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Caroline St-Hilaire, ou le désir de rêver grand

Dans un nouveau livre, elle dévoile publiquement ce que plusieurs politiciens et observateurs savaient en privé.
Caroline St-Hilaire et Geneviève Lefebvre (co-auteure du livre).
Julien Faugère
Caroline St-Hilaire et Geneviève Lefebvre (co-auteure du livre).

La populaire mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, tirera sa révérence cette année après 20 ans de politique fédérale et municipale. Dans un nouveau livre qui retrace quelques épisodes de sa carrière et de sa vie personnelle, elle affirme toujours avoir le désir de rêver grand.

Mme St-Hilaire a soulevé de nombreux défis tout au long de sa carrière politique. À commencer par le défi de l'ouïe. Dans son livre Se faire entendre, elle dévoile publiquement ce que plusieurs politiciens et observateurs savaient en privé: elle est sourde.

«En 2008, j'ai été bouleversée d'apprendre que j'étais totalement sourde. J'ai beaucoup pleuré. Je trouvais gênant de porter des appareils, je me sentais dépendante d'eux. Je détestais ça, me sentir handicapée. Dans les faits, que ça me plaise ou non, je suishandicapée», raconte-t-elle dans l'ouvrage.

Son handicap a non seulement façonné sa façon de communiquer, il a modifié sa façon de voir. Et cela n'a pas toujours été un désavantage. Un conseil: lavez-vous les dents avant de lui parler.

«Tu apprends à regarder autrement, écrit Mme St-Hilaire. Je n'ai jamais retenu la couleur des yeux des gens, mais je connais tout de leur hygiène buccale, de l'état de leurs dents, et je fais la lecture labiale. Savoir lire sur les lèvres, surtout de loin, c'est très pratique en politique!»

Combattre le cynisme

Un autre obstacle important dans la vie de Mme St-Hilaire a été le cynisme envers la politique et les politiciens. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles elle a écrit ce livre, avec l'aide de Geneviève Lefebvre.

«J'avais envie de diminuer le cynisme envers la classe politique. Moi ce que j'ai vu au cours des 20 dernières années, ce sont des politiciens engagés, dévoués avec de bonnes intentions. C'est sûr que ce n'est pas toujours ceux-là qui intéressent les médias, mais moi c'est ceux-là avec qui j'ai travaillé», affirme Mme St-Hilaire en entrevue au HuffPost Québec.

La tâche était lourde, surtout lorsqu'elle est arrivée sur la scène municipale en 2009. Chaque semaine amenait alors un nouveau lot d'allégations de corruption à Montréal, à Laval, à Mascouche, et aussi à Longueuil.

«On a délogé une administration qui était là depuis 27 ans. Il fallait qu'on mette sur pied un système avec beaucoup de rigueur. On a changé 13 directeurs de service sur 13. Il y a un ménage qui a été fait», souligne la mairesse.

Mme St-Hilaire accuse toutefois les médias d'alimenter le cynisme. Dans son livre, elle raconte l'épisode de la présentation de son dernier budget, tombé le même jour que la condamnation de l'ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, en décembre 2016.

«Malgré le travail exceptionnel de toute une équipe pour présenter un budget qui était à l'avantage des citoyens, tout ce qui inté­ressait les médias, c'était mon opinion sur cette condam­nation. [...] Les médias ne sont jamais intéressés par ce qui va bien, par les efforts de ceux qui se fendent en quatre pour que les citoyens soient bien servis. Pour démotiver ceux qui ont envie de faire partie de la solution au lieu de s'en mettre plein les poches, c'est dur à battre!», lance-t-elle.

Mme St-Hilaire estime que ça a été le «moment charnière» dans sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat. L'annonce officielle est survenue deux mois plus tard.

La découverte du féminisme

Caroline St-Hilaire affirme n'avoir jamais perçu sa féminité comme un obstacle, jusqu'à ce qu'elle se voit confier le rôle de porte-parole du Bloc Québécois en matière de condition féminine. Elle hésitait même à se définir comme féministe.

«Ce qui a changé la donne, c'est ma rencontre avec la sénatrice Lucie Pépin. Je lui ai dit que j'étais estomaquée de tous ces débats sur la condition féminine et que je ne pense pas que je suis féministe vraiment. Elle m'a dit, "Caroline, ne répétez plus jamais que vous n'êtes pas féministe. Être féministe, c'est être pour l'avancement de la cause des femmes. Tous les hommes et toutes les femmes devraient être féministes», affirme la mairesse en entrevue.

Cette conversation est arrivée alors qu'elle commençait à voir certains obstacles dans son rôle de députée du Bloc. Elle rencontrait aussi des groupes de femmes qui vivaient de la discrimination.

Mercredi, Mme St-Hilaire a réagi aux propos de la présidente du Conseil du statut de la femme, qui a affirmé que l'égalité entre les sexes était «presque acquise» et qui a proposé un changement dans le nom et le rôle de l'organisme.

Se faire entendre est disponible depuis cette semaine en librairie.

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