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«Le rassemblement devrait être le mot d’ordre»

Les politiciens sont invités à élever le débat à l’approche du premier anniversaire de l’attentat de Québec.
ALICE CHICHE via Getty Images

QUÉBEC – À moins de trois semaines du triste premier anniversaire de l'attentat de Québec, les politiciens devraient éviter de s'embourber dans des sujets qui divisent, comme l'utilisation du mot « islamophobie ».

C'est du moins le message lancé par la porte-parole du comité de commémoration citoyenne du 29 janvier, Maryam Bessiri, dans la foulée du débat sur la création d'une journée nationale de commémoration et d'action contre l'islamophobie qui divise l'Assemblée nationale.

« On organise ça pour commémorer l'attentat terroriste du 29 janvier, offrir un espace de deuil, de rassemblement, de solidarité envers les victimes, les survivants, leurs proches, les citoyens et citoyennes musulmanes. On ne veut pas le voir éclipsé par des débats de ce genre », plaide Mme Bessiri en entrevue.

« Le rassemblement devrait être le mot d'ordre et on aimerait bien voir tous les politiciens qui ont défilé après les vigiles [l'an dernier] s'élever un peu sur le débat politique. »

Plusieurs événements sont prévus du 26 au 29 janvier pour célébrer le premier anniversaire de la tragédie. Sans entrer dans les détails, Mme Bessiri dit qu'il y aura des invités de marque lors du grand rassemblement prévu le 29 janvier en soirée.

Le Conseil national des musulmans canadiens a demandé la semaine dernière au premier ministre Justin Trudeau de faire du 29 janvier – date d'anniversaire de l'attentat à la grande mosquée de Québec qui a fait six morts – une journée nationale contre l'islamophobie.

L'organisme estime que cette journée permettrait aux Canadiens « de ne pas oublier les victimes des attaques, et au public de mieux comprendre les risques associés à la haine, au sectarisme et à l'islamophobie ».

L'initiative est appuyée par plus de 70 organismes musulmans, dont la grande mosquée de Québec.

Le PQ et la CAQ contre

Jusqu'à présent, le Parti libéral du Québec et Québec solidaire se sont montrés ouverts à l'idée. Mais la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti québécois (PQ), qui sont ouverts à commémorer la mémoire des victimes du 29 janvier, se disent mal à l'aise avec le terme « islamophobie ».

Le PQ préfère utiliser l'expression « sentiment anti-musulman » et soutient qu'il existe déjà une journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale organisée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

« Il s'agit du geste intolérable d'une seule personne et non pas celui d'une société entière. Les Québécois sont ouverts et accueillants, ils ne sont pas islamophobes », se défend la CAQ.

Le vice-président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), Boufeldja Benabdallah, a répliqué en entrevue à Radio-Canada qu'il n'a jamais suggéré que les Québécois étaient racistes.

Il se désole de voir que la classe politique québécoise a raté une occasion d'afficher son soutien envers la communauté musulmane. M. Benabdallah n'a pas répondu à nos demandes d'entrevue, mardi.

Un débat qui rappelle M-103

Le gouvernement Trudeau dit qu'il a bien reçu la proposition du Conseil national des musulmans canadiens et qu'il en prend acte. Mais aucune décision n'a été prise concernant la journée nationale contre l'islamophobie.

Ce débat à Québec n'est pas sans rappeler la controverse autour de la motion M-103 à Ottawa, l'an dernier, qui visait à « condamner l'islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques ».

Le Parti conservateur du Canada soutenait que la motion viendrait limiter la liberté d'expression, alors que le Bloc québécois se disait mal à l'aise avec le libellé de la motion, jugée trop exagérée.

Attentat à la mosquée de Québec

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