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Le RIVO: 25 ans à aider les victimes de violence organisée

«On les aide à passer de la survie à la vie.»
Un camp de réfugiés au Kenya.
Yann Arthus-Bertrand via Getty Images
Un camp de réfugiés au Kenya.

Le Réseau d'intervention auprès des personnes ayant subi de la violence organisée (RIVO) fêtait en mars dernier son 25e anniversaire. Pour fêter ce quart de siècle d'activité, l'organisme a choisi de se doter d'un porte-parole, le designer québécois d'origine vietnamienne Andy Thê-Anh, notamment afin de se faire davantage connaître.

Le RIVO aide les personnes ayant vécu de la violence organisée à traiter le trauma s'en étant suivi. Pour se faire, le réseau fait appel à une quarantaine de thérapeutes en pratique autonome, dont la plupart sont psychologues et parlent plusieurs langues. Pour oeuvrer au sein du RIVO, une formation d'un an est nécessaire. L'organisme fait également appel à quelques massothérapeutes, afin de trouver une autre façon de soulager les traumatismes. «Le trauma, c'est pas quelque chose qui est juste dans le corps. Il y a des choses qui sont difficiles à mettre en mots. Il y a des expériences que certaines personnes ne peuvent même pas exprimer», explique la psychothérapeute et travailleuse sociale Véronique Harvey, qui oeuvre au sein du RIVO depuis 2010.

Selon Mme Harvey, le réseau suit environ 270 cas en ce moment. Elle précise que les personnes aidées par l'organisme viennent de «partout à travers le monde» et que la proportion d'hommes et de femmes traités est sensiblement la même.

La violence organisée

La clientèle traitée par le RIVO a vécu de la violence organisée, donc qui a été organisée par l'État ou qui n'a pas pu être endiguée par celui-ci. Les personnes traumatisées ont par exemple pu être persécutées sur la base de leur genre ou de leur orientation sexuelle. «C'est de la violence humaine, qui a été faite d'un humain à un autre. C'est la violence en l'autre, la confiance en l'humain qui est brisée. Les gens qu'on traite restent avec une peur des institutions gouvernementales, pour ceux qui ont été victimes de violence de la part du gouvernement. On les aide à se remobiliser afin qu'ils puissent mieux s'intégrer. C'est comme un redémarrage de quelqu'un qui a été paralysé», précise Mme Harvey.

Recoller les morceaux, un à la fois

Véronique Harvey note que l'aide que le RIVO apporte aux personnes traumatisées ne se limite pas qu'à un aspect précis. «On aide les gens à plusieurs niveaux. On les aide à absorber ce qu'ils ont vécu et à se reconstruire en tant que personne. À reconnecter avec leurs ressources internes et leur capacité d'agir. On aide les gens à passer de la survie à la vie», souligne-t-elle.

C'est comme réparer un vase qui est cassé en mille morceaux. Il se recolle, mais il va rester des traces.

La psychothérapeute et travailleuse sociale insiste toutefois qu'il est très dur, voir impossible de réparer tout à fait tout le mal qui a été fait: «C'est comme réparer un vase qui est cassé en mille morceaux. Il se recolle, mais il va rester des traces. Par contre, le vase peut encore servir, il peut encore être très beau.»

Composer avec des moyens réduits

Même si le RIVO a offert gratuitement plus de 40 000 heures de thérapies à quelque 4000 femmes, hommes et enfants depuis sa fondation en 1993, l'utilité du réseau n'a pas toujours été reconnue. En 2012, l'organisme est même passé proche de la fermeture, alors que le gouvernement conservateur de l'époque a mis fin à des subventions représentant entre 80 et 85% de son financement. L'intervention d'un donateur anonyme ayant effectué des dons annuels de 30 000 et 50 000$ étalonnés sur quelques années a toutefois permis au RIVO de poursuivre son travail.

Un champs d'expertise varié

Véronique Harvey souligne qu'en plus d'aider les personnes ayant subi de la violence organisée, l'organisme offre également du soutien aux intervenants des hôpitaux et des CLSC, qui ne sont pas préparés à traiter des personnes traumatisées. «Ils sont dépassés et ils ne savent même pas pourquoi ils sont dépassés. C'est pourquoi on offre des formations et des consultations», explique-t-elle.

Un premier porte-parole

Andy Thê-Anh a choisi de s'impliquer avec le RIVO, sa première expérience en temps que porte-parole, entre autres parce qu'il s'agit «d'un service essentiel». Arrivé au Québec en 1981 alors qu'il était âgé de 16 ans, le designer avoue qu'il a eu de la chance. S'il a grandi pendant la Guerre du Viêt Nam, il n'en a pas particulièrement été conscient.

M. Thê-Anh considère que son rôle premier avec le réseau est de susciter l'intérêt pour celui-ci.

Pour fêter ses 25 ans, le RIVO a lancé la campagne «De la survie à la vie», qui vise à «sensibiliser le public à l'oeuvre du RIVO et à son rôle crucial auprès des victimes de violence organisée comme les guerres, les génocides, la torture, les attentats, le viol et la persécution.»

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