On peut toujours aborder sur les planches l'entièreté d'une existence allant de la jeunesse à la vieillesse, mais pour vivre une expérience complète, il faut une sacrée dose de poésie que Michel Lemieux et Victor Pilon ont su insuffler grâce notamment au savoir-faire des artistes de la compagnie circassienne Les 7 doigts.
Sur les planches de Temporel, le temps prend alors les couleurs de la nostalgie enrichies de projections en 3D formant des hologrammes venus d'une autre époque. Le trio d'acteurs est incarné. Pendant que les contorsionnistes, Isabelle Chassé et Patrick Léonard, également metteur en scène, interprètent sans temps morts ce couple d'acrobates presque évanescent, Gisle Henriet porte le masque du temps, tantôt moqueur, tantôt mélancolique.
Tel un chef d'orchestre au service du chaos de la vie humaine, cette espèce de Clopin manie les mouvements avec la précision d'un métronome. Tout cela est donc bel et bien beau si ce n'est une finale un peu décevante. Malgré tout, la production vaut le détour, en partie pour sa capacité à offrir un mélange des genres plutôt réussi. Les personnages demeurent attachants et raviront à coup sûr l'esprit des plus jeunes.
Onirisme
Bien entendu, d'autres numéros multidisciplinaires marquent la rétine comme celui de l'incendie où réalité et illusion numérique ne font plus qu'un ensemble de gestes à couper le souffle. On applaudit également toutes ses belles chorégraphies entre les deux amoureux faits d'onirisme et d'instants plus cocasses.
Avec ce spectacle familial, ce n'est pas seulement le monde de l'enfance qui s'ouvre sous nos yeux. Deux vieillards se balancent, corps et âme, à travers les livres de la maison comme autant de souvenirs d'un passé composé de moment heureux et de drames. Leur course effrénée sur un sol en perpétuel mouvement est d'ailleurs un magnifique moment qui illustre d'une grande façon cette idée de l'insaisissable.
Temporel – Lemieux Pilon 4D Art et Les 7 doigts – À la Cinquième Salle de la Place des Arts – Jusqu'au 27 janvier.
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