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«Dame Mature»: Guylaine Guay dit tout sur la «ménopocalypse»!

Guylaine Guay aborde la périménopause avec une franchise désarmante, une autodérision salutaire et une sensibilité nécessaire.
Andréanne Gauthier

Insomnie, prise de poids, pilosité indésirable, anxiété, perte de libido, sautes d'humeurs et hormones en déroute font partie des nombreux symptômes de la périménopause. Un sujet encore tabou que Guylaine Guay aborde avec une franchise désarmante, une autodérision salutaire et une sensibilité nécessaire dans Dame Mature – Réflexion comico-dramatique d'une périménopausée velue et moite.

HuffPost: Pourquoi as-tu abordé ce sujet dans un livre et non en capsules pour le web ou la télé?

Guylaine Guay: Pour moi, le livre est une carte de visite intimiste, dans l'écriture et dans la lecture. C'est un message qui passe d'un coeur à un autre. Quand une personne va chercher ton livre et s'assoit avec lui, il y a un geste, un rituel précieux. J'avais envie de cette proximité-là. Je parle quand même de mon bas de corps à loisir là-dedans!

HP: Tu l'as écrit en pleine périménopause, après avoir passé les deux pires années de ta vie (décès, problèmes de santé). Est-ce que l'écriture a eu un effet thérapeutique?

GG: Je ne pensais pas en le faisant, car j'ai une facilité et un plaisir à écrire. Par contre, depuis que le livre a été lancé, je commence à recevoir des commentaires. Récemment, une dame m'a écrit que c'était une lecture essentielle, qu'elle ne se pensait pas rendue là et qu'elle vivait un déni, mais qu'elle a assumé avec moi et elle m'en remercie. En lisant ça, je suis partie à pleurer dans mon salon... parce que je suis hyper émotive tout le temps et parce que j'avais le sentiment que mon message avait été entendu.

HP: C'est un sujet hyper personnel, mais tu écris que le silence n'est pas une option. Crois-tu que le phénomène est encore tabou?

GG: La vie de femme en général et la chronologie hormonale le sont encore. Qui plus est, lorsqu'on arrive à la pré-ménopause, on dit au monde entier qu'on n'est plus jeune. C'est une partie délicate de l'existence, dans une société où on doit être jeune, beau et performant. Quand tu approches 50 ans, que tu prends 30 livres en un an et que tu as toujours des gouttes de sueur sur le bord des tempes, tu n'es plus la plus jolie. Alors quand on vit tout ça, il faut s'avouer quelque chose. Ça ne veut pas dire que la vie est finie, mais il y quelque chose qui se passe.

HP: Voulais-tu choquer avec la page couverture?

GG: Dès que j'ai parlé du sujet du livre à mon éditrice, je savais que je voulais ce sous-titre et cette page couverture. Je voulais faire sourire. Certains l'ont jugée audacieuse et de mauvais goût, parce que j'ai un rond de swing sous le bras et une moustache, même si c'est très subtil et que ce n'est pas tout le monde qui les remarque.

HP: Que penses-tu des magasins qui ont choisi de ne pas offrir ton livre sur leurs tablettes à cause de ça?

GG: Leurs réactions démontrent à quel point il faut en parler. C'est quand même bizarre qu'on assiste à de la censure du genre en 2018, au Québec. Aux États-Unis, plein d'humoristes proposent des pages couverture audacieuses et funky. Au fond, ceux qui n'aiment pas ça, tant pis pour eux. C'était ma façon de dire «regardez-moi, je suis là et je me sens puissante». Le fait d'afficher tout ce qui m'arrive, ça m'affranchit!

HP: Pourquoi traiter de ce sujet sérieux avec humour?

GG: C'est la façon dont j'aborde toutes les sphères de mon existence, comme l'autisme de mes garçons ou mon surpoids. Être drôle m'a sauvée de bien des situations. J'aime amener de la légèreté dans la gravité. Quand on fait rire ou sourire les gens, on les séduit, ils nous aiment et ils acceptent davantage les choses. En même temps, je ne m'apitoie jamais, je ne suis pas une victime. Dans le livre, il y a aussi beaucoup de douceur, de tendresse et d'émotions.

HP: Tu as également inséré une discussion sérieuse avec le médecin de famille Christiane Laberge. Pourquoi?

GG: C'était essentiel. J'avais envie de cette parenthèse plus technique pour dire aux femmes vraiment ce que c'était, sinon j'aurais eu l'impression de parler à travers mon chapeau pendant tout le livre. Je ne l'ai pas voulu trop longue ni trop technique. C'est une conversation parlée que j'ai retranscrite.

HP: Tu partages aussi une discussion avec ton conjoint sur ce qui t'arrive et ce que vous vivez. Selon toi, quel est le rôle des hommes dans ce processus?

GG: Mon chum et moi, on est une équipe. On s'est marié il y a six ans et presque le lendemain, je tombais en pré-ménopause. C'était un choc! Je pense que les hommes doivent être un peu plus conscients du phénomène, se mettre à niveau et lire un peu. La préménopause, ça ne se résume pas à des bouffées de chaleur... Certaines années, j'avais tellement de sautes d'humeur que je ne me reconnaissais plus. J'essayais d'étouffer ça, mais à un moment donné, le presto pète et je n'ai pas eu le choix d'en parler à mon conjoint. C'est important d'ouvrir la communication. Ce n'est pas facile de parler de l'absence de désir, qu'on se sent mal dans notre peau et qu'on fait de l'anxiété, mais quand on le dit, ça enlève un poids sur les épaules.

HP: Au fond, ton livre est pour tout le monde.

GG: Exactement. On connaît tous une femme qui va être ou qui a été périménopausée ou ménopausée. Maintenant que je le suis, je comprends la souffrance de ma mère, qui n'en a pas parlé du tout. Je l'ai vue faire des crises d'anxiété, pleurer et avoir des sautes d'humeur durant mon adolescence. C'était un clash assez solide. Aujourd'hui, j'ai tellement de compassion pour ce qu'elle a vécu. C'est libérateur de pouvoir en parler.

HP: On est en plein mois de l'autisme et tu es marraine de la Fondation Véro & Louis. Explique-moi ce que vous faites?

GG: On veut construire des milieux de vie sécuritaires et permanents pour les personnes autistes non-autonomes de 21 ans et plus, comme mon fils Clovis qui est non-verbal et qui aura besoin de supervision toute sa vie. En tant que parent, je m'inquiétais énormément de ce qui arriverait à mon enfant quand j'allais mourir. Le gouvernement scolarise les personnes autistes jusqu'à 21 ans, mais après, c'est le néant. Donc, avec la fondation, on veut créer un modèle de maison qu'on aimerait voir s'implanter partout au Québec pour que tous les parents comme moi vieillissent en paix.

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