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La rue Prince-Arthur renaît-elle de ses cendres?

La rue attire de nouveaux commerces.
olivier robichaud

La toute nouvelle rue Prince-Arthur, jadis l'épicentre des restaurants grecs et de la formule «apportez votre vin», a été inaugurée vendredi par l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Presque déserte pendant des années, voilà qu'elle attire de nouveaux commerces.

Prince-Arthur a connu de très mauvaises années récemment. De nombreux commerces mythiques ont fermé leurs portes, y compris la quasi-totalité des restaurants grecs. Seule la populaire Casa Grecque demeure, tel un village gaulois qui résiste à l'envahisseur.

Décrépitude et nouveau souffle

Il y a trois ans, les locaux vides se multipliaient. L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a toutefois mis les bouchées doubles pour tenter de redynamiser cette rue qui, au plus fort de sa gloire dans les années 1980, avait inspiré une chanson de Louise Forestier.

Déjà, de nouveaux commerces sont apparus avant même que la rue ne soit refaite. Le restaurant O.Noir a ouvert une succursale dans les locaux de l'ancien Tamales. Le défunt Mazurka a cédé la place à la Taqueria Arturo.

Olivier Robichaud

Après de multiples discussions avec la ville-centre, avec les commerçants et avec les services municipaux, l'arrondissement a finalement réussi à réaménager la rue pour participer à son second souffle. La nouvelle rue, avec ses terrasses centrales, sa place publique et ses espaces fleuris, a été inaugurée vendredi.

Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, s'est réjoui de la nouvelle allure de la rue Prince-Arthur.

«La démarche de consultation publique [...] a été amorcée il y a exactement deux ans. [...] Nous sommes très fiers du résultat, car nous constatons déjà que la rue est davantage fréquentée et que les gens qui étaient auparavant en transit s'arrêtent maintenant pour s'asseoir et profiter des magnifiques terrasses de nos commerçants. Le nouveau marché public et la généreuse programmation de danse mise en place par l'arrondissement contribuent également à l'animation de la rue», affirme M. Ferrandez.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, devait participer à l'inauguration de vendredi. Il ne s'est toutefois pas présenté.

Le matin même, M. Ferrandez a publié une tirade sur Facebook, fustigeant M. Coderre pour son bilan en matière de pistes cyclables.

Un plan attrayant

Les commentaires des commerçants de la rue Prince-Arthur sont mitigés. La plupart préfèrent attendre l'été prochain avant de conclure au succès ou à la faillite du nouvel aménagement.

Certains d'entre eux affirment toutefois avoir choisi Prince-Arthur spécifiquement à cause du réaménagement planifié. C'est le cas de Frank Neuman, premier commerçant à s'installer sur la rue depuis la fin des travaux avec l'ouverture du Café 45.

«Je voyais le potentiel. J'ai vu que c'est entre Saint-Denis et Saint-Laurent, avec des investissements de 3-4 millions je me suis dit que ça sera extraordinaire. C'est le centre de Montréal», affirme M. Neuman.

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Jason Joyal, propriétaire de la Taqueria Arturo, avait également vu d'un bon œil la possibilité d'avoir des terrasses au milieu de la rue. Il a toutefois eu la malchance de se trouver à l'endroit où l'arrondissement a choisi de mettre une place publique plutôt que des terrasses.

M. Joyal souhaiterait pouvoir y installer des chaises en dehors des heures planifiées pour les activités culturelles.

«La place publique est utilisée, quoi, 10 heures par semaine? S'il y a un 5 à 7, pourquoi je ne pourrais pas installer une terrasse après 7h?», lance-t-il.

Du côté de la Casa Grecque, un employé nommé George affirme que le nouvel aménagement améliore la situation de son établissement. L'adaptation a toutefois été difficile au départ.

Accessible, la rue Prince-Arthur?

La conseillère municipale Marie-Christine Gosselin, présentée par M. Ferrandez comme «la mère de Prince-Arthur», a vanté l'aspect accessible du nouvel aménagement. Avec ses terrasses entièrement accessibles en fauteuil roulant, la rue serait «la plus accessible de Montréal», selon Mme Gosselin.

Linda Gauthier, ex-présidente du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ) qui s'est récemment déclarée comme candidate dans le Plateau pour le maire Denis Coderre, voit cela d'un autre œil.

«Les terrasses sont accessibles, d'accord. Mais on fait quoi en hiver? Je vois des marches partout pour rentrer à l'intérieur des commerces», souligne-t-elle.

Mme Gauthier estime qu'une partie du budget aurait dû être transféré aux commerçants pour qu'ils installent des rampes et d'autres mesures d'accessibilité. Par le passé, elle a souvent mobilisé le RAPLIQ contre des commerces et des institutions qui n'étaient pas accessibles.

Le projet de réaménagement de la rue Prince-Arthur, un legs du 375 anniversaire de Montréal, a coûté 3,8 M$.

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