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5 femmes poursuivent Monster Energy pour sa culture de travail discriminatoire et abusive

La compagnie a préféré protéger les accusés que les victimes.
Sam Mircovich / Reuters

Même s'il attend un procès criminel pour son implication présumée dans l'étranglement de sa copine pendant un voyage d'affaires en 2016, Brent Hamilton est toujours le directeur du marketing musical à Monster Energy, la compagnie de boissons énergisantes appartenant à Coca-Cola.

Après avoir consommé de l'alcool, Hamilton aurait battu violemment son ex-conjointe, Sara Rabuse, une maquilleuse de 37 ans, dans une chambre d'hôtel à Nashville en 2016. Rabuse a dû être hospitalisée pour ses blessures, dont un pouce mordu au sang et des cheveux arrachés.

Si l'homme semblait charmant au début de leur relation, il aurait rapidement commencé à l'insulter et à la battre lorsqu'il était saoul.

Hamilton n'est pas le seul à faire face à des accusations. Trois femmes accusent John Kenneally, vice-président de Monster Energy d'intimidation, d'harcèlement et de représailles. Elles avancent qu'il a activement miné leurs réputations et les a forcées à quitter la compagnie. Le Huffington Post américain a obtenu des textos dans lesquels il traite une femme avec qui il a eu une relation de «pute» et utilise le mot «bitch» en référant à l'employée et à une de ses collègues.

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Un autre gérant, Phillip Deitrich, humiliait régulièrement une employée devant ses collègues et aurait ainsi saboté sa capacité à faire son travail, selon la poursuite de discrimination sexuelle déposée. Il a encore son emploi. Elle a quitté la compagnie.

Hamilton, Kenneally et Deitrich sont au coeur de quatre poursuites déposées contre Monster Energy l'année dernière. Hamilton est accusé d'agression, et les trois poursuites impliquant les deux autres hommes sont à au sujet de discrimination sexuelle, selon le Huffington Post États-Unis.

Kenneally, qui est nommé dans deux des poursuites, est en congé payé depuis la semaine dernière après qu'HuffPost eut communiqué avec Monster . La compagnie a affirmé que la décision n'était pas liée à cette histoire.

Une cinquième poursuite a été déposée en 2016 par une femme qui a travaillé au département des ressources humaines de Monster et qui aurait vécu du harcèlement venant de l'ancienne responsable des RH.

Le HuffPost a interviewé cinq des six femmes qui poursuivent la compagnie. Leur témoignage complet est disponible dans la version originale de l'article.

Dans une déclaration à l'intention du HuffPost, Monster a nié que les cas étaient en lien avec de la discrimination, et a affirmé que les femmes qui avaient déposé les poursuites étaient des «employées mécontentes.»

«La seule connexion que ces individus qui poursuivent Monster ont est de se réunir pour parler de leur cas dans les médias. Les cas sont variés, non reliés, et ne suggèrent pas du tout un environnement systémique d'agression ou de discrimination», a écrit la compagnie dans sa déclaration.

Les quatre cadres sont des hommes, dont les deux cofondateurs. Il n'y a qu'une femme sur les 10 personnes du conseil d'administration de Monster: Kathy Waller, qui est cadre pour Coca-Cola.

Les employées sont en majorité chez Monster, mais pas dans la haute direction. Plusieurs sont employées comme mannequins pour promouvoir les boissons énergisantes.

Selon Jamie Leigh Hogan, une ancienne gérante régionale pour la compagnie à Dallas, au Texas, Monster Energy serait un «Boys Club« et les femmes «doivent composer avec certaines choses.»

Pour lire son témoignage complet ainsi que celui des quatre autres femmes, il est dispo dans la version originale de notre article.

Comme la plupart des compagnies, Monster demande à ses employés de régler leurs différends en arbitrage ou dans des salles d'audience hors du système judiciaire. Les victimes n'y ont pas le droit légal de faire appel.

«Vous ne verrez jamais rien d'autre sur ces cas parce qu'ils sont comme dans une cour secrète», explique Nancy Erika Smith, qui a représenté l'ancienne animatrice de Fox News, Gretchen Carlson, dans son cas d'agression sexuelle contre le président Roger Ailes.

À l'exception de la poursuite déposée par Rabuse contre son ex, tous les cas vont devoir passer par l'arbitrage, où les femmes ont peu de chance de gagner, selon les avocats qui travaillent sur ce type de cas.

Malgré tout, les cinq femmes continuent leurs démarches. Plusieurs ont avoué avoir été encouragées par le mouvement #MoiAussi.

Les femmes qui ont parlé au HuffPost veulent la justice. Leur but est de restaurer leurs réputations et de s'assurer qu'aucune autre femme à Monster Energy ne doive vivre le même traumatisme.

Pour la poursuite déposée par Rabuse, une audience est organisée en février. Ses avocats vont argumenter que Monster devrait être tenu responsable de la présumée agression. Selon eux, la compagnie savait qu'Hamilton était violent et qu'il avait un passé d'abus d'alcool et de cocaïne, mais l'encourageait à faire la fête au boulot.

«Ils pensent qu'ils peuvent s'en sortir indemnes», note Rabuse. «Je veux juste la justice.»

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