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Après «La Joute», Martine Ouellet met en demeure «Médium large» de Radio-Canada

«Il y a des limites à la liberté d’expression», soutient la chef du Bloc québécois.

QUÉBEC – «Je ne suis pas intransigeante», a lancé la chef du Bloc québécois et députée de Vachon, Martine Ouellet, en dévoilant une deuxième mise en demeure contre des propos médiatiques qu'elle considère diffamatoires.

En compagnie de son avocat, Me Guy Bertrand, Mme Ouellet a dévoilé une nouvelle mise en demeure, contre l'émission de radio Médium large - animée par Catherine Perrin - du 2 mars 2018. Elle y dénonce de présumés «propos outrageants, mensongers et diffamatoires».

Le segment en question se penchait sur les traits de personnalité des gens convaincus d'avoir raison envers et contre tous, dans un contexte où le caucus du Bloc implosait après la démission de sept députés. Mme Perrin en a discuté avec les psychologues Hubert Van Gisjeghem et Rose-Marie Charest et a mentionné Mme Ouellet à quatre reprises.

«Ce qu'ils ont fait est très grave et dépasse complètement les limites du jamais-vu, a dit Mme Ouellet, en conférence de presse. Un chef de parti qui se fait diagnostiquer en ondes. C'est un dangereux précédent, une dérive inquiétante. C'est une atteinte grave aux droits fondamentaux, dont la dignité, l'intégrité et le droit à la vie privée.»

«À partir de fausses prémisses, l'animatrice et deux psychologues ont développé un diagnostic catastrophique où ils laissent entendre que j'ai un problème de troubles de la personnalité – et les auditeurs pourraient y comprendre que c'est un problème de santé mentale – qu'ils qualifient de narcissique, grandiose, qui serait même selon eux incurable.»

Elle déplore également que des liens ont été faits entre le livre True Believer d'Eric Hoffer, qui discute des causes psychologiques du fanatisme, et le mouvement indépendantiste.

Radio-Canada se défend

Même si le segment en question a été retiré de son site Internet, il y a six jours, Radio-Canada «réfute» les allégations de Mme Ouellet et celles de son avocat et considère que la teneur des échanges ont été «fortement dénaturés».

«L'animatrice avait clairement établi d'entrée de jeu qu'il n'était pas question de Mme Ouellet comme tel. Il est donc totalement faux d'affirmer que Mme Ouellet a été "diagnostiquée" en ondes», réplique la société d'État dans un communiqué de presse.

«En signe de bonne foi», Radio-Canada dit avoir proposé à Me Bertrand de rappeler en ondes que la discussion du 2 mars ne portait pas sur Mme Ouellet, mais cette proposition n'a «pas trouvé d'écho».

«Cela dit, Radio-Canada est désolée si le segment en question a pu être mal interprété.»

Mme Ouellet dit qu'elle s'attendait à une rétractation en ondes et des «excuses sincères» de la part de la société d'État. Elle n'a pas encore décidé si elle allait entamer des poursuites, mais précise que tout est sur la table.

Qui est le prochain?

Ce n'est pas la première fois que Mme Ouellet met en demeure un média pour des propos qu'elle considère offensants. Il y a trois semaines, elle a rendu publique sa mise en demeure contre les commentateurs de La Joute de TVA, qui l'ont traitée de «malhonnête».

«J'en ai pris beaucoup de critiques», souligne celle qui se décrit comme «exigeante» envers ses collaborateurs. Mais elle estime qu'«il y a des limites à la liberté d'expression», qui sont celles du respect, de l'intégrité, du respect de la vie privée.

«Ça ne s'est jamais vu! Je ne pense pas que ça va se revoir, renchérit Me Bertrand. Et c'est là que je pense qu'on tombe dans l'abus de droits. À cause de la liberté d'expression, on pense qu'on peut tout faire.»

Mme Ouellet paie des honoraires de sa propre poche. Puisqu'elle n'est «pas fortunée», selon son avocat, il précise qu'il travaille «presque» de façon pro bono.

Quel média se méritera la prochaine mise en demeure? Mme Ouellet n'a pas voulu répondre. Mais alors que son leadership est contesté et que ses appuis s'effritent, elle «ose espérer» que les «débordements» à son sujet «ne se reproduiront plus».

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