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«Bye Bye 2017»: complet, courageux et hilarant

Et vous, qu'en avez-vous pensé?
Radio-Canada

Complet, courageux et hilarant. Ce sont sans doute là les trois mots qui résument le mieux le Bye Bye 2017, qu'on pourrait aussi qualifier d'efficace, superbement interprété et parfaitement dosé entre politique et culture populaire. Une délicieuse cuvée, en somme.

Avant même sa première pause publicitaire, autour de 23h13, dimanche, la revue humoristique avait déjà traité de l'embouteillage de l'autoroute 13, des inondations du printemps et des ouragans - avec un faux couple de Québécois coincé dans les trois tumultes (un excellent récapitulatif) - du verbiage de Mélanie Joly (Mélanie Djoly, alias «La Spécialiste») par rapport à Netflix (Mietflix), d'Occupation double (Occupation doune) avec une truculente Véronique Claveau dans la peau d'une Joanie tout en orgasme et papotant toute seule dans son miroir, de la légalisation de la marijuana avec une «SACQ» fictive et ses clients drogués (le segment le plus faible de cette première partie) et de Despacito, qu'on voulait apparemment à tout prix éviter de faire jouer, mais dont on a recréé le clip, agrémenté d'une prestation extravagante de Simon-Olivier Fecteau et d'une apparition de Joey Scarpellino et d'Adib Alkhalidey.

Ça augurait déjà très bien, et la suite n'a été qu'en s'améliorant davantage. Dimanche, on avait peine à reprendre notre souffle devant les vignettes courtes et rythmées de ce deuxième Bye Bye réalisé et conçu par Simon-Olivier Fecteau, rendu en toute simplicité, mais non moins joli et bien ficelé pour autant. Les troupes se sont véritablement bien fait la main l'an dernier et ont offert un résultat nettement supérieur pour couronner 2017.

Bye bye 2017

Salvail et Rozon

Les numéros mémorables ont été nombreux. Les créateurs nous avaient promis qu'ils aborderaient les sujets délicats de front, et ils ont tenu parole.

On n'a ainsi pas pris de gants blancs pour décrocher une solide baffe à Éric Salvail, alors que Simon-Olivier Fecteau et Pierre Brassard ont personnifié deux collaborateurs de ce dernier dans sa maison de production, «Salvail et Couilles».

Marc Labrèche a incarné avec brio l'animateur et producteur déchu s'exhibant le membre (brouillé!) à tout vent, tripotant ses employés en réunion et terrorisant son équipe en se promenant culottes baissées. «Travailler pour Éric te permet de savoir si tu as ce qu'il faut pour réussir dans le milieu», a déclaré l'un d'eux, pendant que le Salvail gigotant de Labrèche l'observait attentivement aux urinoirs.

Saluons le courage de l'équipe du Bye Bye, qui a eu l'audace d'écorcher réellement Éric Salvail et ses agissements répréhensibles, alors que ce dernier était encore un collègue et ami de la colonie artistique il y a tout juste quelques mois.

Gilbert Rozon y a aussi goûté, mais plus brièvement. Parodiant le film It, on a placé le fondateur de Juste pour rire (encore Labrèche) dans un égout, tentant d'attirer une passante à coups de clés clinquantes et de promesses creuses. «T'es un clown dans un égout, t'es pus rien», lui a lancé son interlocutrice.

On aurait certes pu frapper un peu plus fort sur Rozon mais, avec deux sketchs bien définis sur lui et sur Salvail, les artisans du Bye Bye soulignaient suffisamment les tristes événements, sans s'y attarder inutilement et sans verser dans le mauvais goût. On n'en a pas trop, ou pas assez fait. C'était parfait, juste assez frondeur pour les agresseurs et élégant pour les victimes.

Giovanni/Jean-Claude Apollo (Anne Dorval, impayable) a aussi écopé d'un coup de gueule très comique, dans un pastiche intitulé Apollo dans l'sirop, où le célèbre chef défaisait tous les propos de son invitée.

Passe-Partrump

On se rappellera avec bonheur de bien d'autres moments. Du génie, cette idée de retremper Passe-Partout à la sauce Donald Trump (Passe-Partrump), avec le vrai générique de l'émission pour enfants réinventé en conséquence, tout comme l'indicatif musical. «Passe-Président aime les gros nichons, les controverses et les tweets morons (...) Où est Kim Jong-un? Le nez dedans, ses gros canons», a-t-on entonné.

Tous les segments du mythique rendez-vous jeunesse y étaient, de même que tous les proches sympathisants et adversaires du coloré président américain : les comptines, la saynète avec Cannelle et Pruneau, celle avec Alakazoo, et la confession de Passe-Partout (Passe-Partrump) à la fin. «Si je continue d'être choqué, je vais partir une guerre nucléaire avec la Corée du Nord». Jusqu'à Doualé qui est allée faire son tour, déclamant la complainte de ses parents entrés au pays illégalement.

Marc Labrèche était partout dans ce Bye Bye et a brillé comme jamais. Dans la peau d'Éric Salvail, dans celle de Donald Trump, dans celle de Mélanie Joly, dans celle de Jay Du Temple («Jay Du Temps»), dans celle d'une extravagante Céline Dion coiffée de fleurs et hurlant «C'est moi l'boss» dans les cuisines d'un restaurant, dans celle d'une Caroline Néron à la voix trop rauque.

Sous les traits d'un Gilbert Sicotte boxé de questions par un journaliste de Radio-Canada, Pierre Brassard a été impeccable. Autre grand cru du côté des imitations, ce numéro parodiant Génial!, où Patrice L'Écuyer et Anne Dorval se sont respectivement fait valoir en interprétant Stéphane Bellavance et une géniale Anne-France Goldwater. En Philippe Couillard, Patrice L'Écuyer a arpenté les allées d'un supermarché, à la façon de Martin Matte dans les publicités de Maxi.

Des clins d'œil récurrents à la loi 62 et à #BellCause avec des copies parfaites de Gaétan Barrette (Patrice L'Écuyer) et Manon Massé (Véronique Claveau), un rapprochement entre les Jeux olympiques de 1976 et l'arrivée des migrants au Stade olympique (le «lancer du préjugé» était parfait), et une caricature rigolote de District 31 pour taquiner les dérives de l'UPAC et de la Sûreté du Québec, ont été d'autres bons flashs à égayer ce Bye Bye 2017.

On s'est en outre esclaffé devant cette chicane entre Marilou et Alexandre Champagne («Mange de l'hostie de marde bio sans gluten!»), cette flèche à la Meute et ses multiples contradictions, avec Jonathan Roberge («Nous sommes la meute, vous sommes la meute, nous êtes la meute!»), les «bonnes nouvelles» annoncées aux Québécois par Martin Petit, Réal Béland et François Bellefeuille, concernant le nouveau festival d'humour, et ce bulletin de nouvelles de TVA rempli de perles, comme la Valérie Plante hurlante d'Anne Dorval et ses mille projets «roses» et le «Rigueur, rigueur, rigueur... surtout pour les nouvelles» de Pierre Bruneau, alias Pierre Brassard, après le faux reportage de la Mosquée, tant décrié avant Noël.

Même Laurent Paquin a fait revivre son Denis Coderre, le temps d'un adieu à l'hôtel de ville. Ce n'est qu'un au revoir? Pour l'équipe du Bye Bye, on l'espère, du moins.

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