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«Cordoba», le virage d’Hugo Mudie

«Je m’en fous un peu des styles, j’ai fait ce que je voulais.»
Jean-François Cyr

N'ayez crainte, la part punk en Hugo Mudie n'est pas morte. Le trentenaire montréalais qui se targue d'avoir créé 35 albums et EP (!) depuis 1999 a seulement décidé de faire autrement, cette fois. Sans partners, comme il le dit lui-même, le barbu tatoué à l'esprit vif et rebelle s'est lancé dans la production d'un album solo francophone plus accessible qu'à l'habitude, intitulé Cordoba. Rencontre dans un resto fastfood d'Hochelaga, l'un de ses préférés en ville.

À ne pas en douter, l'auteur-compositeur-interprète et cofondateur du Pouzza Fest trempe toujours dans le punk. Certes, le groupe The Saint Catherines n'existe plus, mais son festival offre une place de choix au genre artistique. Puis, on ne peut pas retirer aussi facilement les globules punk de son sang. Comment expliquer alors cette volte-face pour un son plus accessible? Pourquoi, d'ailleurs, devoir légitimer un disque plus pop? Probablement parce que les gens ont leurs habitudes, tout simplement. Probablement parce qu'ils aiment bien les étiquettes, les cases. Probablement parce qu'ils lui poseront souvent ces questions. Probablement que le principal intéressé n'en a rien à branler... Quoique.

Dans un texte qui présente le nouvel album Cordoba, un passage évoque justement quelques raisons qui ont motivé ce changement esthétique musical.

«Inspiré par Wavves, Beach House, Kanye West et les Beastie Boys. Aussi par les progénitures lui procurant la science infuse de l'adoration et de l'amour. Nonobstant, le doute et la douce perte de soi donnent la force d'âme pour la création et l'écriture. C'est peut-être de remplacer un longboard par une Cordoba '74. Chose certaine; ton ignorance pis ton amertume nourrissent continuellement l'infatigable tête créative. C'est ce qui remplit les portées musicales écrites et effacées dans ce sous-sol d'Hochelaga. Ça ne ferait pas de mal à un seul consommateur de changer de répertoire, de changer de poste pis de changer de draps. Les draps sont surement pleins de miettes de Doritos, anyway. Du 360 degrés, c'est ce que les consommateurs recherchent. En photo, vidéo, en business, pis dans leurs couvertes. Exposer son majeur en 360 degrés devant ce marché aux puces bondées de mineurs abouliques.»

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De toute façon, le punk n'a jamais été la seule vérité pour Mudie. Mentionnons qu'il a aussi été chanteur pour des groupes folk comme Yesterday's Ring et Miracles. C'est juste que rien n'est éternel. Quand nous lui demandons si Miracles est mort, il répond en riant «j'imagine, je ne le sais pas vraiment».

Ainsi, Cordoba serait une affaire de circonstances. Le résultat de la nécessité d'écrire et de composer. Pendant que ses enfants – Violette et Milan – mangent pizza et frites à la table à côté, le papa cool raconte en effet qu'il n'a pas envie d'attendre les autres (il est aussi chroniqueur pour Urbania et Radio-Canada, en plus de collaborer à l'occasion avec Vice Québec). Il faut comprendre ici que le groupe Miracles, qui n'est peut-être pas enterré, n'avait pas d'éventuel projet pour 2017.

«Il faut jamais dire jamais. J'ai fait trois retours avec The Sainte Catherines! Je n'ai pas honte de rien. Je continue, c'est tout. Je reviens même d'une tournée en Angleterre avec un band que j'ai créé là-bas. Ça s'appelle Medictation. Mon groupe britannique préféré, Leatherface (formé en 1988, à Sunderland, cette formation culte fait du punk rock mélodique), a perdu un de ses membres. Il est mort (il fait référence au guitariste Dickie Hammond)... Bref, j'ai fait un band avec eux. Je chante.»

Mudie

Le nouveau projet d'Hugo Mudie porte simplement son nom de famille, parce qu'en fin de compte, celui-ci voulait prendre le plein contrôle de son bolide. «Je me suis dit que c'était le temps d'arrêter de mêler le monde. En ayant mon propre projet, je fais ce que je veux, tout en m'entourant de qui je veux. Je ferai un prochain album pop, indie ou reggae, si j'en ai envie. J'ai comme le sentiment de recommencer à zéro, même si ce n'est pas le cas.»

Le musicien-chanteur a enregistré l'album au studio montréalais d'Adrian Popovich, Mountain City. «Popovich avait déjà fait un disque avec We Are Wolves. J'avais aussi travaillé avec lui. Quand Alex Ortiz (le chanteur et musicien du groupe montréalais We Are Wolves a réalisé Cordoba) et moi avons parlé d'un studio, son nom est sorti assez vite. C'était un choix parfait. Nous avons tous les trois différents backgrounds, mais beaucoup de points en commun. Autant le rap que le punk. On avait même souvent des références semblables pour la musique électro.»

L'important, selon Mudie, c'était l'ouverture d'esprit de chacun.

«Je m'en fous un peu des styles. J'ai fait ce que je voulais, d'autant plus que je n'ai plus de band. Il y a même une toune rap sur le disque, Je suis à l'infini. J'avais une passe Drake, Chance the Rapper, Kanye West... Je voulais juste faire un morceau différent, jazzy, avec un beat et de la programmation. À part la trompette (jouée par Nicolas Boulay), je n'ai pas mis d'instrument.

«D'autres personnes sont venues comme ça collaborer à l'album. On a ensuite essayé que ça fasse du sens. Ça fait pas tant de sens que ça, finalement... mais oui. Ce que je veux dire, c'est que ce sont des tableaux qu'on a mis ensemble. Ça fait l'effet shuffle, disons.»

Tofu Dogs et Ferme ta radio (Mudie a créé seul ces chansons) sont des pièces que l'on peut aisément associer à Hugo Mudie. Les sonorités sont punk rock. Quant au tube Livre d'or (qui joue passablement sur les ondes radio commerciales depuis quelques mois) et Sirènes, ce registre électro-pop-rock a définitivement été moins exploité par Mudie. La balade Le temps va s'arrêter, avec son effet de réverbération dans la voix, est également une surprise. «Quand j'ai composé cette toune-là (Ariane Zita livre des chœurs), c'était à la base assez folk, à la Bob Dylan. Finalement, elle a viré keyboard et vocoder, l'effet que bien du monde utilise pour la voix en rap.»

Électro, folk, rap, rock, punk, pop... Cordoba est bien garni. Un album à l'image d'Hugo Mudie, qui n'en a rien à cirer des étiquettes, en musique comme dans tout le reste.

Ah oui. Pour ceux que ça intéresse, le titre de l'album Cordoba s'inspire de cette marque de voiture de luxe, style Cadillac, produite dans les années 1970.

Hugo Mudie a déjà proposé le spectacle une dizaine de fois. Généralement, il est accompagné sur scène de Julien Blais (batterie), Renaud Bastien (basse), Raphaël Bussières (guitare) et Nicolas Gaudreault (clavier).

Dans le cadre du Festival Pop Montréal, il offrira un spectacle-lancement le 14 septembre, à la galerie d'art Station 16, vers 17 h.

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