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Alex Godbout, le jeune comédien qui veut «sauver le monde»

Le comédien de 23 ans a un talent naturel que l’industrie a vite remarqué.
Maxime Côté

Quand on calcule le nombre de rôles qu'Alex Godbout a obtenus à la télé (L'heure bleue, O', En famille, Lourd, Subito Texto) et au cinéma (La petite fille qui aimait trop les allumettes), seulement trois ans après ses études en interprétation, on se dit que le comédien de 23 ans a un talent naturel que l'industrie a vite remarqué. Mais lorsqu'il nous raconte le déroulement improbable de ses auditions dans les écoles de théâtre et les raisons qui l'ont poussé à devenir acteur, on réalise que le jeune homme a trouvé sa vocation. Rien de moins.

Comment le jeu est apparu dans ta vie?

Je viens d'une grande famille en Abitibi. À Noël, plusieurs de mes cousins et cousines écrivaient des sketchs au sous-sol chez ma grand-mère, quand ils avaient 13-14 ans. Je les regardais avec admiration. Mais, comme j'avais 8 ans, on me donnait toujours des petits rôles plates. Je me disais que j'étais capable de jouer moi aussi. Et j'ai commencé à écrire mes propres trucs avec des cousines de mon âge. Je m'étais dit «un jour, moi, je vais être à la télé». Après ça, j'ai eu un cours d'art dramatique au secondaire et j'ai fait un peu de théâtre en parascolaire.

C'était ton seul bagage avant de faire tes auditions dans les écoles?

En fait, je ne savais pas trop à quel point c'était sérieux, les auditions pour les programmes d'interprétation dans les cégeps... J'avais demandé à une amie de me donner la réplique et de venir avec moi à Montréal, mais elle m'a choké. À la dernière minute, j'ai fait appel à ma maman, qui est comptable et qui tremble comme une feuille quand elle doit parler devant le monde dans une réunion, de la remplacer. Elle a appris les textes de mes scènes dans la voiture, entre Val-d'Or et Montréal! À ce moment-là, je pensais encore que les autres candidats étaient simplement des jeunes de 16 ans comme moi et que ce serait relaxe...

Comment ça s'est déroulé?

À mon arrivée au cégep de Sainte-Thérèse, je me suis demandé si j'étais au bon endroit : tous les gars avaient de la barbe, certains répétaient avec des coachs et ils utilisaient des termes de théâtre que je n'avais jamais entendus. J'ai commencé à stresser et ma mère pensait que je jouais mon avenir, alors elle a demandé d'avoir son texte en mains pour l'audition. Après coup, les juges m'ont dit qu'ils avaient été épatés par notre performance et par le fait que je m'étais coaché moi-même. J'ai fait la deuxième audition, mais je n'ai pas été retenu. Par contre, une semaine plus tard, au cégep de Saint-Hyacinthe, je savais à quoi m'attendre. Tout s'est super bien passé et j'ai été pris. Les juges ont même demandé à ma mère si elle avait déjà fait du théâtre!

Pourquoi voulais-tu devenir comédien?

Quand j'étais jeune, je rêve d'être un super-héros pour sauver le monde et changer les choses, mais en grandissant, j'ai réalisé que les super pouvoirs n'existaient pas. Par contre, un jour, j'ai compris qu'on pouvait transmettre un message et changer les gens à travers nos personnages dans les films et les émissions de télé. De plus, quand tu es comédien, tu as une certaine renommée qui aide à toucher les gens quand tu leurs parles. À ce moment-là, tout s'est éclairé pour moi. Je ne voulais pas seulement un métier pour gagner ma vie, mais plutôt trouver la profession où je servirais le plus en société.

Tes parents en pensaient quoi?

J'ai la chance d'avoir des parents qui m'ont toujours soutenu, peu importe ce que je fais. Ils savent que je peux rêver grand et que j'ai une personnalité un peu extravagante. En même temps, c'est normal pour un parent de suggérer à son enfant de commencer par trouver un boulot stable. Ça pouvait sembler un peu queclown de partir de Val-d'Or pour étudier en jeu au cégep. Et comme j'ai un tempérament obstineux, qui fait beaucoup de recherches avant de discuter sur un sujet, mon père me voyait devenir avocat. Il me disait que si je faisais des plaidoyers en cours, ce serait théâtral d'une certaine façon. Il ne voulait pas que je quitte la région pour aller m'amuser. Je lui ai tenu tête en lui faisant comprendre que j'étais sérieux. Et quand il a appris que des gens du milieu m'avait trouvé impressionnant en auditions, le vent a tourné. Il m'a encouragé à 100 %.

Depuis janvier 2017, tu joues Thomas Provencher dans L'heure bleue. Plusieurs téléspectateurs le décrivent comme un «p'tit criss». Toi, comment le perçois-tu?

Au premier abord, j'ai vu en lui un petit gars blessé par le divorce de ses parents. Je voyais le bris de confiance avec ses parents et les adultes en général, ce qui a créé chez lui un rejet de l'autorité. Il s'est dit que plus personne n'allait lui faire de la peine et qu'il n'allait plus jamais être placé dans une situation où il n'a aucun pouvoir. Il essaie de voir venir les coups et de manipuler ses parents, pour ne plus être surpris par ce qui lui arrive. Ceci dit, je me suis questionné sur son manque d'empathie envers Clara. Je crois qu'il l'a d'abord vue blessée par la mort de son petit frère et le départ de sa mère, qui l'abandonnait un peu. Comme elle était en redéfinition de sa personnalité, il se reconnaissait en elle. Donc, quand ils ont commencé à se fréquenter, il se projetait en elle. Et chaque fois que Clara faisait preuve d'une faiblesse émotive envers ses parents, en devenant molle ou en s'ennuyant d'eux, ça le frustrait, parce qu'il se voyait lui-même en train de fléchir. Il essaie de l'endurcir et de lui enlever son côté vulnérable. Mais lorsqu'elle lui tient tête, il perd le contrôle et il panique. À cause de ses propres blessures, il est rendu foncièrement égocentrique.

Tu joues dans le prochain film de Sophie Lorain, Charlotte a du fun, qui explore le double standard entre les garçons et les filles qui explorent leur sexualité à l'adolescence. Quel est ton personnage?

Dans le film, on va me voir jouer un personnage beaucoup plus mature. C'est l'archétype du bon gars. Il trouve une fille plus jeune de son goût, mais il voit qu'elle a des choses à vivre et la laisse évoluer, sans lui mettre de pression. Il essaie de l'épauler tout du long, d'être là pour elle et de l'écouter, mais il va s'oublier là-dedans et en subir les contrecoups. Ce qui est intéressant dans le film, c'est que les gars sont des bons gars. Ils ne considèrent pas que les filles se salissent en explorant leur sexualité. Ils ont une vision égalitaire.

Comment compares-tu ton expérience de tournage avec celle du film La petite fille qui aimait trop les allumettes, de Simon Lavoie?

Ce sont deux mondes complètement différents! C'est comme si j'avais tourné mon premier film deux fois. Simon tournait un film d'époque avec une ambiance lourde. Il a un cerveau extrêmement particulier. Il a dessiné 500 plans de son film au crayon plomb, ce qui lui permet de savoir exactement ce qu'il veut. Ça lui demande une concentration immense. Avec lui, on travaille sous formes d'images et d'impressions. Il nous laisse très libre dans notre créativité et il nous dit si on est à côté de la plaque.

Et avec Sophie Lorain?

Le film de Sophie est ultra réaliste. Dans sa façon de diriger, elle ne passe pas par quatre chemins et elle ne perd pas de temps. Elle ne te lâchera pas tant qu'elle n'a pas eu ce qu'elle veut. C'est une chose que je respecte beaucoup. Elle nous donne plusieurs pistes et elle veut qu'on la rejoigne avec notre travail. Elle fait confiance à notre intelligence.

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