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L’élégant album «Politesses» de Félix Dyotte

«C'est une suite logique du premier disque, mais pas du tout dans le même esprit...»
Bien à vous

Avec douceur et un brin de sarcasme, l'auteur-compositeur-interprète montréalais Félix Dyotte continue son aventure solo en proposant un second album intitulé Politesses. Le fondateur et chanteur-guitariste de l'ancien groupe Chinatown a replongé dans les sentiments humains afin de construire un univers qui tangue entre le rock velouté, la tradition chansonnière française et la musique électronique. Rencontre.

En ouverture d'album, Félix Dyotte et son amie Évelyne Brochu, l'actrice, poursuivent leur exploration du thème de l'amour déçu avec Je cours. À la suite du joli morceau C'est l'été, c'est l'été, c'est l'été (sorti en 2016), Dyotte a décidé d'inviter de nouveau sa complice à chanter en duo une pièce de Politesses.

Contrairement à son précédent album homonyme, l'ambiance de Politesses est moins dramatique. Pour le reste, Dyotte offre toujours des pièces pop soignées et empreintes de jolies mélodies. Or, le lyrisme tristounet qui habillait le premier disque a fait place à la gaité. Exit les turpitudes amoureuses qui se transforment en manifeste de l'abattement et du chagrin. Une chose importante demeure : Félix Dyotte (qui livre parfois des textes pour Pierre Lapointe) construit de très belles chansons. Parfois douillettes et sentimentalistes, ses chansons sont néanmoins riches et efficaces.

L'amour et la vie rêvée

Certes, Félix Dyotte traite encore d'amour et de romance, mais sur un ton bien plus léger, surtout en ce qui a trait aux paroles.

«Politesses est une suite logique du premier disque, mais pas du tout dans le même esprit, raconte l'artiste qui est assis à la table d'un café du quartier Villeray. L'idée était de poursuivre le travail que j'avais commencé. Je voulais éviter la crise du second album. C'est-à-dire que je ne voulais pas révolutionner ce que j'avais déjà fait [sur le premier disque solo]. Je me suis dit que si j'étais pour faire un disque expérimental, acoustique ou encore purement électro, j'allais attendre un peu!»

Cela dit, les ambiances électroniques sont davantage présentes sur Politesses, que ce soit sur la chanson Croix (avec Cœur de pirate), Stop Idaho (construite de machine drums et de synthétiseurs) ou encore Ulverton (nom anglophone du village des Cantons de l'Est dans lequel est situé le chalet familial de Dyotte). «Pour Ulverton, j'ai utilisé un Korg Ms-10, un B3, des Mellotron et même un vieil orgue italien des années 1970. Il y a beaucoup de claviers, mais ils sont joués doucement.»

«Je ne peux pas dire que l'utilisation des synthétiseurs provoque un changement radical dans la musique de Politesses, mais on sent qu'ils ont pris plus de place. Je pense que je me dirige vers ça... À part le spectacle avec band, je suis en train de monter un concert en formule solo (peut-être en duo avec Carmel Scurti-Belly, qui fait des chœurs sur l'album) qui va inclure pas mal de musique électro, avec des séquences, pour pouvoir faire de la musique de party et jouer plus tard. Je crois que les nouvelles chansons se prêtent plus à cette approche. Il n'y a pas ou très peu de tounes tristes ou tragiques sur Politesses

En fait, l'humeur heureuse enrobe plusieurs chansons de l'album. «Sur Station balnéaire, je ris du monde. C'est un regard péjoratif sur les personnes qui fréquentent ces lieux. Je me moque même des gens que j'aime. Pour moi, cet endroit c'est la misère de la bourgeoisie. La vie mondaine a quand même ses problèmes, ses défauts. L'amour, c'est mondain, par rapport à d'autres inquiétudes.»

Il y a encore plusieurs pièces qui abordent le thème de l'amour (Chrysanthèmes, Vole au vent). Selon Dyotte, quelques-unes parlent de la rupture amoureuse (C'est peut-être que je ne t'oublierai jamais), mais elles sont limitées. «À l'écriture, j'ai poursuivi des idées qui me faisaient de l'effet, dit-il. Au final, on peut apposer l'amour sur presque toutes les tounes de Politesses. Mais le sujet peut se transformer et signifier autre chose pour quelqu'un qui se l'approprie...»

La réflexion fut toute autre à propos de la pièce Pour ce que valent tes larmes, sur laquelle collabore le chanteur Philémon Cimon. Félix Dyotte s'est mis au départ dans la peau d'un adolescent qui rêve d'une meilleure vie, sans grandes ressources. J'ai voulu souhaiter du beau à ce jeune. C'est une chanson qui parle surtout d'isolation, de solitude.»

Afin de présenter l'album, l'équipe de Dyotte a décrit Politesses comme «une esquisse des scènes impressionnistes rendant hommage à la vie rêvée. C'est une vie de voyages et d'exils de soi, de découvertes éternelles et éphémères.» Même dans un communiqué, la poésie des mots et les métaphores sont à l'honneur.

Quelques fidèles collaborateurs

Réalisé par Félix Dyotte et mixé par Pascal Shefteshy (Peter Peter, Kroy, Arcade Fire), Politesses est également le résultat d'une dizaine d'autres collaborateurs, dont le brillant Philippe Brault, qui a de nouveau supervisé les arrangements de cordes pour environ la moitié des 13 chansons du disque.

Carmel Scurti-Belly (voix), Jason Kent (basse), Philippe Francis Mineau (batterie) ont aussi travaillé à l'enregistrement. Ceux-ci ont déjà collaboré avec Dyotte auparavant, en studio ou sur les planches. Le batteur Guillaume Éthier (Jimmy Hunt) s'est par ailleurs ajouté à l'équipe.

«Depuis le début de mon projet solo, j'ai pris confiance à propos de la réalisation, indique Félix Dyotte. D'ailleurs, je vais écrire et réaliser un album pour Évelyne Brochu. C'est une bonne amie que j'ai rencontrée au cégep Saint-Laurent. Elle n'a jamais publié de pièce, mais elle chante mieux que jamais. Et même si elle ne joue pas d'instrument, elle a un très bon sens musical.

«Je suis bien content. C'est un autre projet qui m'attend. Ça devrait sortir l'an prochain. Je monte en ce moment une équipe. D'ici là, je travaille sur mon show. La première montréalaise, comme on dit, aura lieu au Théâtre Fairmount, le 9 novembre.»

Il sera accompagné de trois personnes sur scène.

Félix Dyotte offrira ce soir une performance-lancement de cinq morceaux lors d'un 5 à 7, au White Walls Studio, à Montréal.

L'album Politesses sera disponible dès vendredi.

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