RÉSEAUX SOCIAUX - Les fake news pour l'élection présidentielle américaine de 2016 ont eu une ampleur bien plus importante que prévue. C'est ce que devraient déclarer les représentants de Facebook, Twitter et Google, à partir de ce mardi 31 octobre.
Pendant deux jours, plusieurs commissions parlementaires doivent auditionner des représentants de ces géants du web. Selon plusieurs médias, dont le Wall Street Journal et Business Insider, Facebook devrait dévoiler que jusqu'à 126 millions d'Américains ont pu visionner des contenus mis en ligne par des intérêts russes dans le but d'influer les élections américaines. En clair, des rumeurs accusant Hillary Clinton ou favorables à Donald Trump.
80.000 posts ont été publiés par des trolls russes entre janvier 2015 et août 2017. 29 millions d'Américains auraient vu apparaître ces articles directement sur leur fil d'information. En les partageant à leur tour, c'est 126 millions de personnes qui ont été exposées à ces fausses informations.
Twitter aussi avait sous-estimé ses trolls
Twitter, de son côté, va également donner des chiffres d'une ampleur qui dépasse de loin les précédentes estimations du réseau social. 36.746 comptes ont ainsi généré du contenu automatiquement, lié à l'élection américaine.
Parmi ceux-ci, 2752 seraient, selon Twitter, directement lié à la IRA, l'"Agence de recherche sur internet", considérée comme "l'usine à trolls" du Kremlin. Un chiffre plus de 10 fois supérieur au précédent rapporté par le réseau social aux autorités, en septembre. A l'époque, Twitter n'avait repéré que 201 comptes pro-russes propageant des fake news.
Ces comptes ont généré 1,4 million de tweets automatiques, qui ont reçu 288 millions d'interactions (like, partage, réponse).
Google aussi s'est fait troller
Sur son blog officiel, Google a reconnu lundi 31 octobre, pour la première fois officiellement, avoir également trouvé des contenus du même genre.
"Nous avons trouvé des preuves de tentatives de détournement de nos plateformes pendant l'élection américaine de 2016 par des acteurs liés à l'Internet Research Agency en Russie", a écrit Google, qui parle "d'activité limitée" sur le moteur de recherche et sa plateforme vidéo YouTube.
Sur YouTube, Google a identifié 18 chaînes (suspendues depuis par le groupe) "vraisemblablement liées" à la campagne et ayant publié environ 1100 vidéos en anglais semblant avoir un contenu politique. Elles ont cumulé 309.000 vues aux Etats-Unis dans les 18 mois précédant l'élection.
Les réseaux sociaux dans le viseur du Congrès
Facebook, Twitter et Google sont dans la ligne de mire du Congrès américain, qui enquête sur une possible ingérence russe dans la campagne qui a mené à la victoire de Donald Trump et qui considère que les réseaux sociaux ont servi de plateformes pour de la propagande venue de Russie.
Facebook avait déjà indiqué début octobre qu'environ "10 millions de personnes aux Etats-Unis" avaient visionné des contenus sponsorisés ("ads") financés par près de 500 comptes activés depuis la Russie et qui avaient pu servir à manipuler l'opinion, principalement en attisant les clivages idéologiques au sein de la société américaine.
Selon Facebook, ces contenus étaient financés par l'"Internet Research Agency" et destinée à diffuser des messages sur les réseaux sociaux via de faux comptes d'utilisateurs. Twitter a récemment annoncé qu'il avait banni de sa plateforme publicitaire les médias financés par le Kremlin RT et Sputnik. Ce dernier a répondu en révélant que ce serait le réseau social qui aurait proposé aux médias russes de faire des publicités politiques ciblées.
Selon le renseignement américain, Moscou a payé pendant la campagne de 2016 des groupes de "trolls" pour diffuser des messages néfastes pour la candidate démocrate Hillary Clinton et favorables à son rival victorieux, le républicain Donald Trump.
Une goutte de fake news dans l'océan des réseaux ?
Les réseaux sociaux ne comptent pas uniquement passer aux aveux, selon les médias américains. Ils vont également essayer, comme depuis plus d'un an, de montrer que les fake news n'ont peut être pas eu tant d'impact.
Ainsi, Facebook compte rappeler que les fausses informations provenant de comptes russes représentent 0,004% des contenus générés sur la même période dans le fil d'actualité. Twitter, de son côté, va rappeler que ces 37.000 comptes ne représentent que 0,012% du nombre total de comptes sur le réseau social. Google, lui, va préciser que seules 3% des 1108 vidéos postées sur YouTube ont dépassé les 3000 vues.
Une défense logique de la part des réseaux sociaux. Mais de manière générale, l'impact des fake news ne fait pas l'unanimité. Les chercheurs travaillent justement à comprendre quel peut être l'impact réel de ces fausses informations.
Moscou a démenti plusieurs fois avoir interféré dans la campagne américaine. Cette question de l'ingérence de la Russie dans la campagne américaine donne lieu à diverses enquêtes au Congrès et par un procureur spécial, Robert Mueller. Ce dernier a mis en cause lundi pour la première fois trois personnes, dont l'ancien directeur de campagne de Donald Trump Paul Manafort.
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