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Le FailCamp: le contre-événement d'affaires qui normalise l'échec

L'ex top modèle Ève Salvail et le cofondateur de l'événement, Francis Gosselin nous ont parlé.
Getty Images

La septième édition du FailCamp, le «contre-événement d'affaires» qui encourage les participants à partager leurs insuccès professionnels, se déroule le jeudi 29 mars au théâtre Paradoxe de Montréal.

Au programme, des conférenciers connus et venus d'univers très différents: le comédien et acteur Christian Bégin, la directrice du design chez Shopify, Cynthia Savard Saucier, le comédien Jean-Marie Lapointe, le cadre en résidence Dominique-Sébastien Forest et la mannequin Ève Salvail.

Nous nous sommes entretenus avec cette dernière qui a une vision bien personnelle de l'échec - fort inspirante.

De mannequin à conférencière

En 1992, Ève Salvail, 5 pieds 9, longue silhouette androgyne, voit sa carrière exploser après avoir défilé quelques minutes seulement pour Jean-Paul Gaultier. Avant cela, sa carrière piétinait. Devenue l'une des muses du couturier parisien, elle sera de tous les défilés et de toutes les campagnes publicitaires dans les années qui suivent. Celle qui soufflera ses 47 bougies en avril a depuis quelques années délaissé le mannequinat au profit d'une carrière de DJ. Elle prépare également une ligne de vêtements et a présenté il y a quelques années une exposition de dessins qu'elle avait réalisés au fil des ans. Que ce soit au niveau du mannequinat, de la mode, de la musique ou du dessin, elle assure s'être «plantée dans tous ces domaines».

Pour moi, l'échec... ça n'existe pas.

L'ex top modèle affirme toutefois ne percevoir aucune de ses expériences comme étant un échec en tant que tel. «C'est comme ça qu'on apprend. On apprend tellement peu de nos succès comparativement à nos erreurs, souligne-t-elle. [...] Sur le coup, c'est l'ego qui fait mal. C'est tout le temps l'ego, parce qu'on a peur de ce que les autres vont penser. Mais tu n'apprends pas sans ça.»

La mannequin Ève Salvail
Michael Williams
La mannequin Ève Salvail

«Pour moi, l'échec, ça n'existe pas, je vois ça comme des essais, continue-t-elle. C'était très très dur pour moi de trouver ce dont j'allais parler [pendant ma conférence]. Je ne pouvais pas arriver sur la scène et dire: "Allô, l'échec n'existe pas, bye!"»

Si t'essaies pas, tu ne réussis pas. Par exemple, tu te dis pas que tu vas gagner la loterie si t'achètes jamais de billet.

Ève Salvail insiste sur le fait qu'un insuccès peut n'être qu'éphémère. Pour illustrer son propos, elle raconte cette fameuse ligne de vêtements sur laquelle elle travaille en ce moment, mais dont la version précédente n'avait pas réussi à capter l'intérêt de détaillants tels que Simons, Target Canada et Reitmans il y a quelques années. «Je lance la ligne de vêtement avec Pascal Labelle, un designer québécois que j'adore. C'est exactement ce que je voulais faire comme modèle, donc je suis presque contente que cela n'ait pas marché il y a deux ou trois ans.»

Celle qui sera conférencière pour la première fois jeudi admet qu'elle est stressée à l'idée de présenter son allocution. «Je n'ai jamais donné de conférence. Parler de mes expériences personnelles? Je n'ai jamais fait ça non plus. Ça me sort complètement de ma zone de confiance. Mais encore là, c'est un essai», avoue-t-elle.

Normaliser l'échec

Le cofondateur du FailCamp, Francis Gosselin, a créé l'événement à partir du constat qu'il était justement mal vu au Québec de parler d'erreurs ou d'échec dans la vie professionnelle. «On a lancé l'événement dans l'idée de normaliser le fait que des gens connus, habituellement associés à la réussite, avaient eux aussi eu des échecs», explique-t-il.

Le cofondateur du FailCamp, Francis Gosselin
Taran Matharu
Le cofondateur du FailCamp, Francis Gosselin

Ayant lui-même fait son chemin dans le milieu de l'entrepreneuriat, Francis Gosselin n'hésite pas à indiquer qu'il a personnellement connu quelques échecs au cours de son parcours.

«Au début de mon baccalauréat, j'ai lancé une entreprise de peinture résidentielle étudiante. J'ai appris beaucoup de choses, j'ai engagé des employés, j'ai signé des contrats, j'ai vendu des contrats. J'ai fait des dizaines voir une centaine de milliers de dollars. Tout ça pour réaliser à la fin de l'été que c'était une perte importante. J'ai fait tout ça sans me rémunérer.[...] J'estime que j'ai perdu entre 4000 ou 5000 dollars», raconte-t-il. Il précise toutefois que l'apprentissage qu'il a tiré de cette expérience est plus importante que la perte financière qu'il a subie.

Au sujet d'une potentielle peur d'échouer en affaires, M. Gosselin avoue qu'elle n'est plus vraiment présente chez lui. En cas d'erreur d'un des employés de FailCamp, par exemple, l'équipe de direction va davantage essayer de recadrer celui-ci et apprendre de ce faux-pas.

Le FailCamp rassemble essentiellement des curieux, des jeunes entrepreneurs, des institutions de soutien aux entrepreneurs et des étudiants.

M. Gosselin affirme que si un événement basé sur la notion d'échec peut sembler un brin déprimant, la mouture du FailCamp, qui inclut des témoignages et des confidences parfois empreints d'humour, fait en sorte que les participants ne finissent pas la journée avec le coeur trop lourd.

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