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«Junior Majeur» : nos Pee Wee ont grandi… et ça joue dur!

Janeau et Joey ont autant la tête au party qu'à la rondelle.
Paméla Lajeunesse

Les jeunes héros de Pee Wee ont bien grandi. Les gamins d'une douzaine d'années qui expérimentaient des valeurs comme l'amitié et la solidarité dans le film sorti en 2012 poursuivent leur apprentissage de la vie dans Junior Majeur. Seulement, maintenant, ils sont plus âgés de cinq ans, et les enjeux auxquels ils font face sont beaucoup plus déterminants.

Le tapis rouge de «Junior majeur»

Janeau Trudel (Antoine Olivier Pilon) et Joey Boulet (Rémi Goulet) évoluent désormais au sein des Saguenéens de Chicoutimi, dans la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec, laquelle a accepté de prêter son nom, ses marques et ses couleurs au long-métrage réalisé par Éric Tessier et scénarisé par Emmanuel Joly et Martin Bouchard.

Comme c'était le cas dans Pee Wee, Janeau est l'étoile de son équipe, et tous les espoirs sont permis pour lui, à quelques mois du repêchage de la Ligue nationale – qui n'est pas nommée telle quelle dans le récit pour des questions de droits. Les filles se l'arrachent, les commanditaires aussi.

«Tout ça lui est un peu monté à la tête, explique son interprète, Antoine Olivier Pilon. Il est devenu le joueur vedette de la région, tout le monde l'idolâtre.»

Trahison

Meilleurs amis à la ville comme sur la glace – on laisse entendre que les deux sportifs ont également traversé ensemble les étapes du Bantam et du Midget avant de, presque miraculeusement, aboutir dans le même clan dans le Junior Majeur - Janeau et Joey ont autant la tête au party qu'à la rondelle.

Tandis que l'agent (Stéphane Demers) et le père (Normand Daneau) du premier se désolent de le voir ainsi compromettre ses chances d'accéder au «grand club», le second subit encore la pression constante de son paternel (Claude Legault), qui prend son rôle d'agent beaucoup trop au sérieux.

Leur complice Julie (Alice Morel-Michaud) est également toujours dans les parages ; l'ancienne gardienne de buts étudie en arts et technologies des médias, au Cégep de Jonquière, pour être journaliste sportive. Devenue une splendide jeune femme, Julie créera une rivalité chez ses deux camarades masculins.

Mais il y aura pire trahison. Voulant sauver sa peau et son image après un incident grave, Janeau jettera le blâme sur son meilleur copain. La scission qui en découlera aura de lourdes conséquences, que Janeau devra assumer publiquement.

«Dès le début du film, Janeau prend de très mauvaises décisions, qui viennent jouer sur ses relations amicales, amoureuses et familiales. C'était vraiment intéressant, comme comédien, d'avoir à jouer ces enjeux-là. J'ai vraiment trippé. C'est une belle évolution, cinq ans plus tard», dépeint Antoine Olivier Pilon, qui a dû s'astreindre à deux mois d'entraînement quotidien pour maîtriser l'art du patinage et du hockey, tel qu'il était requis dans le film.

Cette fable morale aux accents de Lance et compte moderne s'avèrera en conclusion parfois longuette, mais efficace et réaliste, avec une finale beaucoup moins bonbon que ce qu'on aurait pu imaginer, et qui laisse la porte grande ouverte pour une suite, qu'on espère déjà pouvoir concrétiser si le succès est au rendez-vous aux guichets.

Les adeptes de la première heure de Pee Wee seront de surcroît heureux de retrouver les personnages auxquels ils se sont attachés dans le premier volet, dont le père de Janeau et la mère de Julie (Édith Cochrane), qui forment dorénavant un couple, la mère de Joey (Sophie Prégent, qui n'effectue toutefois qu'une brève apparition), l'ex-assistant-coach (Daniel Thomas) devenu entraîneur, et l'ex-pilier du vestiaire et coach Mike Boulanger (Guy Nadon), qui passera en surprise pour célébrer une bonne nouvelle, de même que d'anciens joueurs Pee Wee.

De nouveaux protagonistes incarnés par Patrice Robitaille (l'entraineur des Huskies de Rouyn-Noranda), Madeleine Péloquin (la propriétaire des Saguenéens de Chicoutimi) et Nicolas Canuel (le directeur de stage de Julie) viendront pour leur part pimenter l'intrigue autrement.

«Je pense que le film vieillit avec le public, estime Antoine Olivier Pilon. Les jeunes qui ont aimé Pee Wee sont cinq ans plus vieux, et ça correspond à leur réalité.»

Plus sombre

Martin Bouchard et Emmanuel Joly avaient scénarisé Pee Wee et ont aussi imaginé l'histoire de Junior Majeur. Dès le départ, la trame de cette dernière œuvre était sensiblement pensée comme on la voit à l'écran. Le duo a également en tête les grandes lignes de ce que sera la troisième partie si celle-ci devait voir le jour. Dans l'esprit des deux hommes, l'épopée entamée avec Pee Wee se décline comme une trilogie. Si elle existe, cette ultime offrande s'intitulera probablement La grande ligue, étant donné les sommes faramineuses qu'il coûterait pour emprunter l'appellation de la Ligue nationale.

Originaires de Québec, amis d'enfance et mordus de hockey depuis toujours, Martin Bouchard et Emmanuel Joly peuvent témoigner de l'aura de gloire et de prestige qui entoure réellement les équipes du Junior Majeur. La frénésie que vit Janeau dans Junior Majeur, les joueurs-vedettes de la LHJMQ la connaissent aussi.

De leur propre aveu, les deux créateurs souhaitaient arriver à un résultat plus sombre que ne l'était Pee Wee avec Junior Majeur.

«On savait que Pee Wee était très féérique. Pour nous, c'était important que le deuxième soit très différent, plus sombre, plus profond. On ne voulait pas faire un copier-coller du premier, ce qui est souvent le cas dans les suites», précise Emmanuel Joly.

«On voulait qu'à la fin du film, les gens ne sachent pas à qui s'identifier réellement. Au début du film, à priori, on attribue systématiquement le titre de héros à Janeau, mais à la fin, c'est plus dur à dire», expose Martin Bouchard.

«Le mauvais rôle, dans ce film-là, est davantage joué par Antoine Olivier Pilon, complète Emmanuel Joly. C'est lui qui ment, qui fait les plus grosses erreurs, mais c'est aussi lui qui a le plus de pression. C'était vraiment un objectif, d'arriver au match final, et d'avoir la moitié de la salle qui prend pour Janeau, et l'autre pour Joey (rires).»

Attentes élevées

Pour le réalisateur, Éric Tessier, qui était aussi derrière la caméra de Pee Wee, les attentes générées par la réussite de cette dernière production planaient constamment pendant le tournage de Junior Majeur.

«Le premier film a été beaucoup aimé. Il fallait arriver avec quelque chose d'assez solide, qui va remplir les attentes. Nous, on sentait cette pression-là, comme Janeau sent la pression que son agent lui impose!», blague Éric Tessier, qui tenait à un souci de vérité dans la manière d'offrir les scènes au public.

«Comme dans le premier, je voulais qu'on comprenne ce qui se passe sur la glace, que ça ne soit pas qu'une espèce de brouillon. Dans la façon de tourner les choses, je voulais que ça soit clair. Que ça ait l'air vrai, que la facture ait un petit côté documentaire. C'est facile de perdre l'émotion de vue quand c'est si gros, qu'un projet a tant d'ampleur. Il faut ramener ça au plus simple élément, et garder la vision d'origine.»

«On se concentre sur cette histoire de trahison, de culpabilité, de comment on se sort de ça. Toutes des choses qu'on apprend quand on devient un adulte», ajoute Éric Tessier, qui qualifie d'«aigre-douce» la fin de Junior Majeur.

Des trois principaux acteurs qu'il a dirigés dans ce projet, Antoine Olivier Pilon, Rémi Goulet et Alice Morel-Michaud, Éric Tessier dira qu'ils sont «surdoués».

«La façon dont ils comprennent le texte, à leur âge... Les bons acteurs ont une intelligence du texte, et eux l'ont naturellement. Ils comprennent ce qui se passe! Ils ont beaucoup d'humilité aussi, une écoute totale à la direction que je leur suggère. Je pense que ça va être beau de les voir aller dans les années qui viennent. Ils n'ont pas fini, ils sont tout jeunes...»

Junior Majeur a bénéficié de 29 jours de tournage, répartis en deux blocs au début 2017 : la portion dramatique a été filmée en hiver, alors que les joutes de hockey ont été mises en boite en mai et en juin, pour des questions de disponibilités d'arénas, à Chicoutimi et à Rouyn-Noranda. Les segments supposés se dérouler à Vancouver ont été en réalité enregistrés à Sherbrooke. Outre les comédiens qui ont subi un entraînement intensif, les joueurs des Patriotes du Cégep Saint-Laurent ont également endossé les uniformes des Saguenéens de Chicoutimi et agi comme doublures dans les 32 chorégraphies sur patins que nécessitait l'histoire. De judicieuses substitutions pour les besoins des gros plans, et la magie du montage ont fait le reste.

«Il n'y a rien de triché. On avait une volonté d'aller dans l'authenticité, et j'ose croire que ça transparaît à l'écran», signale Éric Tessier.

Junior Majeur est présentement à l'affiche partout au Québec.

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