Il n'est pas venu. Elon Musk n'a pas fait le voyage de Francfort, et Tesla n'expose pas ses modèles au salon de l'auto d'Outre-Rhin, rendez-vous européen de l'automobile cet automne qui ferme ses portes le 24 septembre. Une absence prudente, car si le tycoon de Palo Alto avait fait le déplacement allemand, il aurait pu passer quelques nuits blanches. C'est que l'ensemble des constructeurs mondiaux en général, et germaniques en particuliers, semblent ligués contre lui. C'est plus qu'une démonstration de force de leurs capacités à fabriquer des autos électriques aussi performantes que l'Américain, c'est le basculement tout entier d'une industrie vieille de plus d'un siècle qui est en train de s'opérer sur les bords du Main. Un déploiement qui risque de faire passer la marque américaine au rang de figurant d'un genre dont elle se voulait pionnière.
Le concept Audi Aicon
Évidemment, les constructeurs allemands ne rêvent pas de détrôner Elon Musk de son trône nuit et jours, mais, entre la baisse moyenne de C02 à 95g/km imposée par Bruxelles en 2020, les crises à répétition du diesel et l'entente cordiale et en douce dont ils sont soupçonnés, le passage à la propulsion électrique est devenu pour eux un passage obligé. Et ils y ont mis leur énorme force de frappe en matière de recherche et développement contre laquelle Tesla ne peut pas grand chose. Et le résultat, en partie visible au salon, est d'ors et déjà annoncé : le groupe VW (Volkswagen, Audi, Skoda et Seat) annonce 20 modèles d'ici 3 ans, et frappe directement au cœur d'Elon Musk avec un concept-car de grande berline (comme la Tesla Model S) plutôt luxueuse (comme la Tesla Model S) et plutôt équipée d'une grosse autonomie (comme la Tesla Model S). Un domaine ou l'Audi Aicon (pas franchement le nom le plus judicieux) fait encore plus fort que sa rivale puisqu'elle revendique 800km sans recharger au lieu des 400 d'une Tesla.
Mercedes Concept A
Chez BMW on s'en prend aussi directement à l'Américain avec une berline toujours, baptisée I-next. Elle doit être commercialisée en 20121 et fait parti d'un programme de 12 voitures électriques made in Munich. L'allemand a conservé une part de son gâteau à watts pour sa filiale Mini en dévoilant un modèle qui reprend les éléments mécaniques de la BMW I3 : un moteur de 170ch et 300km d'autonomie. Devant ce déferlement, Mercedes ne pouvait pas rester les bras croisés. L'étoile de Stuttgart annonce carrément la création d'une nouvelle marque dédiée au genre. EQ, c'est son nom, proposera 10 voitures électriques en 2022, et expose un premier modèle au salon, la compacte « Concept A », d'une ligne aussi classique que son nom.
La Honda Urban EV Concept
Mais les allemands ne semblent pas les seuls à vouloir la peau d'Elon Musk. Le groupe coréen Hyundai – Kia l'a déjà prouvé de fort belle manière avec sa Ionic déjà commercialisée et propose à Francfort une déclinaison de la même architecture avec le Concept Kia Pro'Ceed. Du côté du Japon, même offensive électrique chez Honda qui revisite ses classiques avec l'Urban EV Concept qui sera sur nos routes dès 2019. Sa ligne craquante est directement inspirée d'une petite Honda des années 60. Revisiter l'histoire semble également le jeu à la mode en Angleterre ou Jaguar a tout simplement repris sa Type E mythique pour la transformer en voiture zéro émissions. Une manière comme une autre d'oublier un siècle de moteur à explosion et de se projeter dans un autre siècle de moteur électrique?
Jaguar Type E - EV
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