C'est à l'été 2012 qu'il a eu le déclic. Trois mois après son élection, son déplacement aux Jeux Olympiques de Londres pour soutenir les athlètes français a été le détonateur de l'engagement de François Hollande en faveur d'une candidature de Paris pour l'édition de 2024.
Cinq ans plus tard, cette perspective est devenue une réalité. Après les échecs aux candidatures pour 1992 (Barcelone), 2008 (Pékin) et 2012 (Londres), Paris a été désignée ce mercredi soir à Lima en même temps que Los Angeles a hérité de ceux de 2028. Cela procure à l'ancien président de la République "une immense fierté" dont il fait part au HuffPost.
Dans cet entretien, il revient sur la genèse de la candidature et les défis qu'il reste à relever d'ici au 2 août 2024. Ce jour-là, "si tout va bien", François Hollande sera dans les tribunes du Stade de France pour assister à la cérémonie d'ouverture.
Que ressentez-vous en sachant que les Jeux Olympiques reviennent à Paris 100 ans après ceux de 1924?
Je ressens de la fierté, mais aussi une certaine impatience. 100 ans c'est long comme attente! C'est une aventure extraordinaire, et une chance pour plusieurs générations!
A quel moment vous êtes-vous dit qu'il fallait que les Jeux reviennent à Paris?
En étiez-vous convaincu à votre arrivée à l'Élysée en mai 2012?
J'étais conscient que l'opportunité existait, mais que nous ne pouvions la saisir qu'en mettant toutes les chances de notre côté. Je n'étais pas encore convaincu de cette candidature quand je me suis rendu à Londres, quelques semaines après mon élection en août 2012. J'ai vu le bonheur des spectateurs, l'ambiance dans toute l'Angleterre et la transformation des quartiers londoniens qui accueillaient le parc olympique, le village, le "média center"... C'est là qu'il m'a semblé légitime de se reposer la question: est-il imaginable et surtout raisonnable de déposer une candidature pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024?
Je connaissais le traumatisme de l'échec de 2005, pour les sportifs comme pour les responsables politiques qui avaient mené cette campagne. J'ai donc proposé de lancer une étude d'opportunités autour de ce grand projet en consultant le monde sportif, les acteurs économiques et bien sûr les élus de Paris. J'ai confié ce travail à Bernard Lapasset et à Tony Estanguet. Cette concertation a duré 2 ans et elle a montré qu'il pouvait s'agir d'un formidable élan fédérateur pour la France, pas seulement pour Paris.
À partir de ce moment-là, la balle était dans le camp du mouvement sportif et de la mairie de Paris qui seuls, étaient habilités à déposer une candidature. Ils devaient savoir alors que l'Etat jouerait tout son rôle et que je me mettais au service de cette organisation pour faire gagner la France.
Vous considérerez-vous donc, d'une certaine manière, comme le responsable de cette victoire?
Responsable, non. Artisan, sans aucun doute. C'est une immense fierté de voir que notre pays est capable de se dépasser et d'allier ses forces pour gagner!
Avez-vous redouté, particulièrement en 2014, qu'Anne Hidalgo décide de ne pas candidater?
Je vous ai parlé de la douleur de la déception de 2005. Anne Hidalgo l'a vécue directement, auprès de Bertrand Delanoë, à qui je rends hommage car il est aussi à l'origine du succès d'aujourd'hui. Je comprenais qu'il fallait la convaincre avec de bons arguments et qu'elle devait emporter l'adhésion du conseil de Paris. Elle devait procéder méthodiquement pour rassembler.
Mais si nous voulions réussir, il fallait mettre le mouvement sportif au premier rang. À cet égard je dois saluer le travail de Tony Estanguet, Bernard Lapasset et de tout le comité olympique Français, sous la houlette de Denis Masseglia (le président du Comité olympique et sportif français, ndlr).
En quoi l'organisation des JO à Paris peut-elle être profitable à La France?
Comment faire pour que le sport amateur en tire profit lui aussi?
C'est la clef d'une organisation réussie: elle doit bénéficier au plus grand nombre. Au-delà des infrastructures, les Jeux Olympiques et Paralympiques changeront profondément la relation des Français au sport et porteront toute une génération vers un engagement citoyen. Le véritable héritage de ces Jeux sera une ville accessible à tous, un nouveau modèle pour le sport français, mais aussi un puissant levier de réussite pour la jeunesse qui, dans sept ans sera au cœur de l'événement. L'éducation, la mixité, l'inclusion sociale et le développement durable constitueront la marque de ces Jeux de la Fraternité.
Ne craignez-vous que cela coûte énormément à la France comme les Jeux à Rio ont coûté au Brésil ou ceux d'Athènes ont fait du mal à la Grèce?
Il ne faut pas confondre investissement et démesure. La candidature a été conçue pour être ambitieuse mais responsable. Des investissements sont nécessaires, notamment pour la Seine-Saint-Denis qui bénéficiera d'une nouvelle accessibilité et pour le Grand Paris qui verra sa réalisation accélérée. La France a besoin de ces équipements.
On ne peut pas comparer les situations de Paris avec celle d'Athènes en 2004 ou de Rio en 2016. Et puis nous allons organiser des Jeux différents, modernes, participatifs et innovants. Lors de la COP 21, le CIO et son Président Thomas Bach ont été mes invités, parce qu'eux aussi savent qu'aujourd'hui, on ne peut organiser des Jeux avec le gigantisme des années passées. C'est aussi pour la qualité de cette démarche environnementale que le dossier de Paris a séduit. Parce qu'il correspond parfaitement au nouvel agenda et aux nouvelles exigences du CIO.
Les opposants dénoncent l'absence de consultation de la population comme ce fut le cas à Hambourg qui a renoncé en raison de l'hostilité des habitants. Craigniez-vous une opposition pour ne pas réclamer une telle consultation à Paris?
Les sondages effectués, notamment par le CIO ont montré une forte adhésion au projet. Évidemment, il est légitime qu'il y ait une opposition et que des personnes se posent des questions sur le coût ou la gêne occasionnée par l'événement. Mais le travail de Paris 2024 ne fait que commencer. La participation de la population fait partie des défis à relever.
Où serez-vous le jour de la cérémonie d'ouverture le 2 août 2024?
Si tout va bien, je serai au stade de France pour assister à ce moment historique.
Si vous ne deviez aller voir qu'une épreuve, laquelle serait-elle?
Ce serait le décathlon: la discipline la plus difficile, la plus complète et la plus longue.
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