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Forte mobilisation anti-Lula au Brésil à la veille d'un jugement crucial

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues du Brésil mardi soir pour réclamer l'emprisonnement de Lula, à la veille d'un jugement qui pourrait contraindre l'ex-président de gauche à purger dès les prochains jours une peine de 12 ans de réclusion pour corruption.

MIGUEL SCHINCARIOL via Getty Images

Mercredi, la Cour suprême (STF) doit décider si elle accorde ou non à Luiz Inacio Lula da Silva un "habeas corpus" qui lui éviterait de se retrouver derrière les barreaux tant que tous les recours ne seront pas épuisés, ce qui pourrait durer des mois voire des années.

"S'ils concèdent l'habeas corpus, nous sommes perdus. Nous allons finir comme le Venezuela", a affirmé à l'AFP Regina Magaldi, 51 ans, qui manifestait avec plusieurs dizaines de personnes sur l'emblématique avenue Paulista de Sao Paulo, artère centrale de la plus grande ville du pays.

Dans un Brésil fortement polarisé, le jugement crucial du STF a lieu à six mois de l'élection présidentielle la plus imprévisible depuis des décennies, pour laquelle Lula, 72 ans, est donné en tête des intentions de vote.

Malgré sa condamnation pour corruption, son charisme reste intact pour toute une partie de la population ayant bénéficié des programmes sociaux qui ont permis à des millions de personnes de sortir de la misère lors de ses deux mandats (2003-2010).

Les manifestations anti-Lula de mardi ont réuni un tout autre public: la plupart blancs, issus des classes moyennes ou aisées, revêtant des maillots jaune et vert de l'équipe nationale du football.

À Rio, environ 3 000 personnes avaient bravé la pluie sur la promenade de la célèbre plage de Copacabana et d'autres manifestations de ce type avaient lieu à Belo Horizonte, Porto Alegre et d'autres grandes villes du pays.

Des manifestations organisées notamment par le mouvement "Vem Pra Rua" ("sors dans la rue"), dont la mobilisation avait contribué en 2016 à la chute de la présidente de gauche Dilma Rousseff, dauphine de Lula, destituée pour maquillage des comptes publics.

"Nous voulons que le Brésil se libère de cette corruption honteuse, que Lula soit emprisonné et que le Brésil tourne la page", a déclaré Mara Massa, 67 ans, autre manifestante de l'avenue Paulista.

Quelques manifestations pro-Lula ont également eu lieu mardi, notamment près de sa résidence à Sao Bernardo do Campo, ville industrielle proche de Sao Paulo, mais les partisans de l'icône de la gauche ont prévu de se mobiliser plus fortement mercredi, jour du jugement du STF.

Un important dispositif de sécurité est prévu mercredi à Brasilia, devant la Cour suprême où partisans et adversaires de Lula doivent se rassembler au moment du jugement, qui doit commencer en début d'après-midi. Les deux camps seront séparés par de lourdes barrières de métal et toutes les rues adjacentes seront bloquées.

Lundi, la présidente du STF Carmen Lucia a lancé un appel au calme. "Il nous faut de la sérénité pour que les différences idéologiques ne soient pas source de désordre social (...) et en finir avec un contexte de violence", a-t-elle affirmé.

En janvier, Lula a été condamné en appel à 12 ans et un mois de prison pour avoir accepté un luxueux appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de BTP impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras. Ce qu'il a toujours farouchement nié, mettant en avant l'absence de preuves.

Une décision de la Cour suprême datant de 2016 stipule que toute peine de prison peut commencer à être purgée dès la condamnation en deuxième instance, ce qui est le cas pour Lula.

Mais les 11 juges qui composent la plus haute juridiction du pays ont déjà montré qu'ils étaient divisés sur ce point, ce qui laisse à l'ex-président une chance de rester en liberté le temps de présenter des recours devant d'autres instances supérieures, y compris le STF.

Les avocats de Lula considèrent que l'"habeas corpus" doit être concédé au nom de la présomption d'innocence, un argument réfuté mardi par la procureure générale de la République, Raquel Dodge.

Pour elle, le fait de devoir attendre que tous les recours soient épuisés est "une exagération qui anéantit le système judiciaire", les procédures pouvant durer plusieurs mois.

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