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«Annihilation»: Le vrai sujet du film de Natalie Portman, c'est la dépression

Un film de science-fiction, mais pas seulement...
Natalie Portman incarne Lena dans
Paramount Pictures
Natalie Portman incarne Lena dans

CINÉMA - "Un film qui m'a laissé sans voix", "un voyage intérieur", ou encore "un film époustouflant", "Annihilation" a récolté des critiques élogieuses après sa sortie le 23 février dans les salles américaines. Tiré d'un livre de 2014, ce récit de science-fiction a été adapté par Alex Garland le producteur de "28 Jours plus Tard" et réalisateur de "Ex Machina". Il débarque sur Netflix en France à partir de ce lundi 12 mars.

Si les commentaires sont aussi bons, c'est en partie car de nombreux spectateurs ont pu se reconnaître dans le voyage psychologique des personnages. Entre autodestruction et dépression, plusieurs scènes peuvent faire écho aux maladies mentales.

Dans ce film à l'esthétique très soignée ("Annihilation" est un vrai plaisir visuel et auditif), Natalie Portman tient le premier rôle. Elle incarne Lena, une biologiste qui accompagne une équipe de 4 femmes scientifiques dans une zone écologiquement instable. Son mari (interprété par Oscar Isaac), membre de la précédente expédition, se trouve entre la vie et la mort. Dans l'espoir de trouver l'origine de sa mystérieuse maladie, la scientifique décide d'aller étudier le phénomène directement de l'intérieur. Mais une fois là-bas, elle et son équipe n'en sortiront pas indemnes.

De gauche à droite: Natalie Portman et Tessa Thompson dans ANNIHILATION, de Paramount Pictures et Skydance.
Peter Mountain
De gauche à droite: Natalie Portman et Tessa Thompson dans ANNIHILATION, de Paramount Pictures et Skydance.

Une question d'autodestruction

A priori, ce scénario ne nous parle en rien de la dépression. Mais une critique de Vulture, souffrant elle-même de cette maladie, a perçu le film comme un voyage qui retrace l'évolution de la dépression.

Cette lecture psychologique se vérifie dès les premières minutes du long-métrage, lorsqu'on apprend que les quatre femmes que l'on va suivre "n'ont rien à perdre". Le cancer, le suicide, l'alcoolisme ou la perte d'un proche, chacune des héroïnes a un fardeau à porter. Elles connaissent l'autodestruction. "On fume, on boit, on foire les boulots ou les mariages heureux", lance d'ailleurs un personnage. Un symptôme que l'on retrouve dans la zone qu'elles explorent. L'autodestruction y est biologique.

"Si je devais mettre un visage sur ma dépression, ce serait sûrement celui là"

Le phénomène de miroitement ("the shimmer") qui intéresse les scientifiques dans ce film, peut aussi être perçu comme une représentation de la folie, estiment certains. Il désoriente les personnages et les transforment progressivement pour les éloigner de plus en plus de leur personnalité de départ... "The shimmer" modifie l'ADN des créatures de la zone comme une maladie mentale modifie la personne qui en souffre.

For what it's worth, what truly impressed me about ANNIHILATION is how accurately it portrays what living with depression and mental illness is like without outright *saying* that's what it's all about

— Chris Evangelista (@cevangelista413) February 26, 2018

"Pour ce que ça vaut, ce qui est vraiment impressionnant avec le film "Annihilation" c'est la façon dont il décrit avec précision ce que c'est de vivre avec une dépression ou une maladie mentale, sans dire que ça concerne principalement ce sujet".

"Je pense qu'"Annihilation" est un film qui montre comment la dépression peut nous rendre méconnaissables. Essayer d'expliquer la dépression aux autres, c'est comme expliquer un monde extraterrestre. Ce film m'a profondément touchée."

"J'ai vu "Annihilation aujourd'hui. Tout le film est une métaphore de la dépression, et les créatures sont l'incarnation du chagrin, du traumatisme et de la lutte de chaque femme. Je suis admirative."

Dans son texte très personnel, la critique de Vulture confie bien connaître la désorientation que les personnages subissent dans le film. Elle dit la vivre au quotidien. "Une fois que tu y rentres, tu n'en ressors plus, ou tu en ressors changé à jamais", confie-t-elle.

L'auteure dit également avoir retrouvé sa dépression dans l'une des créatures les plus effrayantes du film: "Si je devais mettre un visage à ma dépression, peut-être qu'elle ressemblerait à ça", écrit-elle.

Gina Rodriguez, Tessa Thompson, Tuva Novotny, Natalie Portman et Jennifer Jason Leigh dans ANNIHILATION, de Paramount Pictures et Skydance.
Netflix
Gina Rodriguez, Tessa Thompson, Tuva Novotny, Natalie Portman et Jennifer Jason Leigh dans ANNIHILATION, de Paramount Pictures et Skydance.

Cette critique psychologique et ce témoignage a changé la perception du film pour beaucoup de spectateurs outre-Atlantique, si bien que certains se sont dits prêts à voir "Annihilation" une seconde fois, sous cet angle. Il serait donc dommage de passer à côté de cette clé de lecture.

"J'ai beaucoup aimé ce film la première fois, comme une méditation sur la nature, mais je souffre de dépression depuis plusieurs années et tout ça a du sens. Maintenant, je l'aime deux fois plus. Merci, merci, merci."

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