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«De garde 24/7», un troisième «stage d’observation» à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont

L'équipe transporte ses caméras dans l'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie pour ausculter de nouveaux médecins.
Courtoisie / Télé-Québec

Téléspectateurs, votre stage d'observation en médecine se poursuit dès ce soir sur les ondes de Télé-Québec, désormais à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont plutôt qu'à Charles-LeMoyne.

C'est-à-dire qu'après deux saisons entre les murs de l'établissement de Greenfield Park, l'équipe de De garde 24/7 transporte ses caméras dans l'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie pour ausculter de nouveaux médecins, de nouvelles spécialité et de nouveaux cas à traiter, dans des épisodes durant dorénavant une heure.

L'excellente série documentaire – qui raflait, il y a deux semaines, trois trophées Gémeaux -, s'en trouve ainsi renouvelée, tout en conservant son essence première, celle de démystifier la réalité des hôpitaux et des médecins et, surtout, de montrer les combats humains qui se dressent dans les locaux au quotidien.

Paul-Maxime Corbin, réalisateur et scénariste de De garde 24/7 avec Louis Asselin, qualifie «d'emballante» la réaction du personnel de Maisonneuve-Rosemont lorsque la demande d'ouvrir ses portes pour la télévision lui a été adressée.

«C'était intéressant pour nous d'aller vers de nouvelles personnes, de nouveaux environnements, explique Paul-Maxime Corbin, qui baigne dans le milieu des hôpitaux depuis novembre 2014 grâce à De garde 24/7. Ça s'est fait assez naturellement. Rapidement, on a senti un intérêt très fort de Maisonneuve-Rosemont. On a rencontré la direction de l'hôpital et les médecins et, rapidement, ils ont eu envie de travailler avec nous. On a eu trois rencontres avec une vingtaine de médecins qui, chaque fois, nous posaient des questions, et nous on leur expliquait la démarche. Ils avaient entendu parler de la série dans les deux premières années; les médecins, ce ne sont pas des gens qui écoutent la télé tant que ça, mais ils savaient que ce qu'on a fait a été apprécié des gens qui y ont participé. Avec une troisième année, on n'arrivait pas dans la même position qu'au tout départ, alors que rien n'avait été fait. On a été accueillis à bras ouverts.»

Aide à mourir

L'urgence de Maisonneuve-Rosemont, qui voit passer plus de 75 000 personnes par année – entre 200 et 250 par jour, en moyenne -, est décrite comme une espèce de «mastodonte» par les intervenants du milieu de la santé. On y rencontrera de nouveaux protagonistes attachants, dont l'émotif et généreux François Marquis, interniste et chef de l'unité des soins intensifs, la rayonnante Sophie Mottard, chirurgienne orthopédique oncologue, et l'éclairant Michel Morin, chirurgien général et coordonnateur du bloc opératoire, pour ne nommer que ceux-là.

«C'est immense, et il y a des spécialités très rares, indique Paul-Maxime Corbin. Sophie Mottard, ils sont six au Québec à faire ce qu'elle fait. On a des gens hyper spécialisés, qui se retrouvent à avoir des patients d'un peu partout, avec une approche très personnelle. Les médecins de Charles-Lemoyne étaient de haut calibre, mais là, on a un niveau de spécialité supplémentaire. C'était stimulant, de découvrir de nouveaux départements, de nouvelles personnes.»

«On fait du documentaire d'observation et, ce qui est intéressant, c'est qu'on s'immisce dans la vie des gens, on entretient une discussion avec eux, ils nous confient des choses, on a des échanges qui s'étalent sur plusieurs mois, où on apprend à les connaître, et eux aussi. Dans certains cas, ils apprennent à redécouvrir certains éléments de leur vie personnelle ou professionnelle, qu'ils avaient un peu oublié avec le temps», enchaîne le réalisateur.

Ce troisième volet de De garde 24/7 approfondira certains aspects abordés dans les deux premières années, mais en soulèvera aussi de nouveaux, dont l'aide à mourir. Dans le premier épisode, intitulé Les limites de la médecine, François Marquis administrera l'ultime traitement, non sans émotion, dans des scènes empreintes de sobriété et de respect. Les deux premières heures s'attardent beaucoup aux limites de la médecine et de l'être humain, et aux façons de composer avec les inévitables impossibilités.

«Même si ça reste des réanimations à l'urgence, des codes bleus qui sont en train de mourir à l'étage, ça reste des gens qui doivent prendre des décisions de vie ou de mort, expose Paul-Maxime Corbin. Chaque fois qu'on est là, il se passe quelque chose qui n'est pas simple à vivre, pour le médecin ou pour le patient. D'avoir l'opinion, le regard de nouvelles personnes là-dessus, c'est hyper enrichissant. Ce qui nous intéresse, c'est l'histoire humaine derrière la chirurgie, de rencontrer la fragilité de la vie humaine. Tous les jours, les spécialistes jonglent avec des décisions de ce niveau.»

Dans leurs bottines

Les habitués de De garde 24/7 constateront une légère modification au niveau de la structure de l'émission. En épisodes de 60 minutes, on développe maintenant plus d'histoires, impliquant davantage de docteurs et de bénéficiaires. Paul-Maxime Corbin évoque une construction moins linéaire au montage. Pour le reste, la signature De garde 24/7 demeure la même.

«J'aime le cinéma qui est direct, la caméra qui suit de façon très rapprochée les protagonistes. J'aime quand on est dans leurs bottines, qu'on les suit, quand c'est rythmé et nerveux. Je pense qu'on a reproduit ça, mais c'était déjà établi dans la série. On est dans la continuité, on n'a pas cherché à renverser ce qui avait été fait.»

Si le succès de De garde 24/7 fait extrêmement plaisir à Paul-Maxime Corbin, le fait de faire œuvre utile auprès de la population, de désensibiliser un peu le sujet de la médecine et dévoiler l'humanité de ses artisans, le rend particulièrement fier.

«C'est inouï d'être présent et d'avoir accès à ces gens-là, qui ont des vies et des caractères extraordinaires, s'enflamme le chef d'orchestre de toute l'aventure. J'imagine qu'on ne rencontre pas les pires, mais ce sont des gens qui travaillent 70 heures par semaine, en ne tournant jamais les coins ronds, pour aider d'autres personnes, et c'est beau à voir.»

«Avant, moi, je n'aimais pas les hôpitaux, mais maintenant, j'adore ça. Ça ne m'intimide plus, parce que je sais comment ça marche. Quand on rencontre les patients, on leur dit que c'est bien qu'ils acceptent de participer avec nous, parce qu'après, quand les gens vont à l'hôpital, ça leur fait moins peur. Ils comprennent comment ça marche, pourquoi ça se passe ainsi, pourquoi le médecin n'est pas là, en train de s'occuper d'eux. Souvent, quand on va à l'hôpital, on est très vulnérable, et je trouve utile de dédramatiser ce lieu-là. Ça le rend moins intimidant. Si les gens aiment l'émission, s'ils sont touchés, si ça fait en sorte qu'ils sont moins intimidés par les hôpitaux, il n'y a que du bon là-dedans.»

De garde 24/7, le jeudi, à 20h, dès ce soir, 28 septembre, à Télé-Québec. En rediffusion le dimanche, à 20h, le mercredi, à 22h et le vendredi, à 13h, puis disponible en rattrapage sur le site web de la chaîne.

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