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San Miguel de Allende: un joyau à préserver

Un joyau d'architecture coloniale inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Malik Cocherel

Il n'y a pas de plage à San Miguel de Allende, ni même de tout inclus. Et pourtant, la petite ville située au cœur de l'État de Guanajuato n'est pas loin d'être la destination la plus en vogue au Mexique. Cette popularité toujours plus grande d'année en année pourrait bien finir par poser un vrai casse-tête aux autorités locales. Ou comment accueillir des touristes toujours plus nombreux tout en préservant le charme de ce pur joyau d'architecture coloniale inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des vétérans américains ont mis à profit le «G.I Bill» (loi signée par le Congrès offrant aux soldats démobilisés le financement de leurs études et formations professionnelles) pour venir étudier l'art ou l'espagnol à San Miguel de Allende. La plupart sont restés pour profiter de la qualité de vie dans cet ancien bastion de la révolution mexicaine perdu dans les montagnes, à 3h30 de route de Mexico City.

Malik Cocherel

Photo: Le centre historique de San Miguel de Allende et ses magnifiques rues colorées

Dans les pas de Toller Cranston

Dans les années 80-90, de nombreux artistes leur ont emboîté le pas, tel le célèbre patineur canadien Toller Cranston. Ancien étudiant de l'École des Beaux-arts de Montréal, le champion du monde et médaillé olympique a pris sa retraite à San Miguel de Allende, à la fin des années 80, pour se consacrer à sa passion pour la peinture. Jusqu'à son décès en 2015, Cranston a habité dans une ancienne tannerie datant du XVIe siècle, près du parc Benito Juárez, où il a peint une grande partie de ses tableaux.

Mais c'est surtout en 2008 que la ville de naissance du général Ignacio Allende, héros de l'indépendance mexicaine, a pris une tout autre dimension avec l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO. «Cette reconnaissance a tout changé», explique Guillermo González Engelbrecht, à la tête du conseil touristique de San Miguel de Allende. «Avant 2008, la ville accueillait environ 1 million de touristes par an. Aujourd'hui, on est proche des 2 millions.»

Malik Cocherel

Photo: Les fins de semaine sont toujours très occupées à San Miguel de Allende, où l'on peut croiser de nombreuses familles mexicaines

«La meilleure ville au monde»

En près d'une décennie, San Miguel de Allende a également fait le plein de prix prestigieux. En 2013, les lecteurs du réputé magazine de voyage Condé Nast Traveler lui ont attribué le titre de «la ville la plus accueillante au monde». Plus récemment, en 2017, c'est la revue Travel + Leisure qui lui a décerné le prix de «la meilleure ville au monde», ni plus, ni mois.

Aujourd'hui, les touristes, mexicains comme étrangers, viennent à San Miguel de Allende autant pour les vieilles façades colorées des maisons coloniales, que pour les «hôtels-boutiques» et autres restaurants gastronomiques qui ont fleuri autour du parc El Jardin, en plein cœur de la vieille ville. Certains de ces établissements - comme le luxueux Hotel Matilda qui abrite le restaurant Moxi tenu par la star des fourneaux mexicains Enrique Olvera - visent clairement une clientèle «haut de gamme.»

Malik Cocherel

Photo: La Parroquia de San Miguel Arcángel vue de la terrasse du Rosewood

Mais on peut goûter à San Miguel de Allende, son architecture, ses bonnes tables et sa vie nocturne, sans forcément devoir se ruiner. «Il n'est pas nécessaire d'avoir un gros budget pour venir en vacances ici. Il y a des petits restaurants, des hôtels très abordables et des auberges de jeunesse où on peut passer la nuit pour 300 pesos, un peu moins de 20 dollars», souligne Guillermo González Engelbrecht. «Tout le monde est le bienvenu à San Miguel de Allende. Les seuls dont on ne veut pas, ce sont les grosses chaînes d'hôtels.»

À la conquête du «rêve mexicain»

C'est le plus gros danger qui guette San Miguel de Allende. Voir «El Corazón de México» perdre son ambiance bohème et son décor de carte postale en raison d'une urbanisation non maîtrisée. «C'est dur de garder une dimension humaine», reconnaît le responsable du conseil touristique de la ville. «C'est le plus gros défi auquel nous sommes confrontés. Maintenant que San Miguel de Allende est une destination très prisée, beaucoup de gens spéculent sur l'immobilier.»

Malik Cocherel

Photo: Un groupe de musiciens devant un restaurant de la vieille ville

L'arrivée massive de retraités américains et canadiens, et de riches investisseurs comme le président d'iHeartRadio Bob Pittman (qui s'est associé à Bertha González Nieves en 2008 pour lancer la Tequila Casa Dragones à San Miguel de Allende), a déjà fait grimper le coût du logement. Dans les années 80, il était plutôt rare de voir une propriété sur le marché à plus de 100 000$. Désormais, les «maisons de caractère» de style colonial - les plus convoités par les expatriés lancés à la conquête du «rêve mexicain» - se négocient à plusieurs dizaines de millions de dollars.

«Du côté fun du mur»

En dépit de ce secteur immobilier en pleine ébullition, San Miguel de Allende a conservé sa fibre artistique (il y a encore plus de galeries d'art - près de 120 - que d'hôtels en ville) et une certaine forme d'authenticité. On trouve bien un Starbucks tout près de la Parroquia de San Miguel Arcángel dont la façade néo-gothique a été inspirée par la fameuse Sagrada Família de Gaudí à Barcelone. Mais on remarque à peine l'enseigne américaine qui s'est fondue dans une vieille bâtisse typique du cœur historique de la ville, à l'image des «gringos» qui vivent, pour la plupart, en parfaite harmonie avec la population locale.

Malik Cocherel

Photo: À San Miguel de Allende, l'art est partout, à l'image de cette murale dans le quartier de Guadalupe.

«Il y a encore plus d'Américains qui sont venus s'installer chez nous depuis l'élection de Trump. Mais on vit tous ensemble ici. Il n'y a pas un quartier pour les Américains et un autre pour les Mexicains. Tout le monde se mélange, et on se considère tous comme des san miguelense», insiste Guillermo González Engelbrecht. Une philosophie de vie bien résumée par une pancarte aperçue au détour d'une rue de la vieille ville, avec ces mots inscrits (en anglais) à la craie sur un tableau noir: «Détendez-vous, vous êtes du côté fun du mur de Trump.»

5 choses à faire à San Miguel de Allende (et ses environs)

Malik Cocherel

Photo: Un groupe de Concheros se prépare à défiler en l'honneur de l'Archange San Miguel

1- Parader avec les Concheros: Ces groupes de danse traditionnelle défilent dans d'impressionnantes tenues aztèques riches en couleurs et en plumes, lors des principales fêtes religieuses comme celles organisées en l'honneur de l'Archange San Miguel (fin septembre), ou d'El Señor de la Conquista (chaque premier vendredi du mois de mars).

2- Visiter La Aurora: À San Miguel de Allende, l'art est partout: dans les rues, dans les hôtels et surtout à la Fábrica La Aurora, une ancienne usine de textile longtemps laissée à l'abandon qui héberge aujourd'hui des ateliers d'artistes où sont exposées de nombreuses œuvres comme les sculptures figuratives de Rodrigo de la Sierra.

3- Se marier à l'Instituto Allende: Pas moins de 600 unions sont célébrées chaque année à San Miguel de Allende qui délivre également des certificats de mariage LGBT. L'un des endroits les plus populaires pour se marier est l'Instituto Allende, l'ancienne école d'art qui dispose d'une magnifique hacienda en plein centre-ville.

4-Se prosterner sous la «chapelle Sixtine du Mexique»: Situé à 14 km de San Miguel de Allende, le sanctuaire d'Atotonilco est également classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Construit au XVIIIe siècle par le père Luis Felipe Neri de Alfaro, ce haut lieu de pèlerinage chrétien est surnommé la «chapelle Sixtine du Mexique» pour la richesse de ses fresques baroques.

5- Siroter une Margarita sur le toit du Rosewood: C'est l'un des hôtels des plus prestigieux de San Miguel de Allende. L'établissement offre des suites luxueuses et surtout une terrasse sur le toit avec une vue imprenable sur la Parroquia de San Miguel Arcángel, l'église gothique dédiée à l'Archange San Miguel, véritable icône de la ville.

Les frais de ce voyage ont été payés par Aeromexico et le Conseil de promotion du tourisme du Mexique. Pour plus d'infos pratiques: www.visitsanmiguel.travel

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