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Les enlèvements d'enfants au Québec, dix ans après Cédrika

«La pire hantise pour les parents»
Radio-Canada

Ce lundi marque tristement, jour pour jour, les 10 années qui se sont écoulées depuis la disparition de Cédrika Provencher à Trois-Rivières. Si les cas d'enlèvements d'enfants par des étrangers comme celui de la petite Cédrika le 31 juillet 2007 font les manchettes à répétition et occupent beaucoup d'espace médiatique, ces crimes sont malgré tout assez rares, selon de récentes données de la GRC.

Le cas de Cédrika n'a pas connu de dénouement heureux et des ossements appartenant à la fillette ont été retrouvés par des chasseurs en décembre 2015, sans que personne ne soit encore arrêté dans cette affaire.

Mais aussi horribles que soient les disparitions d'enfants pour les parents, ils sont, heureusement, retrouvés dans la majorité des cas. Et généralement, assez rapidement: 59 pour cent des signalements d'enfants et de jeunes disparus ont été supprimés dans les 24 heures, et en moins d'une semaine dans 92 pour des cas, a noté la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour l'année 2016.

Au Québec, 31 bambins de 4 ans et moins ont été portés disparus en 2015, 33 en 2016 et sept en 2017 jusqu'à maintenant, selon les plus récents chiffres de la GRC. Tous les dossiers ont été fermés — ce qui signifie qu'ils ont été retrouvés vivants ou morts — sauf huit.

Dans ces données, la GRC ne fait pas distinction entre les enlèvements d'enfants par des parents ou par des étrangers, ou ceux qui se sont, par exemple, égarés en forêt ou qui font une fugue. Dans la grande majorité des cas, les kidnappeurs sont les parents, avise la force policière fédérale.

En ce qui concerne les enfants de 5 à 13 ans, ils sont plus nombreux à avoir été rapportés manquants: 545 ont été portés disparus au Québec en 2015, 428 en 2016 et 268 jusqu'à maintenant en 2017.

Seulement neuf sont toujours recherchés, soit moins d'un pour cent, toujours selon la force policière fédérale, qui a fourni ces chiffres en date du 11 juillet 2017. La GRC n'a pas recensé le nombre de cas avant 2014.

Chez les adolescents, le nombre de disparitions augmente de façon exponentielle, mais il s'agit surtout de cas de fugues. Par exemple, en 2015 seulement, il y a eu 6252 disparitions de jeunes de 14 à 17 ans au Québec. Ils ont tous été retrouvés, sauf trois.

Au pays, 108 enfants de moins de 14 ans — parmi ceux qui sont disparus entre 2014 et aujourd'hui — sont toujours recherchés.

De son côté, le Centre canadien de la protection de l'enfance (CCPE) a recensé depuis 40 ans les cas d'enlèvements d'enfants qui ont ensuite été assassinés.

Conclusion: 155 jeunes Canadiens de 16 ans et moins ont disparu de cette façon — et ont été retrouvés morts — entre 1970 et 2010. Parmi ceux-ci, 31 étaient de petits Québécois.

Le Centre a aussi analysé les circonstances de l'enlèvement des 155 enfants: 41 pour cent sont survenus l'été, 45 pour cent se sont produits un vendredi ou un samedi et dans 67 pour cent des cas, le bambin se rendait quelque part à pied ou en vélo, comme un parc ou chez un ami.

Selon la directrice générale du Réseau Enfants-Retour, Pina Arcamone, le nombre de disparitions d'enfants est plutôt stable depuis 30 ans. «L'enlèvement criminel demeure quand même un événement extrêmement rare, on parle de moins d'un pour cent de toutes les disparitions d'enfants ici au Québec et au Canada», dit-elle.

Et justement parce que c'est rare, cela attire beaucoup l'attention des gens, fait-elle valoir.

Mais ça reste un événement terrible, dit-elle, «et la pire hantise pour les parents».

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Pas de psychose sociale

Selon le psychologue clinicien Pierre Faubert, un enlèvement d'enfant comme celui de la petite Cédrika en 2007 crée un sentiment d'urgence, de peur et vide pour certains, même s'ils ne connaissent pas la famille du bambin disparu.

Surtout dans un cas pareil, où il n'y a pas eu de résolution de l'affaire criminelle, pas de funérailles publiques et pas d'arrestation.

«C'est un mystère non résolu et l'être humain est angoissé par l'inconnu», a expliqué l'expert en entrevue téléphonique. Car l'inconnu peut toujours être une menace.

Si certains parents vont changer leurs habitudes et surveilleront de plus près leurs enfants, ils ne le feront pas tous.

Mais si on rappelle fréquemment aux gens l'enlèvement d'un enfant, et son triste dénouement, ils pourront redevenir plus vigilants pendant un certain temps, croit-il.

Mais un tel événement n'affecte pas tout le monde et ne crée pas de panique ni de traumatisme généralisé chez la population, dit-il, pour bien expliquer la situation.

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