JUSTICE - C'était le premier rendez-vous judiciaire de la saga autour de l'héritage de Johnny Hallyday. Ce vendredi 13 avril, le tribunal de Nanterre a donné en partie raison à Laetitia Hallyday, aux dépens de David Hallyday et Laura Smet. La Justice a refusé le droit de regard demandé par les deux premiers enfants du chanteur sur l'album posthume de leur père.
En revanche, la veuve du chanteur a l'interdiction de disposer des biens immobiliers français de Johnny. Ils sont désormais gelés, tandis que tous les droits artistiques du rockeur sont séquestrés.
Dans son ordonnance, le juge a estimé que les deux aînés justifient d'un "risque réel de transfert de tous les biens du défunt au profit du JPS Trust", dont Laeticia est la bénéficiaire, qui pourrait "intervenir à tout moment, et/ou de liquidation des actifs successoraux, les privant quasiment de toute chance de recouvrer la part successorale à laquelle ils pourraient prétendre". En conséquence, "il y a lieu, pour prévenir ce dommage imminent, de faire droit" aux demandes de Laura et David et de "prononcer certaines mesures conservatoires".
Laeticia Hallyday a donc interdiction "de vendre ou de disposer" des biens immobiliers de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) et Saint-Barthélémy. Toutes les redevances perçues au titre des droits de l'artiste doivent également être mises sous séquestre.
En revanche, les deux propriétés de Santa Monica et Los Angeles ne sont pas concernées par ce gel afin que les mesures conservatoires "n'aient pas de conséquences disproportionnées pour Laeticia Smet et ses enfants mineurs".
Concernant l'album, "l'accord signé" en novembre 2017 entre Warner et Johnny Hallyday "démontre sans ambiguïté que le chanteur acceptait que les dix titres listés qu'il avait interprétés lors des sessions d'enregistrement fassent l'objet d'une commercialisation par la société Warner", considère l'ordonnance. Le juge estime que "rien ne vient établir le risque certain d'une atteinte portée à l'interprétation de l'artiste qui justifierait un contrôle des demandeurs avant la sortie publique de l'album."
David et Laura contestent le testament californien de leur père rédigé en 2014 et qui lègue l'ensemble de son patrimoine à sa veuve, Laeticia, ainsi qu'à leurs deux filles mineures, Jade et Joy. Ils obtiennent donc une victoire partielle, avec le gel des biens immobiliers et droits artistiques du rockeur, décédé en décembre, en attendant une décision judiciaire sur le fond concernant la succession.
Dernier rebondissement, une interview fleuve
Depuis février, la famille de l'ex-"idole des jeunes" se déchire sur son héritage. Dernier épisode en date: une longue interview de Laeticia Hallyday parue mercredi dans Le Point, la première depuis la mort de la star le 5 décembre. "On me vole mon deuil. On me roue de coups", y déclare-t-elle.
"Mon mari n'est plus là pour dire sa vérité. Auraient-ils osé faire cela du vivant de leur père?", interroge la veuve, qui assure n'avoir rien à voir avec la décision testamentaire de son mari: "On me fait passer pour celle que je ne suis pas", assure celle qui avait été décrite comme "manipulatrice" à l'audience du 30 mars.
Les avocats avaient ferraillé pendant près de quatre heures lors de cette audience au cours de laquelle les conseils de Laura Smet et David Hallyday avaient tenté de convaincre le tribunal de "l'urgence à agir" en raison de la mise en "trust" des biens de l'artiste. "Coffre-fort", "déni de justice", "on finit par s'y perdre" et ne plus "savoir exactement comment les choses s'articulent" avaient tonné les cinq avocats des aînés Hallyday pour qualifier ce montage financier.
Un héritage à plusieurs dizaines de millions d'euros
Depuis son décès, tous les actifs de Johnny Hallyday sont regroupés dans un trust baptisé JPS (pour Jean-Philippe Smet, son nom à l'état civil), une structure de droit anglo-saxon qui permet de réunir l'ensemble des biens d'une personne. Ce trust, basé en Californie où l'artiste résidait depuis 10 ans, avait été au centre des débats lors de l'audience.
Depuis vendredi, on en connaît le gestionnaire puisque la banque américaine Bank of America a accepté de tenir ce rôle. Les avocats de Laura et David avaient aussi soulevé la question du rôle exact joué dans tout cela par Laeticia Hallyday, également désignée comme "exécuteur testamentaire" par son mari. L'ex-mannequin de 43 ans n'est que la bénéficiaire de ce trust, avait rétorqué son avocat Me Ardavan Amir-Aslani.
Les dispositions testamentaires successives du chanteur "vont effectivement dans une seule direction, vers sa femme", mais "est-ce que c'est interdit, immoral?", avait-il interrogé. En effet, pour l'avocat et sa cliente, Johnny Hallyday avait déjà bien doté, de son vivant, ses enfants adultes, Laura, 34 ans, actrice, et David, 51 ans, lui aussi musicien.
Au total, le patrimoine de Johnny Hallyday représenterait plusieurs dizaines de millions d'euros: propriétés, voitures de luxe et droits issus de 1160 chansons.
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