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La réforme de la santé faite sur le dos des personnes handicapées, dit un groupe

Le ministre Barrette a dû se défendre lors d’une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Lise Pigeon, en chaise roulante, et le ministre Gaétan Barrette sur la scène.
Olivier Robichaud
Lise Pigeon, en chaise roulante, et le ministre Gaétan Barrette sur la scène.

La réforme Barrette a entraîné une réduction du nombre de prestataires du soutien à domicile ainsi qu'à la qualité du service offert, estime un groupe de défense des droits des personnes handicapées.

Le groupe Ex aequo souligne, chiffres à l'appui, que le nombre de bénéficiaires de services de soutien à domicile est en baisse depuis plusieurs années.

«On doit, de manière incessante, rappeler la situation à ce gouvernement qui s'était pourtant présenté en 2014 comme celui qui allait investir dans le soutien à domicile», affirme Simon Philippe Caron, agent de défense des droits chez Ex aequo.

Plus d'heures, moins de bénéficiaires

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a réfuté ces allégations en marge d'une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

«Quand on regarde les chiffres, il y a eu une augmentation du nombre d'heures de service. Et le Québec est la seule province à avoir investi 100% de l'augmentation des transferts fédéraux en santé au soutien à domicile», affirme-t-il.

Or, ce n'est pas le nombre d'heures de service qui pose problème. Selon des chiffres obtenus par l'organisme en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics, le nombre de personnes qui bénéficient de ces services a bel et bien diminué.

Le nombre de personnes qui bénéficient de ce programme en raison de limitations dues au vieillissement a fléchi de 4,8% depuis 2012-2013 malgré le vieillissement de la population québécoise. Même son de cloche du côté des bénéficiaires ayant des déficiences physiques. À l'inverse, le nombre de patients qui utilisent le soutien à domicile pour des soins palliatifs est à la hausse.

Au final, 256 088 personnes profitaient de ces trois services en 2012-2013. En 2014-2015, ils étaient 246 151.

M. Barrette a esquivé les questions sur le nombre d'usagers.

La baisse se poursuit

Ex aequo n'a pas pu obtenir les données pour les années subséquentes à 2015, année d'entrée en vigueur de la réforme Barrette. Toutefois, le rapport annuel de la Protectrice du citoyen note que la diminution s'est poursuivie l'an dernier. D'importants problèmes sont d'ailleurs survenus à la suite de cette réforme.

«De moins en moins en mesure de répondre à la demande, des établissements éliminent des services. À titre d'exemple, certains retranchent du calcul des heures allouées celles qui sont consacrées à faire des courses. Plusieurs ont mis fin à la gratuité des services d'aide domestique, sans tenir compte de la capacité de payer des usagers», lit-on dans le rapport dévoilé le mois dernier.

Trop malade pour être prise en charge

La réforme de la santé devait favoriser l'accès à un médecin de famille, notamment en imposant un quota de 1500 patients par famille. Lise Pigeon, atteinte de sclérose en plaques, d'épilepsie et de polyarthrite rhumatoïde, estime toutefois que la réforme pénalise les personnes lourdement handicapées. Elle affirme que les médecins préfèrent prendre en charge des cas moins complexes afin de remplir les quotas imposés par Québec.

«Mon dossier médical est trop gros pour ne pas faire fuir les médecins. Les proches aidants sont épuisés et transformés en préposés et les personnes déjà vulnérables doivent payer pour des services qui leur sont essentiels!», déplore-t-elle.

Mme Pigeon souhaitait aborder le ministre Barrette lors de son discours devant la CCMM, mais elle affirme qu'on lui a refusé un droit de parole.

La militante souhaiterait une augmentation du nombre de préposés aux bénéficiaires sur le terrain et à domicile – et une augmentation équivalente du nombre de bénéficiaires – afin de libérer les infirmières et les médecins.

Le déjeuner-causerie organisé par la CCMM a aussi été interrompu par des syndiqués des services de la santé affiliés à la Centrale des syndicats nationaux (CSN). Ceux-ci ont été refoulés à l'extérieur de la salle par les agents de la sécurité. Une personne a été escortée à l'extérieur par des policiers du SPVM.

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