Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Une «milice d'extrême droite» attaque des grévistes étudiants en pleine nuit en France

Des individus portant des casques de moto ont attaqué le site occupé à coups de projectiles. En vain.
Sur les images tournées par cette agence proche de l'extrême droite, on distingue des individus masqués injuriant et attaquant les grévistes à coups de projectiles.
Capture LDC News
Sur les images tournées par cette agence proche de l'extrême droite, on distingue des individus masqués injuriant et attaquant les grévistes à coups de projectiles.

Les incidents deviennent presque quotidiens sur le centre Pierre Mendès France de Tolbiac, le site occupé par des étudiants grévistes de Paris I Panthéon-Sorbonne à Paris. Dans la nuit de vendredi à samedi, des individus masqués par des casques de moto, armés de poutres de bois, de fumigènes et de projectiles, ont attaqué les étudiants à l'origine du blocage, selon des témoignages concordants et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Six personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, a appris Franceinfo de source policière ce samedi, information que Le HuffPost français a pu se faire confirmer.

Selon les dires des étudiants bloqueurs, réunis sous la bannière "La Commune libre de Tolbiac" et qui dénoncent entre autres la réforme Parcoursup, ceux-ci ont été attaqués aux alentours de 23h par des individus non identifiés mais désignés comme "une milice d'extrême droite".

"La Commune Libre de Tolbiac les a repoussé [sic], après 10 minutes d'altércations [sic]. À notre connaissance, seule 1 étudiante a été blessée à la main suite à un jet de projectile", a écrit le collectif sur son compte Twitter à 23h22.

"Antifas fils de pute"

Sur les images diffusées par une journaliste présente sur place, on entend distinctement des injures visant les "antifascistes" ("Antifas fils de pute", "Antifas ha, ha, ha"), généralement proférées par des militants d'extrême droite.

Des images tournées par l'agence LDC News, qui a filmé la scène au plus proche du groupe, montrent les assaillants, désignés comme des membres d'un "comité anti-blocage", jetant des projectiles en direction des étudiants grévistes dans un climat proche de l'émeute et brandissant une banderole hostile au blocage de l'université. Banderole récupérée ensuite par les étudiants grévistes. En début d'après-midi, l'auteur de la vidéo a assuré au HuffPost qu'il était tombé sur le groupe masqué par hasard.

Ces images montrent également l'intervention de forces de l'ordre au bout d'une dizaine de minutes qui ont interpellé des assaillants à l'extérieur du site et rétabli le calme.

Escalade de la violence

Contactée, la direction de la Sorbonne a confirmé dans leur globalité ces informations qui font suite à la dégradation d'un local de l'Union des étudiants juifs de France et à des agressions visant notamment des étudiants membres de l'association d'extrême droite La Cocarde, dans un contexte d'escalade violente et de provocations mutuelles sur les réseaux sociaux.

Selon une source officielle, environ 300 personnes étaient présentes dans le centre PMF au moment de l'altercation, "dont pas beaucoup d'étudiants de Paris I" à en croire le service de sécurité présent sur place qui évoque également "la présence d'adultes" parmi les bloqueurs.

L'équipe de sûreté a contacté la police et s'est chargée de parler avec des étudiants grévistes "particulièrement choqués" par l'attaque.

Selon "la Commune libre de Tolbiac", le président de Paris-I, Georges Haddad, qui avait dit qu'il redoutait de voir une Zad (zone à défendre) s'installer au coeur de l'université, aurait condamné l'attaque et promis aux étudiants grévistes que les forces de l'ordre n'interviendraient pas sur le site.

"La présidence condamne très fermement les actes de violence commis par des personnes à l'extérieur de l'université. Elle regrette la situation actuelle au centre PMF qui dépasse le cadre d'une mobilisation étudiante classique. La présidence souhaite un retour à la normale le plus rapidement possible", a indiqué au HuffPost une source de la direction universitaire qui confirme que le président de l'université s'est déplacé sur le site aux alentours de minuit et a indiqué qu'il n'envisageait pas de faire intervenir les forces de l'ordre. L'université n'en demeure pas moins inquiète et soucieuse de garantir la sécurité des étudiants, insiste-t-elle.

Comme Le HuffPost l'écrivait en début de semaine, le site de Tolbiac, dont des étudiants ont voté le blocage illimité, est le théâtre d'une tension galopante entre des collectifs d'extrême gauche et des groupes d'extrême droite, en marge de la réforme contestée de l'université. Le gouvernement a fait savoir vendredi qu'il ne retirerait pas la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE) comme le souhaitent les étudiants. Dans un entretien accordé à Ouest-France, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal dénonce l'irruption "inadmissible et incompréhensible" d'individus violents et masqués dans des sites occupés.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

À voir aussi:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.