Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La plus belle année professionnelle de Christine Beaulieu

La comédienne a accumulé les succès et les distinctions au cours de la dernière année.
Julie Artacho

Un passage fort remarqué dans l'émission chouchou des Québécois, District 31, l'automne dernier. Un personnage qui s'annonce tout aussi marquant dans la série Hubert et Fanny. Un premier rôle dans la nouvelle pièce Nyotaimori, au Théâtre d'Aujourd'hui. La tournée à guichets fermés de J'aime Hydro, qui continue d'accumuler les distinctions. Et une semaine de théâtre en Espagne pour présenter La fureur de ce que je pense. Il n'y a pas de doute : Christine Beaulieu vit sa plus belle année professionnelle en carrière.

Les critiques ont déjà écrit de bien belles choses sur ton travail dans Hubert & Fanny, qui a débuté cette semaine à Radio-Canada. Décris-moi ton personnage, Frédérique.

Elle est tout le contraire de sa petite sœur Fanny, qui est très romantique, douce, sociable et qui travaille dans un CLSC pour aider les démunis. Frédérique est cartésienne, très active et moins en nuances, mais elle aime beaucoup sa sœur. Les deux filles ont perdu leur mère et Frédérique a développé le réflexe de tenir la famille. Elle a un grand coeur, mais elle est incapable de se perdre dans la sentimentalité. Elle vient donner du punch à la série. J'ai adoré mon expérience de tournage avec Mariloup Wolfe à la réalisation. Je jouais littéralement pour la faire réagir. C'est une fille super tripante qui nous dirige vraiment bien.

Ton interprétation de Geneviève Allaire a beaucoup fait réagir les téléspectateurs de District 31. Pourquoi, selon toi?

C'est une fille avec beaucoup de caractère. Luc Dionne voulait une fille frondeuse qui ne s'en laisse pas imposer et qui fait sa place rapidement dans le district. Elle est un peu bad ass. Je suis entrée dans cet univers-là comme un poisson dans l'eau. Luc nous permet de jouer avec son texte et de le virer comme on veut, tant et aussi longtemps qu'on respecte la scène. J'ajoutais des blagues et je m'appropriais les mots, ce qui a donné un personne super vrai. C'est rare qu'on puisse faire ça.

Luc Dionne a affirmé qu'il aimerait faire revenir ton personnage. Aimerais-tu ça, après la tournée de J'aime Hydro?

Oui! J'ai beaucoup plus aimé mon expérience que je pensais. J'avais peur du rythme de travail effréné de la quotidienne. Mais c'est difficile de prévoir mon retour avec mon horaire. Les acteurs principaux de District 31 ne font que ça, car c'est énorme. Généralement, on peut marier le théâtre et la télé en tournant l'été et en jouant au théâtre l'hiver. Mais District 31 se tourne encore présentement. Moi, je suis au théâtre actuellement. J'essaie de leur donner des disponibilités pour un retour, mais je ne peux pas seulement leur offrir une journée par semaine. Ce ne serait pas viable pour raconter une histoire. Il faut y aller à fond ou non.

Après le prix Michel-Tremblay à l'automne, tu as appris cette semaine que la production de J'aime Hydro était finaliste au Grand Prix du Conseil des arts de Montréal. Comment réagis-tu à ces reconnaissances?

C'est incroyable la poussée de confiance que ça m'a donnée. Après le prix Michel-Tremblay, je jouais avec une force que je n'avais pas avant. Je doutais moins de mon jeu et j'assumais encore plus ce que j'ai écrit, mon humour et les moments d'émotions. Honnêtement, tout ce qui se passe est bien au-delà de mes espérances. On sent que le projet est très apprécié par le public. En tournée, les salles sont pleines. Récemment, je suis allée jouer à Longueuil dans une salle de 890 sièges et toutes les places étaient prises. C'est plein partout cette année. On va refaire une tournée l'an prochain. Habituellement, une pièce est jouée durant trois ou quatre semaines, mais là, on vient de faire plus de 50 représentations et on va en faire environ 40 l'an prochain. C'est assez extraordinaire!

Après des années à faire des recherches, à écrire et à jouer à propos d'Hydro Québec, as-tu encore du plaisir sur scène?

Oui. Je ne suis pas capable de m'en sortir. Tout le monde m'envoie des articles sur Hydro. J'ai encore mes Google alerts sur Hydro. Je continue de suivre l'actualité là-dessus. Ça m'intéresse vraiment beaucoup. Je ne me force pas pour avoir de l'intérêt. On m'appelle pour participer à des tables rondes sur le développement hydroélectrique et ça me tente vraiment. C'est un enjeu important.

La semaine prochaine, tu débutes la pièce Nyotaimori de Sarah Berthiaume, qui s'intéresse au monde du travail, au système économique qui transforme les humains en machines et à l'objectivation des femmes.

Elle explore notre relation au travail et ses effets sur notre corps, ici et ailleurs dans le monde. Mon personnage, Maude, une journaliste et une auteure, est travailleuse autonome. Elle pense qu'elle est plus libre qu'en étant salariée. Mais elle réalise que la limite entre le travail et sa vie est très poreuse : elle travaille dans sa cuisine, dans son salon et dans son lit. Elle a du mal à prendre des vacances. Elle travaille en voyage.

Sarah Berthiaume va bien au-delà du quotidien de Maude et des réalités nord-américaines, n'est-ce pas?

C'est ça, la magie de Sarah Berthiaume. Elle installe d'abord une situation extrêmement réaliste : Maude fait une entrevue avec un travailleur d'une ancienne usine de textile, qui a été transformée en agence de pub. Ensuite, on bascule dans quelque chose de surréaliste. Des gens de partout dans le monde vont se retrouver dans le stationnement. Maude va croiser une travailleuse indienne, qui a fait la brassière qu'elle porte. Et un travailleur japonais qui travaille dans l'usine de Toyota : il est celui qui, à la fin de la chaîne de montage, caresse les voitures pour voir s'il y a des imperfections, car ce sont encore des mains humaines qui détectent ça, pas des robots. Éventuellement, on va plonger dans une espèce de folie, dans leurs fantasmes et leur besoin de libération. Maude rêve de ne plus rien faire. L'Indienne veut s'évader en road trip. Et le Japonais voudrait pratiquer le Nyotaimori, qui consiste à manger des sushis sur le corps nu d'une femme, une pratique réservée aux gens fortunés.

Donc malgré les sujets sérieux, c'est assez éclaté?

C'est super drôle et plein d'esprit. J'avais hésité à faire le projet, parce que je suis très occupée. Mais après avoir lu le premier paragraphe, j'étais prise dedans! C'est l'fun de jouer un texte aussi intelligent.

La pièce Nyotaimori sera présentée au Théâtre d'Aujourd'hui du 16 janvier au 3 février 2018. Cliquez ici pour plus de détails.

À voir également :

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.