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À la plage, les hommes aussi vivent (mal) l'épreuve du maillot de bain

Le ventre et les poignées d'amour, ennemis numéro 1 sur la serviette, trois trentenaires racontent.
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À la plage, les hommes aussi vivent (mal) l'épreuve du maillot de bain (Photo d'illustration)
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PLAGE - Les complexes n'ont pas de genre. En revanche, ils ont une saison préférée, l'été. Pendant quelques jours ou quelques semaines, sur le sable chaud des plages, ils font feu de tout bois. L'animateur et producteur télé Arthur racontait ainsi au Point en août 2017: "Sur la plage, je rentre mon ventre et passe la moitié de l'été en apnée à manger du quinoa."

Les hommes ne sont évidemment pas épargnés par "l'épreuve du maillot de bain" et ce malgré le succès à l'été 2015 du "dad bod", la bedaine des papa. Réseaux sociaux et Unes des magazines masculins, les hommes vivent aussi ce type de pression. L'objectif avant l'été est simple: avoir un "beach body", un corps "apte" à être exposé sur la plage. Autrement dit, un corps qui devrait cocher toutes les cases suivantes: athlétique, élancé, mince, bronzé et pas trop poilu.

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Vous n'aurez pas le ventre plat en dormant dessus! Alors allez vous entraîner! #teamshape Photo: @darwinshots

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Depuis quelques années, les meilleures ennemies de Florent, journaliste de 30 ans, portent le doux nom de "poignées d'amour". Après le 15 août, il partira en vacances au soleil avec toute sa bande pour fêter les 30 ans de plusieurs membres de son groupe d'amis. Pour se préparer à la piscine et à la plage, Florent n'a pas cherché à perfectionner son bronzage, il n'a pas écumé tous les magasins à la recherche du parfait maillot de bain. Il a, consciencieusement, depuis la mi-mai, commencé toutes ses journées par deux minutes de gainage, suivies de séries de tractions ou d'abdominaux... Et il a arrêté le pain le soir.

La prise de conscience a eu lieu quand ses copains l'on accusé "d'avoir abusé des restaurants parisiens". "J'étais super vexé", admet-il. Le trentenaire n'a rien d'un fan de bodybuilding dopé aux poudres protéinées, ni d'un homme obnubilé par son apparence physique. Jusqu'à présent, il se contentait très bien d'un foot hebdomadaire. "Longtemps j'ai été très maigre, j'avais même du mal à prendre du poids. La trentaine approchant, ma vie plus posée en couple, avec un travail stable, je suis comme un maigre avec du gras à certains endroits", critique-t-il non sans en rire.

"Je suis quasiment toujours le plus gros de toute la plage"

Max, du blog de mode masculine Comme un camion, interrogé par Le HuffPost, n'est pas un garçon très complexé. Il remarque cependant que les années aidant son corps change. L'idée de la plage apporte son lot d'inquiétudes, celles de la "blancheur absolue" de sa peau, de ses "petites poignées d'amour" qui se sont "confortablement installées" ou le fait de se tenir trop voûté sur la plage à cause de sa grande taille.

En ce sens, son choix de maillot de bain ne s'est pas fait par hasard. Son intérêt pour la mode l'a évidemment aidé dans son choix, mais tout est calculé pour que cette pièce phare de son dressing estival gomme, atténue et mette en valeur son corps. "Je fais en sorte que mon maillot ne soit pas trop serré à la taille pour ne pas qu'il comprime mes poignées d'amour, les mettant d'autant plus en évidence. Je m'arrange pour descendre la ceinture du maillot assez bas pour éviter cet effet 'saucissonné'. En terme de longueur je prends un short de bain qui m'arrive à mi-cuisse non moulant, n'ayant pas les jambes très musclées, ça dévoile le strict nécessaire. Pour les couleurs, j'évite les délires trop flashy qui pourraient renforcer le fait que je n'ai pas la peau très mate et qui me feraient ressembler à un gyrophare en plein milieu de la plage." Plutôt réfléchi comme choix, donc.

La plage est devenue un "concours physique amateur", remarque Mark Simpson, le journaliste anglais créateur du terme "métrosexuel" dans les années 90. "Pour beaucoup d'hommes, tout l'intérêt des vacances d'été, c'est d'avoir une échéance pour être au top de sa forme". Mais, comme pour les femmes, le diktat du "beach body" est remis en question par des hommes. C'est le cas par exemple de Pierre, français expatrié en Australie. Le trentenaire vit pourtant sur une île où "les gens sont souvent très en forme et où la plage est peuplée de beaux surfeurs aux corps parfaits", rappelle-t-il avant de préciser: "Je suis quasiment toujours le plus gros de toute la plage. J'en suis donc conscient mais je ne laisse plus cela gâcher ma vie."

"Il a pris du poids mais ça lui va super bien"

Si aujourd'hui, cela commence à ne plus être un problème, ce grand sportif a longtemps complexé sur ses bourrelets. "Je remarque que je suis de moins en moins complexé par mon ventre. Je perçois désormais le problème différemment, en terme plutôt de santé et de forme physique." Un avantage à vivre en Australie et qui l'aide à ne plus passer un mauvais moment en maillot. "Le soleil est très dangereux ici alors quand je vais à la plage, je porte toujours un tshirt et, avec ma compagne, nous préférons plutôt passer du temps à la montagne".

Sans surprise, ces trentenaires ne portent pas le même jugement sur les autres hommes. Ils sont beaucoup plus tolérants qu'avec eux-mêmes. Florent "envie" le physique et la décontraction d'un de ses meilleurs amis. "Il a pris du poids mais ça lui va super bien. Il est toujours super stylé dans son genre". La comparaison fait aussi naître des questions chez Max. "Je ne juge pas du tout les hommes plus enveloppés, s'ils se sentent bien dans leur peau c'est le principal. En les regardant je me dis d'ailleurs que je me prends la tête pour pas grand chose car ils n'ont pas l'air plus malheureux pour autant!"

Alors, pourquoi ne pas passer le cap? Cette injonction à s'affiner et se muscler avant l'été "est intériorisée comme une règle comportementale" rappelle Sophie Cheval, psychothérapeute spécialisée dans les souffrances liées à l'apparence physique. "Nous nous disons intérieurement: 'je vais me sentir mal parce que je n'aurai pas fait ce qu'on m'avait dit de faire. Je n'aurais pas perdu mes 3 kg avant le maillot!" Mais sur les réseaux sociaux, de plus en plus de personnes remettent en cause cette injonction. Si ce n'est pas pour cet été, ce sera peut-être pour le suivant.

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