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Eric Paulhus, l’idole des jeunes que découvrent – enfin – les adultes

Eric Paulhus a participé à plusieurs émissions jeunesse très populaires.
Marlène Gélilneau-Payette et Encore Télévision inc.

Pendant quinze ans, Eric Paulhus a enchaîné les pièces de théâtre, participé à plusieurs émissions jeunesse très populaires (Une grenade avec ça, Les Argonautes, Il était une fois dans le trouble, Fée Éric, Subito Texto, L'appart du 5e) et accumulé trois prix Gémeaux pour son travail. Pourtant, c'est son interprétation de Kevin dans Lâcher Prise qui lui a permis de rejoindre près d'un million de téléspectateurs chaque semaine.

Qu'est-ce que ça change d'avoir un rôle important dans une série grand public?

La télévision jeunesse a été super importante pour moi : j'ai appris mon métier à la caméra, j'ai bien gagné ma vie et j'ai obtenu de la reconnaissance. Ceci dit, je ne cacherai pas qu'en apprenant que j'avais le rôle dans Lâcher prise, je me suis dit « enfin ». Pas tant pour la notoriété, mais parce que ça me permet de jouer d'autres situations avec parfois plus de subtilités, de meilleurs moyens... et ça fait plaisir à mes parents! Un an avant Lâcher prise, ma mère m'avait gentiment dit "je ne sais pas si tu vas jouer dans une série pour adultes avant que je meurs...". Quand j'ai finalement eu le rôle, je n'avais pas oublié sa phrase et je lui ai annoncé très vite. Au fond, c'est un sceau d'approbation plus important pour les autres. Même si je travaillais sans arrêt depuis des années, quand je disais que j'étais comédien, les gens ne me replaçaient pas, s'ils ne regardaient pas d'émissions jeunesse. On dirait que ça devenait moins valide à leurs yeux.

Pourtant, tu dois encore te faire parler de tes rôles jeunesse très souvent.

Chaque semaine, on me parle d'Une grenade avec ça. Quand les gens me rencontrent, ils font de gros yeux. Ils ont un flash de leur enfance, à un âge où on idolâtre davantage. Ils sont très, très gentils. C'est juste de l'amour et du positif!

Marlène Gélilneau-Payette et Encore Télévision inc.

Que pensais-tu du fait que les producteurs de Lâcher Prise ont confié plusieurs rôles majeurs à des acteurs qui n'étaient pas des vedettes du grand public, comme toi, Simon Lacroix ou Jean-Moïse Martin?

Je trouvais ça grandiose! L'émission bénéficie de ça. Moins les gens en savent sur les acteurs et leur vie personnelle, plus on arrive à leur faire croire des choses. Comme au début d'Unité 9, lorsque les téléspectateurs ont découvert Ève Landry et Debbie Lynch-White : ils croyaient à leurs personnages à 100 mille à l'heure, parce qu'ils n'avaient pas d'autres références.

Comment as-tu construit ton personnage?

Puisque les textes d'Isabelle Langlois étaient remplis de phrases assassines et que je disais des phrases à 1000 piastres chaque fois que j'ouvrais la bouche durant la première saison, il ne fallait pas trop appuyer la comédie. Je ne devais pas tomber dans la caricature, même si Kevin devait avoir une drive. Durant la deuxième année, il y avait un côté plus émotif : on découvrait ses rêves et ses blessures. Je trouvais ça brillant de la part de l'auteure. J'ai donc ajouté un côté plus tendre. Par exemple, avec l'enfant, on voit qu'il l'aime. Il est très paternel.

Est-ce délicat de jouer un gai un peu maniéré?

Oui, parce qu'on nous attend avec une brique et un fanal. On ne veut pas faire un cliché, mais on est dans une comédie et c'est l'fun d'y aller un peu. En plus, c'était important que les deux amoureux aient une énergie différente. Le personnage d'Éric (Simon Lacroix) avait déjà un côté moins exubérant, plus renfermé, avec un passé d'hétéro, alors c'était correct de proposer une autre couleur. N'empêche, il fallait jauger tout ça. Quand Kevin est sur la défensive et plus émotif, il a des réactions plus maniérées, mais ça bouge d'une scène à l'autre. C'est un dosage conscient.

Est-ce facile de jouer les scènes de bitchage entre Kevin et Madeleine (Sylvie Léonard)?

Au contraire, c'est tellement complexe! On travaille fort pour jouer avec simplicité des attaques cinglantes. Il faut beaucoup d'efforts pour que ça paraisse si naturel. En plus, Sylvie est tellement bonne et juste. On a un plaisir à se haïr. Même entre les scènes, on continue à se bitcher pour la blague. On a trop de fun! C'est un jeu.

Que sais-tu de la prochaine saison?

Pas grande chose. On va certainement continuer d'explorer le désir de Kevin et d'Éric d'avoir un autre enfant, mais je n'ai lu aucun texte. Les tournages sont prévus en août.

Marlène Gélilneau-Payette et Encore Télévision inc.

Du 1er au 19 mai, tu vas jouer au théâtre La Licorne dans Amour et information. À quoi peut-on s'attendre?

L'auteure Caryl Churchill aborde nos agissements quotidiens avec beaucoup d'humour et d'esprit. Elle exprime à quel point on est constitué d'informations. Oui, il y a une part en nous de ressenti, mais même l'émotif est une information. La pièce est constituée d'une multitude de petits tableaux de 10 secondes à 5 minutes sur de grands thèmes comme le savoir, la mémoire, l'émotion et la quête de sens. On s'approche un peu de l'expérience d'un laboratoire psychologique pour décortiquer ce qu'on est tous ensemble.

Vous serez neuf acteurs à jouer plus de 100 personnages. Quel défi ça représente pour toi?

Comme on ne change pas constamment de costumes ou de perruques, on doit installer une situation concrète super claire pour les spectateurs dès la première ou la deuxième réplique, à chaque nouveau tableau. Le défi est d'installer un climat. En tant qu'acteur, ça exige une précision absolue.

Qu'est-ce que cela t'apporte de retrouver la troupe de la Banquette arrière?

Dans notre métier, tu appartiens à une grande famille, mais à rien en même temps, sauf qu'avec la troupe, j'ai la sensation d'appartenir à un clan. Après 20 ans ensemble, incluant nos années d'études, les barrières de la gêne et de l'intimité sont tombées. Ça permet de commencer le travail plus loin. Il y a une facilité dans le travail très grande. Et c'est toujours un peu comme un party de Noël en répétitions. Plusieurs personnes nous disent aussi qu'il y a une très grande unité de jeu dans nos productions.

Quels sont tes prochains projets?

En plus du tournage de Lâcher Prise, je vais jouer dans une nouvelle création de la Banquette arrière la saison prochaine, dans un théâtre de Montréal. Ce n'est pas encore annoncé. Je vais aussi tourner une nouvelle saison de Madame Lebrun, la sitcom diffusée à Super Écran et Canal D, composée d'épisodes originaux : la production québécoise a obtenu les droits pour écrire de nouvelles histoires, parce qu'il n'y en avait plus à adapter de l'anglais. Et je remplace Benoit McGinnis durant la tournée québécoise de L'homme éléphant, qui a été présentée cette année au Rideau-Vert. C'est un gros défi, très exigeant physiquement. Je suis content de la confiance qu'on me porte en me confiant ça.

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