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Une cellule secrète au bureau de Trudeau enquête sur le harcèlement

Ce « Bureau » a été créé peu avant qu’un de leurs employés soit suspendu pour des allégations de comportements inappropriés.
Zi-Ann Lum/HuffPost Canada

L'histoire d'un processus d'embauche douteux d'une jeune femme qui a été approchée pour un emploi au sein de l'un des ministères du gouvernement Trudeau s'est rendue jusqu'à une cellule secrète au sein du cabinet du premier ministre (CPM) créée spécialement pour les cas de harcèlement sexuel, a appris le HuffPost Québec.

Myriam Denis raconte son expérience dans un billet de blogue du HuffPostque vous pouvez lire ici.

Son contact avec le CPM a commencé après qu'elle eut publié sur Facebook qu'un de leurs employés à l'époque, Claude-Éric Gagné, lui avait envoyé des messages privés après un entretien d'embauche pour un emploi qu'elle n'a finalement pas eu. Elle mentionne qu'elle a pris des captures d'écran de leur conversation, dans laquelle M. Gagné la complimente.

Le jour d'après, Brett Thalmann, le directeur de l'administration et des projets spéciaux du CPM, a contacté Mme Denis en message privé. Il a affirmé qu'il voulait lui donner l'opportunité de donner plus de détails au bureau du premier ministre à propos de ce qui s'est passé.

Mme Denis a répondu en remettant en question les tactiques de M. Thalmann et en précisant que M. Gagné - qui était en congé forcé avec solde à la suite d'allégations de comportements inappropriés envers les femmes - était sous enquête par un tiers parti.

« Je peux vous mettre en contact avec le tiers parti si c'est ce que vous voulez », a répondu M. Thalmann.

« C'est ce que vous auriez fait en premier si votre organisation se préoccupait vraiment des femmes », a-t-elle répliqué.

Le premier ministre réagit

Le bureau du premier ministre Trudeau a expliqué au HuffPost qu'en octobre 2017 - avant le congé forcé de M. Gagné - le CPM a créé un « Bureau de résolution et d'enquête en matière de harcèlement » pour tout le personnel exonéré - comme les attachés politiques qui travaillaient au CPM et dans les bureaux des ministres - qui souhaitent déposer une plainte de harcèlement.

Les libéraux ont travaillé avec divers experts, conseillers et avocats pour s'assurer qu'ils avaient « les meilleurs procédés en place », a commenté M. Trudeau lundi avant la période de questions à Ottawa.

« Nous avons suivi leurs conseils et tous ces procédés sont des choses que notre personnel connaît », a-t-il dit.

Notre gouvernement prend la question du harcèlement très au sérieux. Tous les membres du personnel ont le droit de travailler dans un milieu sûr et respectueux, et nous ne prenons pas cette responsabilité à la légère.Eleanore Catenaro, porte-parole de Trudeau

Ce bureau est une démonstration de plus que le gouvernement prend la question du harcèlement très au sérieux, a fait valoir son attachée de presse Eleanore Catenaro.

« Notre gouvernement prend la question du harcèlement très au sérieux. Tous les membres du personnel ont le droit de travailler dans un milieu sûr et respectueux, et nous ne prenons pas cette responsabilité à la légère. »

« Le Bureau gère les demandes qui lui sont présentées, il y répond et, au besoin, il peut mettre en place une enquête indépendante officielle », a-t-elle ajouté.

Le « Bureau » est dirigé par M. Thalmann, qui est en charge des ressources humaines au sein du CPM; Sabina Saini, dont la tâche principale est directrice adjointe des Politiques au CPM, est aussi l'une des personnes-ressources.

Mme Catenaro précise que les membres du personnel sont invités à faire part de leurs préoccupations à M. Thalmann, à Mme Saini ou à tout autre membre de la direction.

Le nombre de plaintes reste confidentiel

La porte-parole a refusé de donner plus de détails, comme le nombre de plaintes reçues, pour des raisons de confidentialité. « Nous voulons protéger l'intégrité du processus », a-t-elle dit.

Mme Catenaro a défendu l'approche de M. Thalmann dans le cas de Mme Denis. M. Thalmann n'a pas approché la jeune femme sur les réseaux sociaux pour éviter un embarras politique, mais plutôt pour « s'assurer qu'elle était au courant de la procédure à suivre pour présenter son cas à l'enquêteur indépendant ».

M. Gagné a démissionné la semaine dernière. Il a dit que l'enquête à son sujet s'était étirée sur des mois et nuisait à son moral et à sa santé. Mme Catenaro a confirmé que l'enquêteur avait remis son rapport vendredi, mais que puisque M. Gagné avait démissionné, les conclusions dudit rapport ne seraient pas rendus publics.

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