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Aide sociale aux demandeurs d'asile: le Québec a-t-il les moyens?

Une grande opération s'organise pour distribuer des chèques d'aide sociale à des milliers de demandeurs d'asile.
GEOFF ROBINS via Getty Images

Les chefs des deux principaux partis d'opposition à Québec se sont questionnés, jeudi, quant à la capacité financière des Québécois de fournir l'aide sociale à quelque 4000 demandeurs d'asile qui ont récemment traversé la frontière.

«Le gouvernement nous dit qu'il est incapable de donner un deuxième bain dans les CHSLD et ça coûte 30 millions $. Alors combien ça va coûter 8, 10, 15 000 demandeurs d'asile qui restent au Québec pendant trois ans? C'est sûr que c'est plus que 30 millions», a déclaré le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale, jeudi.

«Est-ce qu'on a collectivement les moyens? Oui, on a budget de 100 milliards, mais pour l'instant le gouvernement nous dit qu'on n'a pas les moyens de donner un deuxième bain», a-t-il poursuivi.

Une grande opération s'organise pour distribuer des chèques d'aide sociale à des milliers de demandeurs d'asile, pour la plupart des Haïtiens, qui ont récemment traversé la frontière près de Lacolle, au Québec.

Des fonctionnaires seront déployés la semaine prochaine au Palais des congrès de Montréal pour remettre aux personnes concernées les chèques qui leur sont destinés.

L'opération, qui s'étalera sur trois jours, soit du 30 août au 1er septembre, vise à fournir aux demandeurs d'asile un montant de base de 623 $ par mois en plus d'un ajustement au pro rata, qui dépend de leur état conjugal et situation familiale. Par exemple, une personne seule aura droit à 14,92 $ de plus par mois, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Le ministère prévoit verser environ 2,5 millions $ en prestations d'aide sociale à ces demandeurs d'asile, et ce, uniquement pour le mois de septembre.

Mais ils devront d'abord subir un «test de revenus», a affirmé jeudi le ministre de l'Emploi, François Blais, en mêlée de presse à Québec, afin de déterminer s'ils auront partiellement ou complètement droit à l'aide sociale.

«Le Québec a des responsabilités en matière d'immigration», a-t-il renchéri, en citant des ententes internationales et un décret provincial datant de 1996 sur la façon dont on doit traiter les demandeurs d'asile. «Maintenant qu'ils reçoivent l'aide sociale, ils peuvent louer un appartement, ils vont sortir de l'hébergement temporaire, ce qui est une bonne chose parce que l'hébergement temporaire est assez coûteux», a-t-il maintenu.

Les demandeurs d'asile, une fois pris en charge par l'État, sont admissibles à l'aide de dernier recours jusqu'à ce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié se soit prononcée sur leur cas.

Qualifiant la situation actuelle «d'exceptionnelle», le ministre n'a pas exclu de demander à Ottawa de rembourser une partie des dépenses. Par contre, il n'y a pas encore eu de discussions formelles à cet égard, a-t-il dit.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a pour sa part réclamé du gouvernement fédéral qu'il accélère le traitement des dossiers.

«Plutôt que de chercher comment on peut les aider pendant des mois, des années, est-ce qu'on ne peut pas se concentrer à leur donner des réponses rapides», a-t-il demandé, avant d'ajouter: «L'incertitude (...) ce n'est pas bon pour eux, ce n'est pas bon pour nous.»

Mercredi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a dit étudier la possibilité de délivrer des permis de travail temporaires aux demandeurs d'asile, en attendant que leurs statuts soient déterminés.

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