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Luc Picard fait salle comble à la Berlinale

«J'étais un peu inquiet au début parce que j'avais peur que certaines émotions ne passent pas...»
Max Kullman

BERLIN - C'est une expérience spéciale, quelque peu troublante, que Luc Picard a vécue pour la première internationale des Rois Mongols à la Berlinale. Le réalisateur québécois a eu toute une surprise en découvrant qu'une voix en allemand, au ton plutôt neutre, assurait la traduction simultanée des dialogues de son film. «J'étais un peu inquiet au début parce que j'avais peur que certaines émotions ne passent pas avec cette traduction», a confié Luc Picard au HuffPost Québec. «Mais ça a très bien marché. Il y a eu beaucoup de rires, et de l'émotion aussi à la fin, donc j'étais très heureux.»

Le film vu par les enfants allemands

Présenté dans le cadre de la section Génération Kplus (qui s'adresse à un jeune public, avec des membres du jury âgés de 11 à 14 ans), Les rois mongols a fait salle comble à la Maison des cultures du monde (Haus der Kulturen der Welt), dans une enceinte pouvant accueillir jusqu'à 800 personnes. «On ne s'attendait pas à voir autant d'enfants. Il y avait beaucoup de familles», a réagi Henri Picard, le fils du réalisateur qui campe le personnage de Martin dans le film. «Après la projection, les enfants ont posé pas mal de questions. C'était vraiment le fun.»

Certaines de ces questions n'ont pas manqué d'amuser l'équipe des Rois mongols, notamment Milya Corbeil-Gauvreau, l'interprète de Manon, qui s'est vue demander si elle se sentait prête à kidnapper une grand-mère «pour de vrai», comme le fait son personnage dans le film. «J'avoue que ça m'a beaucoup fait rire», nous a confié la jeune comédienne montréalaise, qui était légèrement stressée avant la projection. «Au début, je ne voulais pas m'asseoir dans la salle. Mais j'ai bien fait de rester. C'était beau de voir la réaction de ce jeune public qui a été génial.»

Luc Picard a lui aussi été agréablement surpris par l'adhésion suscitée par Les rois mongols auprès des enfants. «Je pensais qu'on allait les perdre, parce que ce n'est pas un film de super-héros avec plein d'effets spéciaux. Mais ils ont été extraordinaires. C'était charmant aussi de voir les enfants nous demander à la fin pourquoi tout le monde fumait dans le film», a déclaré le réalisateur qui, pour sa première visite à Berlin, a participé au programme «Berlinale Talents», afin de partager avec des professionnels son expérience sur la direction de jeunes comédiens.

Faire durer le plaisir

À l'issue de la projection, d'autres questions, plus sérieuses, ont également été posées. Luc Picard a été interrogé sur la façon dont la crise d'Octobre, qui s'inscrit en toile de fond de son film, était enseignée au Québec. «C'est encore un sujet sensible, a répondu le réalisateur. Je rencontre beaucoup de jeunes qui ne connaissent rien de la crise d'Octobre. Il y a encore un gros travail à faire à ce niveau-là.» Une intervenante sociale, présente dans la salle, a par ailleurs salué la façon dont le film, adapté du roman de Nicole Bélanger, abordait le sujet délicat des enfants placés en famille d'accueil.

«C'est un film qui semble toucher beaucoup les gens, pour toutes sortes de raisons. Certains vont voir l'aspect politique du film, d'autre l'aspect plus social, avec les familles d'accueil», nous a confié Luc Picard, avant d'ajouter : «Le film pour moi est déjà vieux parce que je l'ai vu 200 fois. Mais quand tu t'asseois avec un public qui le voit pour la première fois, tu redécouvres un peu ton film à travers leurs yeux et leurs émotions. Ça fait durer le plaisir, et c'est très agréable.»

Une seconde vie pour le film et une série en préparation

Depuis la première des Rois mongols au Festival de cinéma de la ville de Québec en septembre, le 4e long-métrage de Luc Picard a connu un très beau parcours. Le film a récolté près de 700 000 $ au box-office, et six nominations aux prix Écrans canadiens, en vue de la cérémonie de gala organisée le 11 mars prochain à Toronto. La présentation des Rois mongols à la Berlinale pourrait également permettre au film, qui a fait l'objet d'une critique élogieuse du très réputé Hollywood Reporter, de connaître encore une belle carrière à l'international.

«Il y a d'autres festivals à venir, le film va continuer à vivre encore», nous a glissé Luc Picard. L'interprète de Jeff Morin dans la populaire série District 31 a aussi confié au HuffPost Québec travailler sur un autre projet pour le petit écran. «Je suis en train d'écrire une série télé. Je prends également toujours beaucoup de plaisir à jouer. J'ai la chance de pouvoir mener à la fois une vie d'acteur, de réalisateur et de scénariste. Je suis hyper privilégié.»

Les frais de ce voyage ont été payés par Téléfilm Canada.

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