémoré Adib. Une fois, je te jure, je suis avec mon père, je fais l'épicerie. J'entre au supermarché, il y a une dame qui me voit entrer. Et - je vous jure! -, elle vient et elle me prend dans ses bras, et elle me dit : «Merci J'ai vu ton spectacle hier et j'ai vraiment aimé ça». Et elle s'en va.»

«Et mon père, je me retourne, et il est en train de pleurer. Parce que c'est la première fois qu'il comprend que c'est un métier, en fait, avec lequel je peux raconter des choses aux gens, et on s'unit. C'est à travers des moments comme ça, je pense, que j'ai réussi un peu à le voir heureux de ça. Et ma mère est très heureuse, et si je la remercie pas, elle me tue», a continué Alkhalidey en riant.

Arrêter de culpabiliser

On a eu droit dimanche à un extrait extrêmement rigolo de la web-série Pause Kahwa, dont Adib Alkhalidey est l'auteur, et qui met en vedette, outre lui-même, Mehdi Bousaidan, Anas Hassouna et Roman Frayssinet.

Adib a un peu recréé, dans Pause Kahwa, l'atmosphère criarde qui régnait chez lui dans son enfance, à Ville Saint-Laurent, au nord de Montréal. S'il prône évidemment une plus grande diversité culturelle dans les médias et dans les œuvres de fiction, le créateur refuse toutefois d'adopter un discours moralisateur à cet égard.

«Il faut arrêter de culpabiliser les gens, parce que tu ne vas pas parler de quelque chose qui ne fait pas partie de ton imaginaire, a-t-il dépeint. On ne peut pas demander à un auteur qui n'a pas grandi dans mon quartier d'écrire à propos de mon quartier ; ça ne va pas lui venir naturellement, il va peut-être se sentir obligé de le faire. Il ne faut pas culpabiliser les gens», a-t-il plaidé.

«Je pense que, s'il y a des gens qui ont envie d'écrire et qui viennent de ce genre de quartier, il faut qu'ils écrivent. Il faut qu'ils écrivent, parce qu'il y a de la place pour eux, et en ce moment, je pense que je suis un des seuls, et je ne fournis pas», a-t-il complété à la blague, en s'esclaffant.

«Tout le monde en parle», les invités du 15 avril 2018

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.