ÉDUCATION - Le harcèlement scolaire a beau revenir très souvent sur le devant de la scène, les solutions concrètes sont encore à trouver. L'histoire racontée ce mercredi 28 mars par Miriam* (@AccioSheeran), une internaute de 21 ans, le prouve à nouveau. Partagé plus de 27.000 fois à l'heure où nous écrivons cet article, son tweet raconte le harcèlement moral et physique subi depuis le début de l'année scolaire par son petit frère de 11 ans, scolarisé au collège Paul-Bert à Malakoff (Académie de Versaille).
Le calvaire du petit garçon aurait commencé dès sa rentrée en sixième au mois de septembre 2017. Toujours selon la série de tweets de sa grande soeur, la famille aurait découvert les sévices subis au mois de novembre, mais rien n'aurait été fait malgré des signalements et une communication régulière avec la CPE.
Cette semaine, son entourage découvre de nouvelles traces physiques du calvaire: des bleus, lunettes cassées... et c'est après une énième "crise de colère" que le collégien finit par se confier sur son terrible quotidien, dans une lettre poignante écrite à ses parents.
Très remontée, sa grande soeur, elle-même victime de harcèlement, la partage, dans l'espoir de faire réagir l'établissement.
Le texte décrit des agresseurs qui seraient tous âgés de deux ans de plus que la victime, et scolarisés dans le même établissement. Le petit garçon subit un traitement particulièrement dur: des coups réguliers, des brimades, des humiliations, des crachats et même un compas planté dans la jambe.
Vague de solidarité
La grande soeur de la victime, très émue, déplore le manque de sensibilisation et de décisions prises par la direction, et pointe surtout un manque de communication en interne. "C'est très grave, confie-t-elle au HuffPost, interrogée par téléphone. Pour l'histoire du compas, il se trouve que la CPE était au courant mais n'a jamais pris la peine de prévenir ma mère", nous apprend la jeune femme.
Le petit garçon dit effectivement dans sa lettre avoir déjà tenté d'en parler à un adulte, qui lui aurait répondu qu'il s'agissait d'un "jeu" entre élèves. Les coups auraient d'ailleurs redoublé après l'alerte aux surveillants.
Heureusement, l'histoire se termine bien. Le message original de la jeune fille a aujourd'hui plus de 850 réponses d'internautes inquiets pour la santé de son petit frère. Tous envoient leur soutien à la famille, et beaucoup donnent des conseils pour gérer la situation. Le petit garçon qui portait jusque là sa souffrance seul, est désormais entouré d'une armée d'internautes.
"Je lui ai aussi montré vos nombreux messages (Merci beaucoup d'ailleurs vous savez pas à quel point ça me touche), j'espère que ça le poussera à parler avec nous de tout ça et de vive voix surtout... merci", écrit-elle en réponse au tweet original.
Réunion au collège et plainte au commissariat
Cette vague de solidarité a poussé certains de ses camarades de classe à le contacter, pour apporter leur soutien. Devant tant de réactions, le petit garçon a accepté d'accompagner sa mère au commissariat pour porter plainte ce vendredi 30 mars.
De son côté, l'académie de Versailles nous confirme que la situation a aussi été prise en charge au niveau du collège ce vendredi 30 mars. Une réunion a eu lieu avec la directrice de l'établissement ainsi que les ressources de la vie scolaire face à toute la famille. Miriam, quant à elle, a salué la rapidité de la réaction de l'académie, et nous a confirmé que le problème était en voie d'être réglé une fois le dialogue rétabli avec la direction.
Les harceleurs auraient été reçus de leur côté par la directrice de l'école. L'académie de Versailles maintient qu'aucun signalement antérieur ne leur a été fait, à eux ou au Rectorat.
Le collège Paul-Bert de Malakoff n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
En novembre 2017, le ministère de l'Education Nationale a dévoilé de nouveaux clips contre le harcèlement scolaire. 700.000 enfants se seraient sentis un jour harcelés, selon des statistiques ministérielles de 2017, soit 5 à 6% des élèves. Un numéro gratuit, le 3020 est mis en place pour que les victimes ou les témoins se manifestent.
*le prénom a été modifié
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