ESPACE - Et si la vie extraterrestre se cachait sous un océan de glace? Une théorie qui peut sembler farfelue à première vue, mais qui est soutenue par de nombreux scientifiques. Et dans un tel cas, l'un des plus sérieux candidats dans notre système solaire s'appelle Encelade, une des lunes de Saturne.
Le satellite de 500 km de diamètre a notamment été observé en détail par la sonde Cassini, en orbite autour de Saturne de 2005 à 2017. Le vaisseau de la Nasa y a détecté des geysers qui ont permis d'analyser la composition de l'océan sous l'épaisse couche de glace.
En étudiant ces données, les chercheurs y ont découvert plusieurs éléments essentiels au développement de la vie telle que nous la connaissons: de l'ammoniac, du dioxyde de carbone, du méthane ou encore des composés organiques (à base de carbone).
Mieux, en 2017, la sonde a détecté de l'hydrogène dans ces geysers. Ce qui voudrait dire que des sources hydrothermales seraient présentes. Une forme d'énergie qui pourrait pallier le manque de lumière pour l'émergence d'une vie extraterrestre. Pour faire simple, tout cela donne un cocktail qui pourrait être suffisant pour permettre à certaines formes de vie microscopiques d'exister sur Encelade.
Justement, des scientifiques ont voulu tester cela en laboratoire, rapportent le Washington Post et The Atlantic.Leurs travaux ont été publiés dans Nature le 27 février.
"Dans ces conditions, la vie pourrait exister" sur Encelade
Pour ce faire, ils ont mis en place des petits habitats censés mimer les conditions de vie sous la surface gelée d'Encelade. Puis ils y ont placé différents types d'archées. Ces organismes microscopiques, composés d'une seule cellule, sont similaires aux bactéries et peuvent vivre dans des milieux difficiles, sous la mer, à des températures et des pressions bien différentes de la vie multicellulaire, près de sources hydrothermales. Ils sont considérés par les scientifiques comme l'une des plus anciennes formes de vie terrestre.
L'une de ces archées s'est notamment très bien adaptée à cet environnement censé mimer Encelade. Son petit nom? Methanothermococcus okinawensis (que l'on va appeler "Mo", ça sera plus simple). Ce micro-organisme se nourrit justement de dioxyde de carbone, d'hydrogène et rejette du méthane. Cette archée a été découverte sur Terre, au large du Japon, plus de 900 mètres sous le niveau de la mer.
Les scientifiques ont testé Mo dans différents environnements en laboratoire, visant à mimer les possibles conditions environnementales d'Encelade. Même en changeant le pH, la concentration des différents éléments chimiques ou encore la pression, Mo a réussi à se développer dans la plupart des configurations.
"Dans ces conditions, la vie pourrait exister" sur Encelade, estime ainsi Simon Rittmann, auteur principal de l'étude interrogé par The Atlantic. Mieux: si de telles archées étaient cachées sous la glace d'Encelade, cela pourrait expliquer la présence du méthane détecté par Cassini.
De la théorie à la pratique
Enfin, en théorie. Car si ces travaux sont encourageants, il ne faut pas tirer de conclusions trop vite. Ainsi, le méthane présent sur Encelade peut également s'expliquer via des réactions non-biologiques, comme dans l'océan Arctique.
Reste également à voir si les concentrations testées correspondent bien à celles d'Encelade. Trop de formaldéhyde, un gaz inflammable détecté sur la lune de Saturne, pourrait empêcher la vie de se développer. Reste également à s'assurer avec certitude que l'hydrogène détecté dans les geysers d'Encelade est bien dû à des sources hydrothermales. Or, sans source d'énergie, point de vie.
Pour lever le voile sur la mystérieuse lune saturnienne, il n'y a pas 36 solutions: il faudrait y retourner. Pour l'instant, la Nasa n'a pas de projet de ce type. Mais l'année prochaine, l'agence américaine doit choisir sa mission d'exploration spatiale à horizon 2025. Plusieurs projets envisagent ainsi de retourner sur Encelade.
En parallèle, l'agence américaine a surtout l'ambition d'envoyer une sonde explorer Europe, une lune de Jupiter qui dispose également d'un océan de glace, de geysers et, en théorie du moins, des mêmes éléments nécessaires à la vie qu'Encelade. Sauf que pour l'instant, le budget serré de la Nasa n'a pas encore permis de transformer ce projet en mission officielle.
Peut-être que la découverte d'une vie extraterrestre ne sera pas l'oeuvre d'un Etat. En novembre dernier, le milliardaire russe Yuri Milner, qui souhaite envoyer une sonde minuscule vers Alpha du centaure, a annoncé réfléchir à une mission d'exploration privée d'Encelade.
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