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«Vivant»: Jérémy Demay inébranlable dans les scandales

Demay a saisi la balle au bond dès le départ et réglé le «dossier Salvail» de façon très habile...

Il aurait fallu plus qu'un «petit» scandale impliquant l'animateur le plus populaire de la télévision québécoise pour éteindre l'irradiante joie d'exister de Jérémy Demay.

Toujours heureux d'être content, excité d'être exalté, le grand bonhomme avait la malchance de vivre la première montréalaise de son deuxième one man show, Vivant, mercredi, alors que les déclarations incendiaires sur Éric Salvail avaient tapissé «nos Internets» toute la journée.

Comble du mauvais karma, c'est pendant la prestation de notre joyeux gaillard que Gilbert Rozon, grand manitou de Juste pour rire, a annoncé sur Facebook qu'il quittait toutes ses fonctions, ébranlé par les allégations qui circulaient déjà à son sujet, avant même qu'un premier article le pointant du doigt ne soit publié. Juste pour rire qui, rappelons-le, produit cette nouvelle tournée de Jérémy Demay. Décidément...!

D'ailleurs, tous les décideurs de la boîte présents à l'Olympia pour la mise à feu de Vivant s'étaient mystérieusement volatilisés à l'entracte. Hasard ou simple adon, sans doute. Permettons-nous d'être sarcastique dans ce climat pour le moins lourd et tendu...

Mais pensez-vous que notre éternel ado allait se laisser décourager par ces quelques éléments extérieurs? La vie est bien trop courte pour ça!

Après la rigolote première partie de son acolyte barbu Alexandre Douville, et sa «face de gars qui prend des notes en écoutant Prison Break», Jérémy Demay est entré sur scène comme une rock star, en dansant et en incitant les spectateurs à bondir de leur siège. Déjà, on savait que les deux prochaines heures ne seraient pas tranquilles.

Pas con, Demay a saisi la balle au bond dès le départ et réglé le «dossier Salvail» de façon très habile. Il a raconté que plusieurs incidents auraient pu gâcher son soir de première, comme ce technicien qui lui a renversé du vin dessus, ou cette visite à Rachid Badouri qui lui a servi de la pizza à l'ail. «Heureusement qu'il n'y a pas d'autres événements qui auraient pu perturber ma première qui finissent par ail», a-t-il dégainé, efficace.

Ce fut le seul gag sur l'épineuse question de toute la soirée. Après quoi, le gentil Jérémy a réaligné sur son style inoffensif et bon vivant. Cet aparté signé Demay a probablement fait du bien à plusieurs, mercredi. On avait l'impression que rien d'autre au monde n'existait pendant sa représentation, et surtout pas les controverses liées à d'influents producteurs.

Bruyant et exubérant

L'énergie résolument juvénile de Jérémy Demay ne saurait toutefois cacher la faiblesse de son nouveau spectacle, moins achevé, moins clair, plus éparpillé et, avouons-le, moins intéressant que son premier, Ça arrête pu d'bien aller!, qu'il proposait en 2013 et dans lequel il se présentait aux Québécois. C'était là sa carte de visite et il avait été charmant.

Cette fois, on ne sait pas trop où il s'en va. Il prend visiblement un grand plaisir à empoigner sa guitare pour gueuler Tassez-vous de d'là, sa version revisitée de On va s'aimer encore (devenue Je vais me toucher encore) ou Nous autres, de 2 frères, mais un spectacle d'humour n'est pas un feu de camp, même si l'homme est bien libre d'utiliser son temps de scène comme bon lui chante. Ses histoires sur les relations hommes-femmes sonnent souvent le déjà-entendu et frôlent parfois le mauvais goût. Il reprend beaucoup de matériel déjà éprouvé dans des galas Juste pour rire ou ailleurs.

Et, problème d'entre les problèmes - à résoudre le plus rapidement possible! -, sa prononciation souvent déficiente et son débit trop rapide ont rendu la première partie presque pénible, par instants. On échappait très souvent les bouts de ses phrases, ce qui n'est évidemment pas à son avantage. Il semblait nettement plus à l'aise après l'entracte.

L'impression qui se dégage de Vivant, c'est que le toujours sympathique Jérémy Demay a encoffré un peu trop «d'attitude» dans ses dernières années de gloire et qu'il joue désormais une sorte de personnage d'amuseur à tout prix, presque trop bruyant et exubérant. Il fait la pluie et le beau temps à MusiquePlus et dans des capsules web ; forcément, son public est essentiellement jeune, et Demay se la joue apparemment «cool» pour cadrer dans le moule, ce qui s'avère naturel pour lui. Hélas, c'est souvent criard et un tantinet désagréable.

Par contre, Jérémy Demay sait y faire avec une assistance. Il a le tour d'improviser avec son parterre, installe des gags récurrents avec quelques têtes de Turc savamment choisies, et toujours avec succès.

Parmi les thèmes chers à Vivant, les différences France-Québec, les «vieux» et les «jeunes» couples (où son «éloge» aux pédalos (et Péladeau!) est très comique), nos choix dans la vie, les «mononcs'» et les «matantes» («qui rient de leur propre joke pendant qu'elles racontent la joke»), la vie, la mort, la sexualité (et la masturbation, le sport préféré des garçons, si on en croit Demay).

Les boutades au ras des pâquerettes – les types de rots qu'on pousse après une ou plusieurs bières – côtoient les moments très inspirés, comme cette tirade sur l'importance de profiter de chaque minute de nos vies. C'est long avant que ça devienne réellement pertinent, mais lorsque ça l'est, ça vaut le coup.

La proximité est telle avec les gens venus l'applaudir qu'il se permet même de faire monter quelqu'un près de lui pour lui faire un câlin. Une cocasserie qui s'inscrit parfaitement dans sa démarche de, si on veut, «marchand de bonheur», lui qui publiait même un ouvrage de croissance personnelle, La liste, en 2015.

Bref, il y a un peu de tout dans le Vivant de Jérémy Demay – même une chanson originale du même titre offerte par son grand ami Alex Nevsky – et, si on apprécie ce genre bigarré, on répondra présent. 40 000 billets ont d'ailleurs déjà été écoulés pour Vivant, ce qui confirme que Demay et sa douce folie ont la cote.

Jérémy Demay présentera Vivant à l'Olympia jusqu'au 26 octobre, puis en supplémentaires, au même endroit, du 22 au 25 février 2018. Toutes les dates de sa tournée sont répertoriées au hahaha.com.

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