Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Lynda Johnson et «Fugueuse»: «Ça nous met peut-être plus concrètement dans le visage ce qui arrive à ces filles-là»

Inévitablement, Lynda Johnson a beaucoup pensé à ses trois enfants en s’immergeant dans ce récit.

4 et demi. Rumeurs. Fugueuse. Chacune à sa façon, ces trois fictions québécoises ont marqué le public. Et elles ont également toutes, comme dénominateur commun, le fait de compter Lynda Johnson dans leur distribution.

La principale intéressée éclate de rire lorsqu'on lui fait remarquer les bons auspices sous lesquels semble se dérouler sa carrière.

«Quand j'ai le loisir de choisir, j'essaie de prendre des projets qui vont être, effectivement, intéressants, mais on ne sait jamais, hasarde Lynda Johnson. Quand je dis «intéressants», je ne parle pas de succès, parce que, quand on démarre un projet, on ne sait jamais. Nous, tout ce qu'on reçoit, c'est un texte, un petit briefing, et on nous demande de faire partie de l'aventure ou pas. On ne sait jamais ce que ça va donner en bout de ligne, mais oui, je pense que j'ai une bonne étoile (rires)»

«Ou un flair particulier?», la relance-t-on.

«Un mélange des deux, sûrement! (rires)»

Collé sur la réalité

Chose certaine, peu importe ce qui a mené Lynda Johnson à Fugueuse, le résultat est concluant. La comédienne confirme ce qu'on devinait déjà sans peine : on lui parle énormément de la série-événement de TVA, qui prenait fin lundi, depuis le début de l'hiver.

«Je pense que ça va chercher les gens, soutient la comédienne. On est malheureusement très, très collés sur un phénomène de réalité. Michelle Allen (l'auteure) a créé une œuvre de fiction à partir de plusieurs histoires, de différentes personnes, mais il n'en demeure pas moins qu'on est collés sur une réalité.»

«C'est un phénomène qui est là, qui existe, celui des jeunes femmes qui disparaissent pour aller travailler pour ces proxénètes, et je pense que ça dérange les gens. En tout cas, ça nous met peut-être plus concrètement dans le visage ce qui arrive à ces filles-là. Ce n'est plus juste une photo dans le journal qui nous dit «qu'une telle» a disparu ; on est maintenant capables, avec la série Fugueuse, de tracer leur parcours, à ces filles-là, et c'est peut-être ce qui est dérangeant.»

Pour se préparer à incarner Mylène, cette maman dépassée qui voit sa fille aînée, Fanny (Ludivine Reding) s'enfoncer dans l'enfer de l'exploitation sexuelle, Lynda Johnson explique avoir regardé un documentaire sur le même sujet pour lequel Michelle Allen avait écrit dans le passé, de même que le film Ma fille n'est pas à vendre, d'Anaïs Barbeau-Lavalette.

«Sincèrement, c'était quelque chose que je ne connaissais pas vraiment. Je voyais comme tout le monde, avant, ces filles qui disparaissaient, je sais ce qu'est le proxénétisme, mais je n'avais pas de références comme telles. En parlant avec Michelle Allen, avec des mères, des policières, j'ai plongé dans cet univers, et ça m'a dressé un tableau plus complet de la réalité de ces filles-là.»

«Peut-être un peu comme tout le monde, j'avais des préjugés, en me disant que ces filles-là étaient dans des centres jeunesse, qu'elles avaient peut-être envie de sortir et de connaître autre chose. Mais ce dont on se rend compte, en parlant avec les policières qui ont travaillé avec Michelle Allen, c'est que souvent, les filles se font recruter par les réseaux sociaux, dans les collèges, au terminus d'autobus... Ce sont des filles qui peuvent aussi faire partie d'une famille comme on voit dans Fugueuse

Discussions en famille

Inévitablement, Lynda Johnson a beaucoup pensé à ses trois enfants, un garçon de 16 ans et deux filles de 14 et 10 ans, en s'immergeant dans le récit de Fugueuse.

«On en parlait avant, quand je voyais ça dans les journaux, quand on en entendait parler aux nouvelles. Naturellement, j'avais une pensée pour les parents. Parce que, quand tu es parent, l'une des premières choses que tu cherches à accomplir, c'est que tes enfants soient en sécurité. On veut pouvoir leur prodiguer des soins, si jamais ils ne vont pas bien. Ce dont je me rends compte, quand tu es parent d'une fugueuse, c'est que tu n'as plus de lien. Tu n'as plus cette possibilité de savoir où est ta fille, et avec qui elle est, de la sortir du danger... Et c'est ça qui est épouvantable! Ça met les parents dans un état de vulnérabilité, dans un état, complètement, d'impuissance.»

«J'en ai parlé avec mes enfants, avec mes filles. Le fait de regarder la série ensemble crée des discussions tout le temps. Et tant mieux, parce que l'idée, c'est d'en parler, aussi. C'est de pouvoir écouter ce qu'eux ont à dire par rapport à ça, leur opinion, ce qu'ils en pensent. C'est intéressant, ça crée de belles discussions (rires)»

TVA a donné son aval à une deuxième saison de Fugueuse, mais il est encore trop tôt pour savoir si Lynda Johnson en fera partie. En attendant, celle-ci est impliquée dans un nouveau projet qui devrait être dévoilé prochainement, et sera de retour dans O'l'automne prochain. Les nouveaux épisodes seront enregistrés dès la fin avril. «La complexité de la famille O'Hara, c'est le fun à jouer!», s'emballe l'interprète de Josée dans cette série.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.