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Retour en arrière avec Vincent Vallières

«J'ai encore le sentiment de commencer, de débuter, d'avoir tout à prouver...»
Courtoisie Spectra

Vincent Vallières a du mal à arrêter de rire lorsqu'on lui rappelle ses débuts dans le métier de la chanson.

Son dernier album, Le temps des vivants, septième de sa discographie, lancé il y aura bientôt un an, ne marque pas de quelconque anniversaire, mais laisse néanmoins constater tout le bitume avalé par le chanteur en près de 20 ans, tant en termes d'accomplissements que de maturité artistique. Surtout quand on jette un œil à la section «Boutique» de son site web, où est répertoriée son œuvre entière. L'évolution est flagrante.

«Ça m'a sauté aux yeux quand le disque est sorti, confirme Vincent Vallières lorsqu'on lui désigne le fait. Je me suis beaucoup fait parler de ça, mais je ne l'avais pas tellement calibré, ce bout-là, du chemin parcouru. Je n'avais pas pensé à ça. Et j'ai réalisé que le temps avait vraiment passé vite.»

«Moi, j'ai encore le sentiment de commencer, de débuter, d'avoir tout à prouver. Je constate qu'il y a certains acquis, mais on se rend compte que tout ça est fragile. Essentiellement, ça me fait drôle de penser ça. Je ne me sens pas là pantoute, dans ma vie. Si on m'avait dit ça, il y a 15 ou 20 ans, que j'aurais tant d'albums lancés, de tournées et de spectacles accumulés, je ne l'aurais probablement pas cru...»

Apprendre l'humilité

Son tout premier effort, Trente arpents, incluant les Faut que tu fesses fort et Ti-Guy qui s'détruit qui ont fait les beaux jours d'une certaine époque révolue de MusiquePlus, sortait en 1999. Vallières y apparaissait, au-devant, minois juvénile, coupe de cheveux polie et veston en velours côtelé au dos. Il s'en amuse lui-même.

«Il n'y a pas tant de monde, dans l'industrie, qui mettait ses billes sur moi, avance-t-il en éclatant de rire. Si on avait à parier sur un cheval, il n'y en a pas beaucoup qui mettaient leur cash sur Vallières. Juste à regarder la photo de la pochette...»

De presque encore adolescent à la bouille incertaine, mais sûre de lui, à l'homme mûr, père de famille et créateur chevronné, reconnu et respecté qu'il est aujourd'hui, Vincent Vallières a grandi, à tous les égards. Laissons-le se raconter.

«Moi, quand je me suis lancé là-dedans, j'étais à l'université, se remémore l'auteur-compositeur-interprète. Les deux premiers disques (Trente arpents et Bordel ambiant, en 2001), j'avais 19 et 21 ans quand c'est sorti. C'a été pour moi la découverte du métier, mais surtout la découverte du territoire, de comment on fait des chansons. J'ai été super chanceux que mes premiers albums n'aient pas de succès commerciaux; ça m'a permis de cheminer dans l'anonymat. J'ai été chanceux d'avoir un producteur qui a été très patient avec moi, qui a accepté de travailler avec moi à long terme. Mais c'est plus facile de le dire plus tard que pendant, parce que l'incertitude est tellement grande, quand tu te lances...»

Il trouve d'ailleurs difficile de réécouter ses premières tentatives, dont les quatre premières ont été propulsées par un producteur régional. Il a fait son entrée chez le géant Spectra avec Le monde tourne fort, son cinquième opus, en 2009.

«D'ailleurs, quand je vais rencontrer le public après les shows, des fois, il y en a qui achètent ces premiers albums-là, et je leur dis : «Êtes-vous vraiment certains?» (rires) Oui, il y a une certaine tendresse. Je me dis : ''Cr..., pareil!'' C'est bien correct. C'est mal chanté, mal joué, mais c'est fait avec tout mon cœur. C'est grâce à ça que j'ai pu faire le reste, la suite. Et le fait que ça ait eu un certain écho m'a permis de continuer.»

«C'est une bonne affaire, le fait que ça n'ait pas trop marché. J'ai vraiment appris l'humilité. Et je pense que c'est quelque chose qui m'accompagne au quotidien dans mes décisions, encore aujourd'hui. Je ne regrette rien de tout ça.»

Affranchi d'On va s'aimer encore

Ce n'est en effet pas tous les jeunots qui ont la chance d'apprivoiser le merveilleux monde de la musique et du showbiz à l'ombre des projecteurs... et de voir ceux-ci s'allumer exactement au bon moment. Graduellement, progressivement. Et, de surcroît, de continuer d'en bénéficier après deux décennies, au bout de sept propositions adoptées tant par les radios que le public.

«À partir de Chacun dans son espace, j'ai vraiment senti que j'ai monté une espèce de marche. Un disque en a emmené un autre. Le premier disque était celui de tous les apprentissages ; le deuxième était fait en réaction au premier, sorte de cri du cœur pour montrer que je n'étais pas cet album-là, pas seulement ces clips-là. J'étais plein d'autres choses! Avec le troisième, Chacun dans son espace, c'est vraiment là que j'ai trouvé ma personnalité et ma façon de faire les choses. Encore aujourd'hui, il y a peut-être trois ou quatre tunes de Chacun dans son espace qu'on joue en show, parce que je les aime tellement, ces chansons-là, et je peux les porter avec beaucoup de plaisir, maintenant, beaucoup de fierté, soir après soir. Ça me parle encore énormément.»

«L'esprit qui accompagne mon groupe de musiciens, les anciens comme les nouveaux, la vie de tournée, avant, pendant et après les shows, c'est très proche de ce que c'était quand on était jeunes, continue Vincent Vallières. Il y a une naïveté qui se perd, mais le plaisir brut, le fait de partir ensemble, de faire ça, nous habite encore. Je me dis qu'il faut vraiment en profiter, il faut saisir chaque moment.»

Ce voyage en crescendo lui a même fait connaître le bonheur, mais aussi la frousse, d'un méga-tube, d'une pièce devenue emblématique et désormais considérée comme un classique du catalogue québécois. Sa chanson-signature, son Blues du businessman à lui, qui joue encore et jouera probablement toujours : On va s'aimer encore.

Bonheur, car quelle voix ne rêve pas d'une telle résonnance? Mais frousse, parce qu'il aurait pu ainsi devenir l'homme d'un seul succès, à jamais enchaîné à sa ritournelle amoureuse.

Encore là, la conjoncture a favorisé Vincent Vallières. Désormais, il sent qu'il est libéré du boulet qu'aurait pu être On va s'aimer encore, mais qu'il en a conservé les essentielles retombées positives.

«Je trouve que c'est vraiment Le temps des vivants le disque qui me permet de m'affranchir de ça, observe-t-il. De retourner à la route de l'artisan, au gars que j'ai toujours été. Le gars qui fait des tunes, qui fait des disques, qui a une crowd qui le suit. Tout ce qui est venu avec ça, on dirait qu'il me reste surtout le beau de l'affaire. C'est là que je suis rendu.»

Vincent Vallières présente son spectacle Le temps des vivants en supplémentaire à L'Astral, dans le cadre de Montréal en lumière, ce soir, jeudi 1 mars. Sa tournée se poursuivra ensuite à Brossard, Shawinigan, Trois-Rivières, Magog et dans le reste du Québec d'ici la fin mai. Il sera également du concert-bénéfice contre le parkinson animé par Vanessa Pilon et Alex Nevsky, à Granby, le 8 mai. On peut en outre l'entendre sur l'album dérivé de l'émission Microphone, de Télé-Québec, fraichement lancé.

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