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Les pistolets de type Taser mènent à des tactiques policières «paresseuses», affirme un élu Montréalais

Le SPVM compte munir chaque patrouille de pistolets à impulsion électrique.
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Le doyen du conseil municipal, Marvin Rotrand, craint que la multiplication des pistolets à impulsion électrique de type Taser ne mène à des «tactiques policières paresseuses». Il demande que la Ville s'assure que ses policiers utilisent le moins souvent possible la force.

M. Rotrand, chef du parti d'opposition Coalition Montréal, réagissait mardi à l'information comme quoi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) souhaite munir chaque duo de patrouilleurs d'un pistolet à impulsion électrique. Cette mesure porterait le nombre de pistolets à 179. Le SPVM en compte actuellement 64.

«Les Tasers mènent à des tactiques policières paresseuses (lazy policing), affirme M. Rotrand en anglais. En les donnant à plus d'agents, ça devient trop facile de les utiliser comme solution.»

L'élu cite une enquête diffusée par l'agence Reuters l'été dernier. Selon l'agence, les données scientifiques de l'entreprise Taser seraient questionnables. L'entreprise a d'ailleurs multiplié les avertissements sur l'utilisation de son produit et les poursuites contre les corps policiers américains ont augmenté.

En lieu et place de l'arme à feu

Dominic Harvey, directeur adjoint du SPVM responsable de la Gendarmerie, répond que l'utilisation du pistolet à impulsion électrique ne sera pas banalisée.

«On tente de fournir à nos policiers les outils nécessaires pour la protection de nos agents et des citoyens. [...] On est en train de s'assurer que cette option est disponible si on en a besoin», dit-il.

M. Harvey rappelle que le taser est une arme qui peut remplacer l'arme à feu dans certaines situations. La décision du SPVM découle d'ailleurs d'un rapport du coroner à la suite du décès d'Alain Magloire, un itinérant en situation de crise abattu par les policiers alors qu'il brandissait un marteau. Ce rapport conclut que la mort aurait pu être évitée si les agents avaient eu accès à une arme de type Taser.

Cette réponse n'a toutefois pas rassuré certains des citoyens réunis à l'hôtel de ville mardi pour une réunion de la Commission de la sécurité publique.

«Vous êtes là à nous faire une présentation pour justifier l'emploi des armes intermédiaires avec la prémisse que la population ne comprend pas l'utilisation de ces armes. Mais les gens remettent en question l'utilisation de ces armes. [...] Je suis insultée d'apprendre que Martin Prud'homme va étendre utilisation du Taser», a lancé une citoyenne.

Les armes intermédiaires comprennent les pistolets à impulsion électrique, mais aussi les balles de plastique et les grenades assourdissantes, entre autres.

La Ville ignorait la mesure

Par ailleurs, la responsable de la sécurité publique au sein du comité exécutif, Nathalie Goulet, a révélé que l'administration Plante ne connaissait rien des intentions du SPVM.

«Nous n'étions pas au courant de l'achat des Tasers. Nous en discuterons avec M. Prud'homme lors d'une réunion statutaire avec lui», a-t-elle simplement dit mardi.

Mme Goulet s'est d'ailleurs inquiété de la dangerosité de ce genre d'armes devant la Commission de la sécurité publique. Elle a demandé si des armes non létales, comme des pistolets à filets, étaient envisagés par le SPVM. Le corps policier a répondu que ce genre d'arme n'était pas disponible sur le marché canadien.

Selon Lionel Perez, chef de l'opposition à l'hôtel de ville, cette situation montre les incohérences de l'administration Plante.

«La question se pose: quel est le rôle de la responsable de la sécurité publique si elle ne fait pas partie des décisions importantes, des orientations de ce genre?», se demande-t-il.

Critères assouplis pour les balles de plastique

Par ailleurs, une étude récente déposée par le SPVM montre que les critères d'utilisation des armes intermédiaires d'impact à projectile, notamment les balles de plastique, ont été assouplis à la grandeur de la province.

En 2005, un rapport indiquait que l'utilisation de ce type d'armes était souhaitée seulement lors d'une menace imminente de blessure grave ou de mort, lorsque l'utilisation de l'arme à feu du policier n'était pas appropriée. Dans le nouveau rapport déposé par le SPVM, on lit plutôt que «les armes à létalité réduite sont des outils intéressants qui offrent une solution alternative à la force mortelle lorsque la situation ne comporte pas de menace imminente pour la vie du policier ou d'autres personnes sur les lieux».

L'École nationale de police, qui a produit le rapport, affirme que cette évolution fait consensus.

Rappelons toutefois que l'administration Plante souhaite interdire l'utilisation des balles de plastique. Le SPVM a toutefois accès à d'autres types de munitions de ce genre, qui causeraient des blessures moins importantes et qui sont principalement utilisées dans le contrôle de foule.

Par ailleurs, le SPVM a annoncé mardi s'être débarrassé de ses grenades assourdissantes. En novembre, la Ville a dû payer 175 000$ à Francis Grenier, un étudiant atteint par une grenade assourdissante lors d'une manifestation en 2012. Il a perdu une partie de sa vision.

Selon Alex Norris, président de la Commission de la sécurité publique, l'administration Plante songe à déclencher une consultation publique en bonne et due forme sur l'utilisation des armes intermédiaires. Cette consultation comprendrait les balles de plastique et les pistolets à impulsion électrique.

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