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Les libéraux prennent leurs distances des somptueuses soirées de Marc Bibeau

Autre époque, autres mœurs?

QUÉBEC – «Cette époque est révolue.» Les ministres de l'ère Charest ont une fois de plus tenté de prendre leurs distances de l'ex-argentier libéral Marc Bibeau, qui organisait de somptueuses réceptions où les gens d'affaires pouvaient rencontrer des politiciens.

Le Bureau d'enquête de Québecor révélait mercredi que M. Bibeau avait organisé au moins sept de ces soirées arrosées avec majordomes en tuxedo et serveuses en kimono, en 2003 et en 2004, où l'on retrouvait, entre autres, l'actuel premier ministre Philippe Couillard.

Le député d'Orford, Pierre Reid, qui était ministre de l'Éducation à l'époque, dit qu'il a assisté à l'une de ces «fêtes intéressantes» après la victoire du gouvernement Charest en 2003. Mais il nie avoir été approché par des firmes de génie-conseil pendant la soirée.

«En ce qui me concerne, il ne s'est pas passé aucun type de conversation d'affaires», s'est-il défendu. Il ne se souvient cependant plus qui l'a invité et affirme ne pas connaître les hommes d'affaires qui trinquaient au champagne à ses côtés.

Robert Poëti, ministre délégué à l'Intégrité des marchés publics, était encore à la Sûreté du Québec à cette époque. Mais il dit qu'il y a eu une «évolution de la société» et que les lois ont changé depuis cette époque.

«Tous partis confondus, toutes responsabilités inhérentes à des gens qui occupent des postes qui ont été choisis, qui représentent les citoyens, qui travaillent dans l'administration publique, doivent avoir une éthique à la hauteur des attentes des citoyens. Et les citoyens veulent le maximum», a renchéri M. Poëti.

Les ministres Lise Thériault et Geoffrey Kelley ont reconnu qu'ils étaient bien sur la liste d'invités de ces soirées, mais n'ont pas souhaité commenter.

Une « dose de sa propre médecine »

Le premier ministre s'est retrouvé sur la sellette, lors de la période des questions, en raison de sa présence à cet «événement social». «Ce n'était rien d'autre que des rencontres entre des gens. Tous les partis politiques faisaient ça et on a amplement de quoi le démontrer», a-t-il rétorqué en réponse à une question du Parti québécois.

M. Couillard s'en est ensuite pris au chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, pour «lui faire goûter une petite dose de sa propre médecine».

Il l'a accusé d'avoir frayé avec les compagnies pharmaceutiques en 2002 lorsqu'il était le ministre péquiste de la Santé. En 2003, alors qu'il était collecteur de fonds principal au Parti québécois, M. Legault aurait amassé six millions de dollars, a-t-il poursuivi.

«Alors, je ne dis pas ça pour le blâmer, moi, je pense que c'est un homme intègre, le chef de la deuxième opposition. Mais je suis en train de montrer que, par des rapprochements et des allusions, on est en train de créer des perceptions», s'est justifié M. Couillard.

«Ce qui est également vrai, c'est qu'il fallait mettre un terme à une sorte de proximité qui devenait de plus en plus difficile même pour la perception entre les milieux économiques et les élus. C'est chose du passé», a répété M. Couillard.

Un parti «sous influence»

Les partis d'opposition ne se sont pas montrés impressionnés par les explications du premier ministre et de ses ministres. Ils maintiennent que l'ex-argentier Bibeau a toujours le bras long au sein du Parti libéral du Québec (PLQ).

Le leader parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, dit que le PLQ est un parti « sous influence » et somme les ministres toujours en poste de s'expliquer. Il invite aussi le Directeur général des élections (DGE) à se pencher sur ces révélations.

Le leader parlementaire adjoint de la Coalition avenir Québec (CAQ), Éric Caire, de son côté, s'est dit «dégoûté» par le «trafic d'influence» exercé par M. Bibeau. Il le soupçonne d'obtenir encore des contrats gouvernementaux lucratifs.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, est allé plus loin en parlant de «corruption» qui «gangrène le Parti libéral». Il veut que le premier ministre Couillard admette ce qu'il savait du «financement illégal» de son parti afin de faire débloquer les enquêtes de l'Unité permanente anticorruption.

Avec La Presse canadienne.

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