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Une loi «Athena» pour interdire la vente de boissons alcoolisées à plus de 6,5%

Une pétition circule dans le but d'éviter des accidents tragiques comme celui d'Athena Gervais.
Police de Laval

Des proches d'Athena Gervais ont lancé une pétition sur le web afin de forcer le gouvernement à interdire la vente de boissons alcoolisées avec un taux dépassant 6,5% dans les dépanneurs.

En entrevue téléphonique au HuffPost Québec, la marraine d'Athena, Cynthia Painchaud raconte avoir lancé la pétition après une discussion avec Alain Gervais, le père de la défunte. «Je tournais en rond chez moi et je pleurais, je me demandais comment aider. Cet accident est trop bête. Athena, c'était la plus tranquille de la famille», relate-t-elle. «Je savais qu'Alain était en démarche avec l'opposition à Québec, alors je me suis occupée de la pétition.»

Avec cette demande, Mme Painchaud souhaite que les produits comme celui qu'a consommé Athena soient mieux contrôlés. «Je vise à ce que ce soit moins accessible pour les jeunes. Je veux que la mort d'Athena serve à quelque chose, que d'autres accidents comme le sien soient évités.»

Déjà, Mme Painchaud a constaté un éveil dans son entourage. «Oui, beaucoup de gens m'ont dit qu'ils avaient eu des discussions avec leurs enfants, surtout les adolescentes. Elles sont plus vulnérables de par leur constitution à ces boissons. Athena, ce n'était pas une jeune qui buvait tout le temps. Elle me demandait toujours d'acheter du champagne sans alcool quand elle était en visite. C'était un trip de jeunesse qu'elle voulait vivre...», se rappelle-t-elle.

Sous la pétition en ligne, on peut lire:

«Nous cherchons à donner un sens au décès d'Athena Gervais, décédée accidentellement le 1er mars 2018, alors qu'elle avait consommé des boissons énergisantes avec un fort taux d'alcool (11,9%)! Toute la société est concernée par cette problématique des boissons trop attirantes pour les jeunes et trop facilement accessibles, parce que cette mort aurait pu arriver à n'importe quel autre enfant! Les hôpitaux peuvent témoigner de nombreux cas de coma éthylique de mineurs provoqués par ces boissons»

La pétition est adressée à la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec et au premier ministre du Québec.

Six propositions d'Éduc'alcool

Du côté d'Éduc'alcool, le directeur général souligne que toute action citoyenne doit être soulignée. «Il faut encourager de tels gestes», confie Hubert Sacy en entrevue au HuffPost Québec.

M. Sacy a par contre des reproches à faire aux paliers de gouvernement qui se sont échangé les responsabilités de la gestion des boissons alcoolisées sucrées après le drame de la jeune Athena. «Québec dit que c'est Santé Canada qui gère ce dossier, puis le lendemain Santé Canada dit que c'est le Québec. Nous, on a démêlé le vrai du faux», indique-t-il.

Éduc'alcool propose six mesures à adopter afin d'éviter que de tels drames se reproduisent. Trois concernent la législation canadienne, et les trois autres les compétences québécoises, en matière de vente de boissons alcoolisées sucrées. M. Sacy veut surtout s'attaquer aux boissons ou le goût de l'alcool est masqué. «Une bière, ça goûte la bière, du scotch, ça goûte le scotch» ce qui n'est pas le cas de FCKD UP ou de Four Loko, résume-t-il.

Pour ce qui est des lois fédérales, Éduc'alcool propose ni plus ni moins que l'interdiction de vente de ses boissons où le goût d'alcool est masqué. Si le gouvernement ne veut pas entendre cette demande, M. Sacy plaide pour limiter les formats de vente. Une législation pourrait interdire la vente dans des contenants de trois ou quatre verres standards, comme c'est le cas habituellement. Finalement, le gouvernement fédéral pourrait aussi minimiser l'attrait de ces boissons pour les mineurs et les consommateurs vulnérables en légiférant l'étiquetage pour le rendre plus sobre.

Du côté de Québec, Éduc'alcool pense que le gouvernement ferait oeuvre utile en haussant le prix minimum pour ces produits. «Un FCKD UP, c'est quatre verres pour 3,33$, ce qui revient à moins de 0,80$ par verre standard. Si on haussait au prix à 1,60$ par verre, qui fait consensus selon des recherches scientifiques, le FCKD UP serait vendu 6,40$. On sait que le prix a une forte incidence chez les jeunes consommateurs», avance M. Sacy.

Le gouvernement du Québec pourrait aussi restreindre la vente à la Société des Alcools. «On aurait 400 points de vente au lieu de 14 300. Ce serait comme partout ailleurs au Canada», compare-t-il. Finalement, il suggère de revoir les règles en matière de publicité et de promotion de ces boissons sucrées.

«C'est le temps de passer à l'action», martèle-t-il.

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