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Des économistes recommandent de taxer l'eau selon la consommation

Afin de réduire la consommation d'eau à Montréal.
Olivier Robichaud

Un nouveau rapport de la Commission de l'écofiscalité du Canada recommande l'installation de compteurs d'eau dans les logements et la tarification selon la consommation, afin de réduire la consommation d'eau à Montréal. Une mesure rejetée catégoriquement par certains, vu les coûts et les réussites déjà enregistrées en la matière.

La Commission est composée d'économistes et de divers acteurs politiques et environnementaux. Dans son rapport intitulé Cacher les aqueducs mais pas leurs coûts, elle souligne que Montréal consomme deux fois plus d'eau que les autres grandes villes canadiennes, qui taxent l'eau selon la consommation.

«Au Québec, les villes qui taxent selon la consommation utilisent 75% moins d'eau que celles qui ont un tarif unique», avance France St-Hilaire, membre de la Commission de l'écofiscalité et de l'Institut de recherches en politiques publiques.

Environ 30% de toute l'eau produite à Montréal n'est pas consommée, mais plutôt perdue dans des fuites. Rappelons que la Ville de Montréal investit des sommes importantes depuis plusieurs années afin de renouveler ses infrastructures d'eau potable. La production d'eau par habitant a ainsi diminué de 28% depuis 2001.

Mme St-Hilaire estime toutefois que Montréal pourrait faire d'autres gains en taxant la consommation.

«Ce qu'on dit, c'est qu'avec l'approche utilisateur-payeur, on s'assurerait de bonifier ces avancées. Les compteurs d'eau permettraient aussi aux municipalités de mieux gérer les investissements», affirme Mme St-Hilaire.

Pas dans les logements, répond le RCLALQ

La Commission sur l'écofiscalité recommande d'appliquer cette mesure aux industries, commerces et institutions (ICI), mais également au secteur résidentiel. Une mesure que promettent de combattre les associations de locataires.

«Nous nous opposons à la tarification du résidentiel. Ce serait catastrophique pour les locataires à faibles revenus. Certains peinent déjà à payer leurs loyers», affirme Maxime Roy-Allard, porte-parole du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

La Commission estime qu'il y a des façons de réduire les impacts sur les ménages à faibles revenus, notamment en créant un seuil de consommation de base. La consommation ne serait tarifée qu'à partir de ce seuil.

À l'hôtel de ville, le parti d'opposition Projet Montréal fait écho aux préoccupations du RCLALQ. Le porte-parole Sylvain Ouellet estime que ce genre de mesure est très difficile à appliquer dans le marché locatif.

Des coûts «phénoménaux»

M. Ouellet souligne également les coûts importants liés à l'installation de compteurs d'eau.

«Le scandale des compteurs d'eau, c'était juste pour les ICI et ça aurait coûté des centaines de millions de dollars. Si on s'en va dans le résidentiel, on parle de beaucoup plus d'adresses où il faudra en installer», lance-t-il.

Le contrat accordé puis annulé pour les compteurs d'eau était le plus important contrat jamais accordé par la Ville de Montréal. Depuis, la Ville a adopté un plan beaucoup moins ambitieux, mais qui comprend tout de même un budget de 55 M$.

M. Ouellet ajoute que certaines municipalités tarifient l'eau à la consommation parce que leurs usines d'eau potable sont à pleine capacité.

«On n'est pas dans un désert!, lance-t-il. Nos usines sont en surcapacité et c'est à Montréal que la production d'eau coûte le moins cher. Il y a d'autres moyens beaucoup moins coûteux pour réduire notre consommation d'eau.»

Du côté du maire Denis Coderre, on indique que «plusieurs facteurs doivent être pris en ligne de compte» avant de prendre une décision concernant la tarification selon la consommation.

"L'administration Coderre avait mandaté un Comité d'étude sur la fiscalité non-résidentielle qui a fait des recommandations allant dans le même sens l'an dernier. La question continue d'être étudiée mais on n'en est pas là pour le moment", affirme son attachée, Noémie Brière-Marquez.

La Ville de Montréal a pour objectif de réduire sa consommation totale d'eau de 20% d'ici 2020, par rapport aux niveaux de 2011.

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